En 1988, le gros du Thrash était passé. Les cadors avaient parlé, les meilleurs albums étaient identifiés. Mais c’était encore la « mode ». Des salles de concert remplis, des albums qui se vendent par paquet de 32 et toute une armée de bracelets à clous, de cheveux longs et sales qui « osmosent » osmose avec des riffs velus et des types qui braillent fort dans le micro. Contexte favorable pour qu’apparaisse une horde de jeunes loups tentant de rafler les quelques miettes du gâteau. Ces suiveurs post 1986 se comptent par dizaine de dizaine, sont plus ou moins motivés, plus ou moins talentueux. A l’époque, la « recette » semblait simple : trois louches de METALLICA, du riff rapide, un chanteur qui braille, un batteur sachant à peu près manier la double et roulez jeunesse.

Kill to Survive respire tout cela. MELIAH RAGE débarque avec cet album aussi inventif que l’eau tiède, le fil à couper le beurre, voire même la capote à réservoir. On copie donc le standard de l’époque[1] tout en distillant ses petites nuances : des riffs Heavy, une voix rageuse, batterie véloce, accélération en tous genres… Le tout en 40 petites minutes avec plein de solos, un titre instrumental et une pochette moche. C’est le « package » Thrash règlementaire de l’époque.

Heureusement, il y a un truc. Une toute petite nuance qui hisse le groupe un peu plus haut que les autres. Cette « particularité » c’est… Du calme, j’y viens. Eh oh doucement, je ne crois pas que vous parliez comme ça à votre écrivain préféré quand il ménage un peu son suspens. Les gens sont si pressés de nos jours… Tenez l’autre fois par exemple, j’étais dans le RER et une vieille m’a bousculé pour choper son métro. Résultat des courses, j’ai renversé ma bouteille de rouge par terre. Ok, j’arrête, c’est pas drôle. L’air de rien, j’ai presque réussi à faire un paragraphe.

MELIAH RAGE a un truc « manowarien » dans l’âme. Si globalement, Kill to Survive est ouvertement Thrash[2], les quelques relents Heavy que l’on perçoit nous renvoient du côté de Joey DE MAIO, ce qui donne une coloration intéressante au groupe. Même si ça tabasse gentiment sans en vouloir à la terre entière (quoique…[3]), suffit d’écouter l’ouverture ("Beginning of the End"), dont le riff rappelle vaguement “2 minutes to midnight” de MAIDEN, pour mesurer toute l’ambivalence du registre.

Très Thrash et un peu Heavy. Mais parfois plus Heavy que Thrash. Ça dépend des moments.

Evidemment, les riffs sont un peu convenus mais efficaces. Il y a quelques longueurs mais des passages bien jouissifs. Les compos sont linéaires mais plaisantes. Et ainsi de suite. Sans briller, MELIAH RAGE remplit son contrat.

Il était écrit quelque part dans un grand livre cosmique que MELIAH RAGE ne passerait pas à la postérité. Même avec un peu plus de talent et la persévérance d’un OVERKILL, ça l’aurait pas fait. L’absence globale d’originalité font de Kill to Survive un album typique de son époque, parfaitement oubliable. Faire un truc « sympa » n’est pas suffisant, faut avoir la rage, avoir envie de tuer tout. De tout tuer pour survivre, justement.

N’ayant ni les qualités de ses aînés, ni la personnalité nécessaire ; l’auditeur finit inévitablement par se faire un peu chier passé la première moitié de l’album. Ce qui n’est pas bon signe. Kill to Survive redevient alors ce qu’il est : un bon album de Thrash sans originalité. Mais un album valable quand même.

Moi, ça me suffit. Et vous ?


Note : un infinitésimale infinitésimal 3/5 parce que j’aime bien le Thrash.


Morceau préféré : Impaling Doom
Ça ça vaut le coup d’oreille : Meliah Rage (instru Thrash bien typique)



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[1] METALLICA, bien entendu. Qui d’autre ?
[2] Thrash Old School hein.
[3] Un « Impaling Doom » n’a rien à envier à la violence du Thrash d’EXODUS par exemple.