Il n’est pas évident de jouer une musique aussi peu originale que celle de NOCTURNAL GRAVES. Parce que s’extraire de la masse médiocre d’artistes qui la pratiquent et s'élever suffisamment haut pour se faire remarquer est une galère. Encore plus lorsque l’on vient d’un pays dont c’est la spécialité. L’Australie est, en effet, devenue en deux décennies une pépinière de formations de Black/Thrash portant le Malin au pinacle. Un Diable alcoolisé et qui a le headbanging facile. Mais un Diable un peu fainéant aussi, qui n’encourage pas forcément ses dévots à se sortir les doigts du luc. Comme il aime l’anal, finalement, ça se comprend.

Il n’est donc pas évident non plus d’en chroniquer, du Black/Thrash de cet acabit. Comment dire autrement ce qu’on a pu exprimer ailleurs, à propos d’autres albums et d’autres groupes concurrents ? Heureusement, NOCTURNAL GRAVES nous épargne cette difficulté. Mais "Satan’s Cross" est passé à un poil pubien d'être fondu dans la masse des sorties du genre. Une masse informe et putrescente dont ce qui mérite d’être sauvé dépasse souvent à peine de la surface. Ce qui sauve le combo de Nuclear Exterminator, c’est son niveau musical, d’abord, et le respect de ses aînés ensuite. Ceux qui ont permis au Black/Thrash de ce genre de pouvoir être dénommé ainsi. Black. Thrash. La chronique principale d’Oncleguud cite déjà les aînés en question, alors je ne vais pas vous les énumérer.

Je parlerai donc uniquement musique. Car elle est plus variée et plus subtile qu’elle n’en a l’air au premier abord. "Whore Of Sodom", par exemple, met en valeur la basse, instrument phallique et sensuel par excellence, comme aucun autre morceau sur l’album, et comme assez peu de groupes du genre à mon goût, eux trop souvent focalisés sur les guitares et la batterie. Et ce titre est l’un de ceux qui permet à "Satan’s Cross" de se hisser jusqu'aux trois étoiles. Aux côtés de "When The Demons Feast", notamment, qui respire le Thrash Bay Area par son côté hyper speed, et par le côté furibard de son solo de guitare. Ainsi que du très Heavy, presque VENOMien "The Pestilence Crucified", qui permet d'apprécier pleinement les racines du Black/Thrash joué par NOCTURNAL GRAVES.

Pour le reste, NOCTURNAL GRAVES blasphème à tout va sur des tempi pas si monotones que cela. Le groupe apprécie de varier les rythmes sur lesquels il vomit sa haine, à défaut d’offrir des rythmiques complexes. Là n’est pas son job, de toute façon. Droit au but mais avec style, c’est le credo du quartette et, franchement, c'est suffisant pour un premier album dans le genre. Gare à la suite, en revanche : s’ils nous servent le même ragoût, juste réchauffé, au menu du second album, ça sentira le roussi pour nos irrévérencieux Aussies (association de termes qui constitue un vrai pléonasme pour qui connaît le caractère du peuple Down Under).