Pas évident de poser ses petits doigts boudinés sur ce JUDAS et d’essayer de faire preuve d’un peu de recul, de se rendre compte que non, ce n’est pas le disque le plus génial depuis l’invention du microsillon et que l’expression « la montagne qui accouche d’une souris » lui sied à merveille. Le PRIEST a eu les yeux plus gros que le ventre.
Le premier défaut se situe au niveau des arrangements. On nous avait promis des fioritures orchestrales fouillées. Walou. On doit se contenter de synthés rejouant la mélodie principale du titre, et ce à chaque fois. C’est étonnant de paresse.
Le deuxième écueil tient dans la structure même du disque : JUDAS a choisi de jouer l’alternance « interlude mignon – chanson proprement dite », et même si lesdits interludes sont jolis comme tout, ils finissent par casser le rythme et alourdir considérablement un bouzin qui traîne un peu la patte, la grande majorité des titres étant des mid-tempo un poil longuets.
La réussite de Nostradamus tient en deux mots : Rob Halford. On le savait déjà, c’est un immense chanteur, mais là… C’est au-delà des mots, il est sublime. C’est sa meilleure performance, il déploie une variété de registres stupéfiante, est littéralement habité et fait passer toute une palette d’émotions, au point de transcender des titres faibles (« New Beginnings »).
Alors tant pis. Tant pis si les riffs ne sont pas transcendants, si les soli laissent un peu à désirer, si la batterie se cantonne au minimum syndical et si l’album manque sérieusement de mordant. L’émotion, elle, passe à merveille. Et au final, l'album serre les tripes. Merci Rob.