La reformation du BLACK SABBATH de l'ère DIO a contribué, contre toute attente, à ressusciter un groupe que tout le monde s'accordait à reconnaître moribond depuis la réunion foireuse avec OSBOURNE. Qui aurait pu imaginer un seul instant que le farfadet Ronnie allait insuffler une nouvelle âme au combo qui l'a propulsé sur le devant de la scène après avoir emprunté avec brio le tremplin RAINBOW ? "The Dio Years" n'est qu'une mise en point, un premier jalon, un cahier de révisions, en quelque sorte, destiné à s'attaquer à ce qui sera le gros morceau de cette reformation, à savoir la fondation du groupe HEAVEN & HELL quelques mois plus tard.

En attendant, cette compilation fait plus office de best-of remastérisé qu'autre chose. Mais quel best-of nous avons là mes avis, une sacrée tranche de virtuosité oserais-je même dire ! C'est pas compliqué, la production a pioché le meilleur de "Heaven And Hell", le meilleur de "Mob Rules" et une partie du meilleur de "Dehumanizer", pour offrir à nos esgourdes ébahies la fine fleur du Heavy Metal traditionnel. Admirateur de DIO devant l'éternel et détracteur de la période OSBOURNE à mes heures perdues, je ne peux bien évidemment qu'apprécier avec une jouissance non dissimulée pareille débauche d'esprit artistique. Je pourrais éventuellement déplorer l'absence des titres "Computer God" ou "Letters From Earth" mais qu'importe, l'essentiel est là ; on a droit qu'à du très bon du début à la fin.

Dommage toutefois que le cultissime "Children Of The Sea" soit ici proposé en version live. La performance est certes très correcte, mais il eut été préférable de bénéficier des sonorités studio dans leur version rénovée de ce magnifique morceau de bravoure vocale. Pour ce qui est des nouveaux titres, c'est un presque sans faute : les excellents "The Devil Cried" et "Shadow Of The Wind", aux dantesques relents doomiens, laissaient habilement entrevoir ce qu'allait être le son de l'album "The Devil You Know", avec le sens du sinistre et du pesant qu'on lui connaîtra par la suite. Dommage que l'épilogue, "Ear In The Wall", s'inscrive plutôt dans la démarche d'un Heavy Metal plus fade et aseptisé. Mais ce n'est qu'une insignifiante ombre au tableau. Si vous ne connaissez pas encore le SAB' des années DIO, cette compilation est faite pour vous, et vous n'avez maintenant plus aucune excuse pour passer à côté d'une expérience aussi essentielle dans l'histoire du Heavy Metal.