Déjà une pochette verte. La couleur de l'absinthe ne doit pour autant pas vous tromper quant au contenu : "Thornography" est très loin de "Damnation And A Day", disque-concept passionnant où le Black de Dani et ses sbires n'avait jamais mieux mérité son qualificatif symphonique. Poursuivant le dégraissement entamé sur "Nymphetamine", le déjà septième opus longue-durée des Anglais reste un album à part.

Pour ceux qui en doutaient encore, CRADLE OF FILTH est fortement marqué par le Heavy Metal, ce que "Nymphetamine" a fait plus concrètement apparaître. Ici la base de la musique n'est absolument plus extrême, l'ossature des compositions étant clairement Heavy, alambiqué certes, mais Heavy. Et encore on pourrait trouver à redire sur ce point car la complexité légendaire de CRADLE OF FILTH laisse place à des compositions plus directes, avec des refrains quasi-radiophoniques où Dani se risque régulièrement au chant clair ("Tonight In Flames", "Fœtus Of A New Day Kicking" pour les plus parlantes) avec une certaine réussite. Et ce, sans compter sur les chœurs transis de Ville Valo sur "The Byronic Man".

Sacrilège diront les fans, qui globalement ont toujours boudé ce disque, que je redécouvre avec plaisir bien des années plus tard, et qui me confirme mon impression du départ : "Thornography" est vraiment un bon petit album, le plus digeste depuis "Midian" et jusqu'à "Hammer Of The Witches". Un disque que j'ai au final plus de facilité à ressortir que son prédécesseur et son successeur.

La facette extrême n'a pour autant pas disparu sur "Thornography", même si elle devient minoritaire, les cris écorchés et autres borborygmes dont Dani a le secret sont de la partie, de même que ces riffs parfois tordus (ce pont MORBID ANGEL-esque sur "I Am The Thorn", peut-être bien le meilleur titre de l'album au passage, et le plus extrême en tout état de cause). Le blast brille en revanche par son absence, et Adrian Erlandsson a pour une fois la partie moins rude pour ce qui sera son dernier album avec CRADLE OF FILTH, Marthus débarquant avec sa machine à violenter les caisses claires en 2008 après, pour l'anecdote, s'être fait remarquer avec son groupe SYMPHONITY qui pratique… Le Power Metal !