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THRASH FATIGUé  |  STUDIO

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EXODUS - Force Of Habit (1992)
Par DARK BEAGLE le 31 Décembre 2021          Consultée 959 fois

Le voilà donc, l’album mal-aimé d’EXODUS. Celui qui conduira à un split peu de temps après, avant le retour en fanfare que l’on sait. Et je ne vais pas vraiment le défendre, mais je ne vais pas tirer à vue non plus, il possède de nombreuses qualités pour autant de défauts. Il faut dire qu’en 1992, la situation du Thrash n’est pas très confortable. À dire vrai, le genre n’existe quasiment plus. METALLICA a changé la donne avec son album éponyme et beaucoup ont suivi (MEGADETH, TESTAMENT), faisant du Heavy Metal leur nouveau fer de lance. En Allemagne, KREATOR publiait un "Renewal" déstabilisant, qui le voyait emprunter de nouvelles directions. Au Canada, c’est VOIVOD qui avait surpris son monde avec un "Angel Rat" très subtil tandis que ANNIHILATOR allait lui aussi visiter des sphères plus Heavy. La puissance du Death avait fait du Thrash un genre has been et son renouveau passait par SEPULTURA au Brésil, qui commençait à métisser son propos, ou par PANTERA, qui proposait sa vision du style avec son Groove Metal.

EXODUS va commettre deux erreurs majeures avec "Force Of Habit" (trois, en comptant la pochette). La première c’est de profiter de l’espace alloué par le support CD pour le charger jusqu’à la gueule (et les versions postérieures sont pires puisqu’elles proposent des titres supplémentaires). Forcément, cela crée du remplissage et même si tout aurait été de qualité exemplaire, cela aurait été beaucoup trop long pour ne pas devenir lassant à un moment ou un autre. La seconde est de proposer un album trop produit, ce qui gomme une bonne partie de l’agressivité naturelle du groupe. C’est simple, le résultat est bien trop lisse, comme si Chris Tsangarides (décidément, l’après "Painkiller" n’est pas facile pour lui niveau prod) avait cherché à trouver un compromis entre le Thrash d’EXODUS et un son à la METALLICA version "Black Album". Le point positif de la production est qu’elle met bien en valeur les soli. Le gros point négatif, outre le côté mou du genou qui en ressort ? La voix de Souza, très en avant, est assez insupportable à la longue. Au bout de cinquante minutes, la tentation de crier grâce se fait de plus en plus impérieuse.

Après, il y a le cas des reprises. Nous avons déjà vu que sur "Fabulous Disaster", elle(s) n’apportai(en)t pas grand-chose. Là, le "Bitch" des ROLLING STONES et le "Pump It Up" d’Elvis COSTELLO sont clairement du remplissage inutile, elles n’apportent vraiment rien de plus à l’ensemble. Ensuite, certains morceaux ne décollent pas vraiment, un peu comme "Thorn In My Side", titre d’ouverture un peu trop quelconque et qui surtout met déjà en avant le lissage du son d’EXODUS sur ce disque. Couplé à une durée excessive, vous avez déjà pas mal d’éléments en mains pour comprendre pourquoi ce disque est pointé du doigt par de nombreux fans du groupe. Mais le mettre au pilori purement et simplement n’est pas non plus la meilleure des options parce que cet album renferme quelques très bons moments.

Et le plus jouissif de tous, c’est très certainement cet "Architect Of Pain". Onze minutes au compteur, mais durant lesquelles on ne s’ennuie jamais. Holt livre là une pièce très ambitieuse et parfaitement maîtrisée, ce qui permet d’enchaîner avec un autre point fort de ce disque : la qualité des soli. Et ils sont particulièrement bons sur ce disque. C’est con, la production nuit aux compositions, mais elle met en lumière les passes d’armes de Holt et Hunolt et nous ne pouvons que nous incliner et applaudir ces duettistes qui rivalisent sans problème avec ceux de MEGADETH (ANTHRAX, SLAYER et soyons fous, même METALLICA sont moins bons à cet exercice). Ici, ils sont inspirés, tranchants, mélodiques, parfois un peu arides, mais jamais ils ne semblent être là par hasard, jetés en pâture à des fans qui les attendent la gueule ouverte. Et ils sont souvent ce qui va sauver un morceau du marasme dans lequel il s’enfonce. Après, il y a de vrais bons morceaux sur ce disque, hein, comme "Me, Myself And I" ou encore "Fuel For The Fire". Mais vous imaginez l’album plus court et avec une prod plus rugueuse, ce serait encore mieux.

Pas de réhabilitation de "Force Of Habit" de mon côté donc, mais un peu plus d’indulgence que le Coin-Coin. Je préfère même m’attarder sur celui-ci que sur "Impact Is Imminent", pour dire, mais ce ne sont de toute façon pas les deux albums d’EXODUS que je sors quand je décide d’en écouter. "Force Of Habit", c’est une série de « et si… ? » que l’on peut se poser tout du long et trente ans plus tard les réponses sont toujours aussi floues. Il va marquer la fin d’une époque et mettre à genoux l’un des derniers défenseurs du Thrash old-school. Il faudra attendre 1997 pour entendre à nouveau parler du groupe à travers l’excellent Live "Another Lesson In Violence" puis 2004 et "Tempo Of The Damned" pour retrouver EXODUS sur un album studio. Un mal pour un bien ?

Note réelle : 2,5/5.

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Par FREDOUILLE, DARK BEAGLE




 
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   (4 chroniques)



- Steve "zetro" Souza (chant)
- John Tempesta (batterie)
- Mike Butler (basse)
- Rick Hunolt (guitare)
- Gary Holt (guitare)


1. Thorn In My Side
2. Me, Myself & I
3. Force Of Habit
4. Bitch
5. Fuel For The Fire
6. One Foot In The Grave
7. Count Your Blessings
8. Climb Before The Fall
9. Architect Of Pain
10. When It Rains It Pours
11. Good Day To Die
12. Pump It Up
13. Feeding Time At The Zoo



             



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