Le baroud d'honneur. Et encore, les plus selects d'entre-nous seront impitoyables vis-à-vis de l'album éponyme du plus connu des groupes de Thrash, le dernier trouvant grâce à leurs yeux étant "AJFA". D'ailleurs, peut-on vraiment encore qualifier METALLICA de Thrash en ‘91 au regard de cette production taillée sur mesure pour le grand public ? Rappelons que dix ans plus tôt, les Californiens nous entaillaient à coups de glaive dans le cul lors du passage sur le trône !

Ceux qui avaient eu le nez creux avaient pu flairer le virage commercial du combo avec le passage du clip de "One" sur MTV, même si la hargne de ce titre n’a pas grand-chose à voir avec des "Enter Sandman" ou autres "Nothing Else Matters", racoleurs au possible. Indubitablement, ces titres sont passés dans vos esgourdes de gré ou de force, que ce soit par votre baladeur ou via RTL2, et il est à la fois normal et symptomatique d’en faire un rejet à force de burinage depuis plus de trente piges. Rassurez-vous, tout est parfaitement normal, je dégueule à titre personnel "...Sandman" et sa mollesse. Mais il faut admettre l’éclair de génie des Horsemen, qui auront réussi à fédérer absolument TOUT LE MONDE avec une ballade dont la mélodie ne consiste qu’à jouer un accord ouvert. Sacré eux.

Du reste, l'universalité de l'album tout noir instaure un équilibre entre les titres puissants et introspectifs ("...Roam", "Wolf..." ou "The God That Failed", où Hetfield entame son auto-thérapie en nous racontant sa vie), et les plus mollassons ou insipides ("Don’t Tread On Me", "The Struggle Within" et compagnie). Bonus, Newsted a dû tellement l'avoir mauvaise de se faire couper au montage sur l’album précédent qu'il a le droit à une sacré part de gâteau sur "My Friend Of Misery", avec une ligne de basse tournant en boucle, mais redoutablement efficace.

En résumé, METALLICA se réinvente, ou le tente en tout cas, mais ne fait plus du METALLICA. Et hélas, cela n'est que le début d'une descente aux enfers, au cours de laquelle "Load" et "Reload" sectionneront chacun leur tour le frein avant, puis le frein arrière, avant de se précipiter dans le mur qu’est "l’album-dont-on-ne-dit-pas-le-nom". Si vous me le permettez, on peut dire que c’est un peu "Sad But True" comme histoire (titre détestable au demeurant).

Morceaux préférés : "Wherever I May Roam", "Nothing Else Matters", "The God That Failed".

Pour l'anecdote, je ne me lasse pas de regarder de temps en temps la vidéo où Bob Rock engueule Kirk Hammett pour le motiver à jouer à peu près décemment le solo de "The Unforgiven"... Si ça aussi ce n'est pas annonciateur des actions qu'il investira chez Decathlon au rayon moufles…