Un an et demi de la vie de METALLICA, voire plus si l'on met bout à bout l'ensemble des prestations live du groupe de 1991 à 1994. METALLICA est devenue la référence mondiale de notre musique grâce à un album éponyme intelligent à la production monstrueuse.

La marche en avant ne pouvait décidément pas s'arrêter là et ce METALLICA entré dans le star system coupe ses cheveux, arbore maquillage et fringues stylées. La cocaïne est abondante et l'alcool coule toujours autant à flots. METALLICA, déconnecté des réalités laisse libre cours à ses envies d'exploration. Rien à foutre des fans, ils en boufferont quand même. C'est un peu ce que les Californiens se sont toujours plus ou moins cantonnés à faire concernant leur musique, la communion étant réservée au live. "Load" est loin de déroger à la règle et marque une évolution encore plus nette qu'entre les deux précédents opus de 88 et 91.

Au revoir, voire adieu le Thrash Metal. METALLICA est devenu un groupe respectable et il fait une musique qui se doit de l'être tout autant. D'un certain côté, il lâche sur "Load" toutes les influences européennes qui ont fait sa personnalité depuis ses débuts. "Load" est un album 200% américain où les influences bluesy sont très présentes, dans la tonalité des guitares abaissées d'un demi-ton que le groupe a décidé de systématiser sur cet opus, dans le chant mélodique désormais pratiqué par James Hetfield aussi. "The House Jack Built", "Hero Of The Day" se parent même de côtés sudistes et Kirk en profite pour sortir le bottleneck ("Bleeding Me").

Et globalement ce n'est pas tant la performance du groupe et de Bob Rock (quel son !) que sa capacité à exceller dans cette nouvelle écriture qui marque le net recul qualitatif entre "Metallica" et "Load". Pas encore contaminé par la manie de rallonger la sauce, METALLICA a été extrêmement créatif pendant cette période, si bien que les chutes de "Load" seront livrées aux fans dès l'année suivante. Mais METALLICA a commis une grave erreur sur le plan artistique : ne pas avoir été capable d'opérer une sélection plus impitoyable afin de ne proposer qu'un seul album : un "Load" débarrassé de "2x4", de "Cure", "Poor Twisted Me", mais renforcé par "Fuel", "The Memory Remains" et "The Unforgiven II".

En résulte un semi-gâchis, car pas mal de morceaux de "Load" bien que très différents tant entre eux que par rapport aux opus précédents sont de véritables réussites : "Ain't My Bitch", "Until It Sleeps", "King Nothing", "Hero Of The Day", "Wasting My Hate", et d'autres sont au moins prenants ("Bleeding Me", "Mama Said"). En définitive, il est bon ce "Load" si on ne le voit pas comme un reniement du passé du groupe.