LED ZEPPELIN, quarante-cinq ans après l’arrivée du premier opus, la légende dispose d’une aura intacte, préservée entre autres par une résistance aux sirènes de la reformation.
Et pourtant, qui aurait parié sur eux au départ ? Sans doute pas grand monde comme souvent. L’histoire commence comme un coup de poker. Les New YARDBIRDS peinent à voir le jour et Jimmy Page, resté seul maître à bord doit honorer son contrat. Souhaitant embaucher d’abord John Entwistle, c’est John Paul Jones qui rentrera dans la formation, suivi de près par Robert Plant, qui ramène dans ses bagages un batteur hors-normes, alors amené à une grande carrière avec Joe COCKER : John Bonham, qui refusera l’offre dans un premier temps.

Dans la déferlante et l’euphorie, liés par une alchimie rare entre les quatre musiciens, quelque chose qui n’existe pas encore va être codifié et défini de manière canonique sur cet album éponyme : le Hard Rock.
Chant enlevé et vociféré, expression d’un Blues au paroxysme dans la pure lignée de Steve Marriott (qui était le premier choix de Page), guitare expérimentale cherchant par tous les moyens à dépasser le gain des amplis existants et architecturant tout l’orchestre et une section basse-batterie qui soulève les montagnes, alliant musicalité et puissance.

Voilà ce que l’on retient de "Communication Breakdown" ou du grandiose "Dazed And Confused" et plus généralement du feeling quasi-live qui émane de ce disque, enregistré sur une trentaine d’heures par les quatre membres. Toutefois, si le côté fondateur de ce disque ne peut être nié, il ne faut surtout pas juste le voir comme le premier album de Hard Rock de l’Histoire ; ce serait bien résumer la palette musicale que les Anglais ont à leur disposition.

Comme beaucoup de ses contemporains, LED ZEPPELIN officie dans un Hard Blues auquel se mêlent des influences très diverses : le Rythm N’Blues, le skiffle, la Pop bien sûr, omniprésente, ou encore la musique Folk qui a connu son heure de gloire en cette fin de décennie. Le Hard Rock vivra encore bien mieux sur les opus suivants, mais ce premier opus est un recueil qui avant tout transpire le Blues, le Dirigeable n’hésitant pas à revisiter des standards comme "You Shook Me" et surtout en délivrant la version monumentale de référence qu’est ce "Babe I’m Gonna Leave You" de Anne Bredon.

Ce premier opus est un cri sauvage, d’une cohérence tout à fait discutable et d’une qualité subjective. Reste qu’au-delà des expérimentations sonores novatrices de Jimmy Page qui cumule les postes de compositeur, arrangeur, guitariste et producteur, ce premier Zeppelin souffre grandement de la comparaison avec ses successeurs même s’il contient déjà quelques monuments de la musique Rock et Hard Rock.

Note réelle : 3,5/5.