LE bijou de GOJIRA. Le chef d’œuvre, inégalé et sans doute inégalable. Le voyage de la bête vers les sommets de la hiérarchie mondiale du Metal commence ici, ne s’y trompons pas. Et ce n’est pas le show livré le weekend dernier au Hellfest 2022 qui me fera dire le contraire, tant le groupe semble améliorer sa recette live au fur et à mesure des années. Somptueux ET honnête, ne se cachant pas dernière des artifices spectaculaires pour masquer une musique anecdotique (je ne vise personne).
Mais ceci n’est pas un live report, mais bien une Kro-Express, donc revenons à nos baleines.

Si les premiers albums peuvent paraître de prime abord difficiles d’accès, proposant un Death technique et complexe, ils portent pourtant en eux les éléments depuis reconnaissables entre mille, caractérisant le son des Landais. Une lourdeur écrasante, portée par un batteur hors-normes, allant chercher des plans totalement inattendus sans jamais oublier le groove, une utilisation de la guitare rappelant parfois le meilleur MORBID ANGEL, la dimension spirituelle déjà chevillée au corps et le chant diphonique d’un Joe Duplantier déjà habité : tout est déjà là.

Mais sur ce "From Mars To Sirius", les Landais atteignent l’excellence. Rendant plus accessible leur musique en l’épurant juste ce qu’il faut, les titres s’enchaînent sans pause ni temps faible, balançant les harmonies avec la puissance, introduisant des plans tapping ("Global Warming") qui ajoutent une nouvelle marque de fabrique présente sur les LPs suivants, prenant le temps de poser des intros envoutantes, comme sur l’ultime "Flying Whales", pièce maîtresse de cette œuvre absolue. Oui, je m’enflamme, et j’assume. "Backbone" et "The Heaviest Matter Of The Universe" assurent le quota de violence recherché dans le style, avec brio. Mais je pourrais citer chaque titre tant "FMTS" est pleinement abouti. Cet équilibre parfait atteint ici son paroxysme, même si "The Way Of All Flesh", notamment, s’en rapprochera fortement.

La suite partira progressivement dans d’autres directions, que d’aucun trouveront plus ou moins réussies, selon les goûts des uns ou des autres. Mais s’il est un album qui peut les gouverner tous, c’est bien "From Mars To Sirius". GOJIRA crée un style, qui inspirera nombre de groupes dans le monde entier des années plus tard, des USA (FIT FOR AN AUTOPSY) à la Suède (ORBIT CULTURE). Même le Black d’un CELESTE viendra s’en inspirer sur son dernier opus, avec succès.

« We will see our children growing » clame le frontman en éteignant les lumières, après un peu plus d’une heure. Eh bien, ils ont bien grandi nos petits Frenchies.

Indispensable.