La première fois que j'ai écouté "Alive!", j'ai eu l'impression de n'avoir jamais rien entendu de pareil auparavant. Ça en dit long sur la dimension mythique du skeud, qui provoque toujours le même effet depuis 1975 et a influencé des générations entières de metalleux.

Truqué ? Probablement pas. Presque complètement enregistré en studio ? C'est bien possible. Mais peu importe, vrai live ou pas, "Alive!" est unique à tous points de vue. Les performances vocales, tout d'abord, sont renversantes : la voix au timbre inimitable et au ton outrancier et candide de Paul Stanley, le chant "rentre-dedans" et jovial de Gene Simmons, la fureur mélodique de Peter Criss sur "Black Diamond" (l'un de mes titres préférés), et bien entendu ces chœurs terriblement rock'n'roll qui fusent en autant d'hymnes fédérateurs.

Et puis bien sûr il y a cette guitare. La terrible guitare au son unique d'Ace Frehley, alors au sommet de son art. Entre la pléthore de soli qui poseront les fondations de tout un genre pleuvent des riffs électriques et sautillants qui donnent littéralement envie de se jeter contre les murs. "Alive!" est un concentré d'énergie revigorant imparable, le genre de truc mythique dont on ne se lassera jamais, même après un millier d'écoutes. LE live mythique que tout groupe en devenir aurait rêvé de produire.

Et puis il y a ce son, cette production à la fois moderne et rétro, qui confère tellement de charme aux classiques issus des trois premiers albums de KISS, méconnaissables tellement ils gagnent en consistance par rapport à leurs versions d'origine ("Deuce", dantesque en intro, "Cold Gin" qui donne envie de descendre une bouteille de gin d'une seule traite). Jamais le groupe étasunien ne parviendra à reproduire des sonorités pareilles sur ses albums à venir. "Alive!" est un mythe, le premier pas de KISS, groupe transcendant et introspectif s'il en est un, dans le sillon du succès. Incontournable, inimitable... Indubitablement culte.