On connaît l'histoire... Créé, ou tout du moins orchestré par Rick Rubin, AUDIOSLAVE voit le jour avec les trois membres restants de RATM, et la participation de l'exceptionnel chanteur qu'était Chris Cornell (!). Morello, Commerford et Wilk étant las des caprices de Zack De La Rocha, sont on ne peut plus heureux de retrouver l'atmosphère d'un vrai groupe, et avec Cornell au micro, ça ne se refuse pas ! Et ce, même si les caractères ne seront pas toujours compatibles, mais c'est ça la vie d'un groupe, savoir cohabiter et collaborer sans forcément être amis.

Un super groupe sur le papier donc, mais quand on écoute l'album, on se dit "Ah oui quand même !" Car on a droit en premier à "Cochise", titre puissant, très ZEPPELINien dans son approche, avec ses riffs acérés et le chant formidable de Cornell, rappelant inévitablement un certain Robert Plant des plus grandes heures. L'or en barre ne se fait pas attendre longtemps, ainsi déboule "Show Me How To Live", (Chris, ressuscite, je t'en supplie) et là tout explose, rythmique bénie des Dieux, riffs incendiaires, le chanteur pouvant ainsi s'époumoner avec son organe surpuissant ! Breaks à foison, crescendo de folie, on "headbangue" en oubliant notre bière fraîche, tellement c'est bon !

Rick Rubin est un rusé, c'est connu, mais là il s'est pourfendu d'une production aux petits oignons pour que les quatre acolytes délivrent le meilleur d'eux-mêmes ! Cornell n'a jamais été aussi rageur depuis le magique "Badmotorfinger" de son SOUNDGARDEN, c'est dire... On sent que les musiciens se font plaisir et nous aussi du coup ! Et au milieu de la tornade, il y a de l'apaisement, "Like A Stone", superbe, où la mélancolie de Cornell prend tout son sens. Vous le savez, il manque terriblement au Mulk, un chanteur de cette trempe avec un tel charisme, on en entend peu dans une vie...

Un album abrasif et addictif, où l'on se prend à crier tout seul dans sa chambre, tous les instruments résonnant avec brio, Morello nous sort le grand jeu, pendant que la partie rythmique est soudée comme jamais. Musicalement à mi-chemin entre un SOUNDGARDEN pour les envolées lyriques, et un RATM pour le côté saccadé de la musique, comme le disait cet excellent chroniqueur The Marginal, avec qui nous partageons des goûts communs. Le Mulk est extatique face à tant de réussite. Ce premier méfait d'AUDIOSLAVE est une bombe !!!