L’atmosphère devenue irrespirable chez HELLOWEEN pour bien des raisons, Kai Hansen prend la lourde décision de quitter son bébé pour espérer qu’il survive et afin de retrouver, loin du business, goût à la musique et à l’écriture. Pour les détails des circonstances de son départ, je vous invite à consulter l’excellente interview croisée Kai Hansen/Michael Weikath parue dans le Rock Hard de décembre 2007.

Pour ce premier album, Kai a tout fait, ou presque, puisqu’il s’est tout de même entouré d’une section rythmique et d’un vocaliste, Ralph Scheepers qui va permettre au nouveau projet de Kai de ne pas subir violemment l’influence et la comparaison possiblement désavantageuse du HELLOWEEN de Michael Kiske. Il va même progressivement supplanter les Citrouilles en proie à des errances artistiques que ne connaîtra jamais GAMMA RAY tout au long de son existence et ce malgré des changements de personnel tumultueux en début de carrière.

Sans concession, l’album est trempé dans le Metal le plus pur et comme le dit justement Fredouille, ce disque donne une idée de ce à quoi aurait pu ressembler le successeur de "Keeper Of The Seven Keys Part II". On remarquera néanmoins qu’au-delà du songwriting génial du petit rouquin, le touché plus moelleux de Michael Weikath vient à manquer dans les twins guitars (celles de "Lust For Life" notamment). Ce manque, GAMMA RAY le gagne en tranchant et en efficacité, que ce soit sur le mid-tempo addictif de "Space Eater" ou sur les titres plus happy comme "Heaven Can Wait" faisant de GAMMA RAY une formation plus rageuse.

La pièce-titre, composée avant même l’arrivée de Kai dans HELLOWEEN pose un cas : structure éclatée avec passages à la limite de l’impro, feeling seventies prégnant, chœurs amples (et c’est même grandiloquent sur le QUEEN-esque "The Silence") le tout pour un morceau de bravoure de presque un quart d’heure peut-être un peu long (surtout son final dont les ultimes décharges valent pourtant franchement le coup, ponctuant un premier effort ultra-réussi). La version réenregistrée de 2000 accusera les mêmes défauts mais avec une minutie dans les arrangements un peu plus poussée. Pas que je l’écoute depuis plus longtemps (ce n’est clairement pas le cas, je n’ai pas eu la veine, comme Fredouille, de découvrir GAMMA RAY chronologiquement), mais cette version originale menée de main de maître par Ralf Scheepers remporte mon adhésion.

Le bougre surpasse ses performances dans TYRAN PACE et élève l’album au rang des meilleures sorties Heavy Metal de 1990 sans coup férir. L’association avec Kai Hansen est imparable avec 8 titres (et une intro elle aussi devenue un classique) où il n’y a vraiment pas grand-chose à jeter, avec déjà plusieurs classiques du répertoire de ce jeune groupe.

Je lui reprocherai juste une proximité encore trop évidente avec le style HELLOWEEN-ien, dont la jeune formation parviendra progressivement à s’affranchir, qui lui coûte la note maximale. On sent déjà venir les titres plus risqués à la "Free Time" qui feront tout le charme de "Sigh No More".

4,5/5.