C’est l’histoire d’un groupe…
Il est étrange de voir comme tout peut partir en cacahuète en l’espace de quatre ans. Une olympiade, c’est ce qu’il aura fallu aux Autrichiens de DARKWELL de passer du stade de révélation la plus improbable de la scène Metal Goth à celui du plus beau plantage dans le genre depuis longtemps, ATROCITY étant bizarrement hors compétition. Il faut dire que de toute manière, cela ne se présentait pas très bien. Après un premier album miraculeux, "Suspiria", la formation aura péniblement accouché d’un EP, "Conflict Of Interest", qui peinait à convaincre pleinement. Et là, c’est le drame, parce qu’Alexandra Pittracher va quitter le groupe et avec elle, le groupe va perdre son côté fragile qui faisait son charme. Une chanteuse qui ne donnait pas trop de la voix, pas assez ci, pas assez ça, mais quelque part, unique.

Elle va être remplacée par Stephanie Luzie (ex ATARGATIS) qui pour le coup, va être bien plus quelconque au niveau du chant tout en étant certainement plus technique qu’Alexandra. Paradoxe ? Non, pas vraiment, Stephanie va utiliser les techniques courantes du chant dans le domaine du Metal Goth et du Metal Symphonique, mais elle ne se démarque pas de la concurrence, elle a une personnalité vocale très quelconque, elle est complètement interchangeable, ce qui n’était pas le cas d’Alexandra. Et c’est donc un DARKWELL très formaté que nous retrouvons, jouant avec ce qui ressemble une absence de conviction totale. La guitare semble loin, paresseuse, peu inspirée, le tout est bien trop lisse et trop formaté.

"Metat[r]on" est un album qui ne décolle jamais vraiment et qui est prévisible à tous les coups. Vous voulez entendre ce que donne un groupe qui part complètement en sucette ? Écoutez ce disque et vous comprendrez que la chute était inéluctable. Sauf si ce que vous écoutez vous plaît et que "Suspiria" vous défrise les poils du cul (hum, pas franchement polie cette tournure de phrase). DARKWELL se met à la portée d’absolument tout le monde. De groupe de Metal Goth raffiné et étrange, il est devenu proche d’une formule grand public sans la moindre saveur. Votre petite sœur pourrait écouter ce disque en pensant que c’est de la Pop un peu dark.

Et finalement, le plus intéressant avec cet album, c’est son titre. "Metat[r]on". Le big boss des anges. Il parle souvent pour Dieu. Alan Rickman a même été sa voix et on le retrouve dans de Bons Présages de Terry Pratchett et Neil Gaiman. Oui, ce disque m’a juste fait penser à cela et c’est certainement là son plus grand mérite. Le reste n’est qu’un ennui profond et angoissant, parce qu’il traduit quasiment la vacuité de la musique de cette époque, de plus en plus produite ou seul le talent peut faire la différence. Et ici, sur ce disque en tout cas, il est clairement le grand absent.