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BUTTERFLY TEMPLE - Òðîïîþ Êðîâè ïî Âîëå Ðîäà (2003)
Par POSSOPO le 15 Mai 2004          Consultée 4200 fois

Alors qu’il y a encore quelques années, les groupes russes ne pouvaient espérer une percée sur le marché international, la situation économique et politique du pays a tant évolué que certains se mettent aujourd’hui à croire en leur bonne étoile. Le succès récent des deux jeunes chanteuses de TATU est la preuve que cet espoir nourri par beaucoup n’est pas forcément vain. De plus, venir du pays des tsars apporte un exotisme qui peut se révéler être une arme commerciale redoutable. BUTTERFLY TEMPLE semble totalement au fait de cette situation, le groupe revendiquant une étiquette pagan metal jouant clairement le jeu des différences culturelles.

Mais clamer trop haut et trop fort son appartenance à un mouvement peut masquer une attitude manquant singulièrement de profondeur. Car si le vocaliste pousse la chansonnette dans la langue de Pouchkine, le reste de la troupe ne semble, étonnant paradoxe, guère concerné par ce souci d’authenticité pourtant affiché avec ferveur. Les claviers sont les premiers incriminés, envahissant une galette condamnée par leur seule présence à une deuxième division inutile. Une voix féminine peu convaincante et une flûte qui fait de courtes apparitions, tenant plus du cliché que d’un discours musical élaboré, ne constituent pas les meilleurs avocats d’un disque terriblement quelconque, déjà entendu et à ne pas réentendre. Et si au royaume des aveugles, les borgnes sont rois, au royaume des artistes, les troubadours les moins inspirés font figure de pitres inutiles. Le mysticisme de Dostoïevski, le souffle épique de Moussorgski, et la langoureuse décadence des œuvres de Tchekhov n’ont rien à craindre de cette petite galette sans relief qui, bien incapable d’être comparée à L’Idiot, aux Portraits D’Une Exposition ou à La Cerisaie, n’a même pas un dixième du pouvoir évocateur des bardes russes contemporains, Alexandre Bachlachev, Victor Tsoï ou Egor Letov.

Mes préjugés sont forts à l’écoute des simples termes Black Metal mélodique mais lorsque, en pensant me délecter d’une substance sombre et païenne, je me retrouve à perdre mon temps avec une énième galette de ce genre, l’agacement m’envahit. Gardant une part de lucidité, j’avertis le lecteur de ma subjectivité car, à défaut de personnalité, BUTTERFLY TEMPLE fait état de professionnalisme, voire de certaines facultés artistiques. Chaque instrumentiste maîtrise son sujet, quelques passages se révèlent entraînants et la production est extrêmement soignée (ce qui au final s’avère une tare mais voilà un jugement encore une fois très personnel). Le disque plaira donc à quelques-uns et ne figurera pas dans la liste noire des opus raillés par la planète entière. Mais enfin, l’usage indélicat de l’appellation pagan metal mérite réprimandes, ne serait-ce que parce qu’il risque de berner nombre d’auditeurs. Òðîïîþ Êðîâè ïî Âîëå Ðîäà est tout bêtement un disque de Black Mélodique et symphonique d’une qualité discutable.

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