Le premier album de BON JOVI sort au bon moment. Tout est souvent une question de timing en musique et pour le coup, le beau Jon est arrivé quand les JOURNEY, FOREIGNER et autres Pat BENATAR commençaient à entrer dans une phase de déclin. Car en reprenant les formules de ses aînés, BON JOVI va complètement redynamiser ce que l’on appelle le Hard FM en le dépoussiérant et en le mettant complètement au goût du jour.

"Runaway" va directement faire monter la température : clavier insistant, un guitariste bien plus doué que la moyenne qui lâche des soli à se damner et un chanteur qui possède un timbre immédiatement identifiable et qui surtout se débrouille très bien derrière le micro. Ça joue bien, c’est solide et le refrain est facile à retenir, de quoi obtenir un classique immédiat. D’ailleurs, l’album est truffé de titres de ce genre ("Roulette", "Love Lies", "Get Ready"…), qui offrent des coups de fouet galvaniseurs.

Bien que très abordable et plus radio-friendly qu’un MÖTLEY CRÜE ou qu’un TWISTED SISTER, il ne faut pas sous-estimer ce disque : il est l’un des plus agressifs de BON JOVI – si ce terme peut paraître adéquat. Pour preuve, le groupe ne se fend d’aucune ballade, qui est pourtant un passage quasi obligé dans le genre et mise tout sur son énergie, le talent d’un guitariste qui sait faire rugir son instrument et d’un chanteur belle gueule, charismatique et exigeant.

En revanche, ce disque a sacrément vieilli. C’est simple, un morceau comme "She Don’t Know Me" est plus efficace que du carbone 14 pour replacer l’album dans son époque. Vous choppez par hasard le morceau à la télévision, vous verrez le public se lever « spontanément » pour aller danser, comme dans une bonne vieille émission de variétoche française. On peut presque donner le jour de la semaine du mois de l’année où ce titre a été enregistré.

Certes, on peut dire que ce charme suranné lui fait de jolies rides, mais affirmer que cela le dessert également si on le découvre aujourd’hui n’est pas faux non plus. Il est le témoin d’une époque, celle où à force de persévérance, le beau Jon a viré les idoles passées pour prendre leur place et truster les charts. À ce moment-là, Jon ignorait très certainement que le meilleur pour lui restait encore à venir et qu’il allait littéralement casser la baraque avec sa musique.