Avec ce dernier album avec Layne Staley au chant, ALICE IN CHAINS réussit le pari de sortir un album riche, complet et profond. Certes, Jerry Cantrell double les parties de chant d'un Layne à bout, fatigué et usé par l'abus des drogues, lorsqu'il ne prend pas ouvertement le micro pour pallier ses faiblesses, mais pour autant, cet opus éponyme est sans doute le plus addictif (sans mauvais jeu de mots) pour les fans.

Très homogène dans sa forme, l'album prend toute son ampleur au fil de son écoute, limpide et sans filtres. Les riffs sont lancinants et les mélodies mélancoliques nous transportent au sein d'un voyage musical fascinant. On sent les membres du groupe connectés les uns aux autres, laissant des espaces à chacun, où les ambiances faites tour à tour de silences et de notes bluesy et volontairement dissonantes de Cantrell, comme en démontre "Sludge Factory", grandiose !

Le plus évident "Heaven Beside You", que nous retrouverons un an plus tard sur le "MTV Unplugged", chanté quasi intégralement par le guitariste et qui se laisse aller gracieusement à des envolées guitaristiques est sympathique mais n'est pas Layne qui veut, désolé Jerry ! le plus consistant "Head Creeps", tout en suspension, lourd et malicieux nous contente bien mieux.

Sur cet album, Jerry Cantrell et les autres se sont adaptés à la déchéance physique, et sans doute mentale d'un Layne Staley prisonnier de ses démons avec un brio certain. "It's Over Now" de toute façon nous dit le chanteur en guise de fin sur un ton léger mais prémonitoire, "We pay Our Debt Sometimes..." Et il avait malheureusement raison.