Ce premier album de PARADISE LOST est un peu différent. Ses petits frères ne lui ressemblent pas tout à fait, au point où l’on pourrait douter de l’identité du père. Cet opus sent constamment le caveau. Une petite odeur de moisi qui vient se mêler à une autre, plus doucereuse, de terreau et encore une autre, plus légère, de viande en putréfaction. Une saveur que l’on ne retrouve pas franchement sur les autres, plus propres sur eux, ce qui accentue évidemment l’isolement de ce disque dans la carrière des Anglais d’Halifax.

Ici, tout est plus gras. Comme si les moyens limités du groupe les incitaient à manger fish and chips avant de hanter leur pub de prédilection. De l’aveu de Nick Holmes, grogneur en chef, les cassettes audio qu’il échangeait avec Greg Mackintosh commençaient systématiquement par « bleuaaaaaaaaaaargh », avec plus ou moins de « a » en fonction de la consommation de tabac du chanteur.

Donc forcément, on retrouve un peu de cela sur ce "Lost Paradise", avec déjà cette volonté d’être quelque peu différent. Pour résumer, PARADISE LOST serait l’équivalent de MORBID ANGEL essayant de jouer aussi lentement que BLACK SABBATH à l’époque de "Master Of Reality", le psychédélisme en moins. Cela peut paraître un peu farfelu, mais ce disque est à cette image. Il y a cette volonté Doom, cette lenteur parfois exaspérante, parfois nimbée d’une aura Gothique ("Rotting Misery") et ces relents venant du Death Metal primaire, à coup d’accélérations furieuses (comme sur "Internal Torment II").

Sur ce premier album, PARADISE LOST va se montrer sous son visage le plus extrême. L’ensemble est déjà lent (voire écrasant), mais le groupe ne s’est pas encore débarrassé de cette volonté Death qui donne un petit côté canaillou à l’ensemble (euh… ouais, avec des réserves pour ce terme). Ce disque est vraiment différent des autres. Mais tout découle de là. Il trace les premiers contours de ce que sera PARADISE LOST. Et de ce fait, il a une importance non négligeable.