Du culot. C'est la qualité première de cet album. C'est qu'il fallait oser, en 1993, en plein cœur de la vague black-metal, réconcilier le black et le death sur un même album ! C'est que les deux clans se tiraient quand même la bourre ! Et Dissection ? Lui, c'est avec les honneurs qu'il s'en tire, grâce à cet album tout simplement brillant.

Brillant, car les Suédois font véritablement merveille en réussissant à mélanger les parties rythmiquement complexes du death - souvent sur les couplets - avec les accélérations tranchantes et les riffs malsains du black. La musique va souvent très vite mais elle s'arrête régulièrement, le temps de breaks contemplatifs complétant l'atmosphère obscure que crée le groupe. Car cet album est sombre. Il nous entraîne dans des lieux maléfiques, dans des voyages effrénés sur des terres ténébreuses, en compagnie d'âmes souffrantes en quête de damnation. La rédemption n'était définitivement pas pour Dissection.

C'est véritablement à un périple haletant que nous convie le groupe, avec des morceaux habités par un souffle épique superbe. En témoignent "Black Horizons" - absolument somptueux - "The Somberlain", "In The Cold Winds Of Nowhere"... et d'autres ! Il fait noir, il fait froid, mais on continue sans s'arrêter en chemin. Quelques pauses ? Juste trois. "Crimson Towers", "Into Infinite Obscurity" et "Feathers Fell". Trois superbes interludes moyenâgeux, divinement (ou diablement, c'est selon) interprétés à la guitare classique par ce sombre ménestrel qu'était Jön Nodtveidt. De la maestria, c'est ce dont il fait preuve, ainsi que tout son groupe, sur ce disque.