De la complexité dans l’écriture est ce qui définit au mieux la Musique de SOUNDGARDEN. Ce groupe, un des précurseurs de la mouvance Grunge, s’est toujours démarqué de ses pairs par son approche bien plus Metal.

Après la déferlante “Badmotorfinger”, le groupe affine encore plus ses cordes pour nous délivrer un album d’une richesse et d’une recherche musicale très intense. Le sauvage "Let Me Drown" ouvre les hostilités avec les riffs malsains de Kim Thayil, où la voix de Cornell prend toute son ampleur ! Lorsque les musiciens sont ainsi connectés, le chanteur le sent et peut développer toute l’étendue de son talent, Et Dieu sait Que Chris en avait ! Du Lourd, de la rythmique pachydermique aux soli psychédéliques, on atteint facilement l’orgasme auditif sur ce premier titre !

“Superunknown”, produit par Michael Beinhorn, une pointure qui a également produit le "Ozzmosis" du Sieur Ozzy entre autres, a su faire résonner tous les instruments ici avec une réussite totale ! Le son de batterie de Matt Cameron est phénoménal par exemple.
SOUNDGARDEN atteint aussi le point culminant de sa carrière artistique et commerciale, digérant ses influences très marquées pour s’émanciper pour de bon...

Du dimanche noir au dirigeable, tout est agrémenté d’un psychédélisme avenant et d’une furie maîtrisée... Le nébuleux et faussement calme "Fell On Black Days" nous le rappelle avec une hargne contenue mais palpable.

Le groupe est alors au firmament mais est déjà confronté aux dissensions inhérentes à la vie de groupe. "Mailman" nous donne ainsi l’impression d’un malaise entre Kim Thayil et Chris Cornell, l’un préférant le Heavy Metal, quand l’autre veut s’extirper un peu de ce carcan trop réducteur.
Heureusement, "Superunknown", le titre, est faramineux, d’une élévation progressive assourdissante, savamment construit, d’une intensité rare !

SOUNDGARDEN nous offre un album ambivalent mais tellement bon, tellement bon, libre de tout... Thayil et Cornell se confrontant sans cesse, même si les compositions sont signées essentiellement par le chanteur.
La fin n’est pas loin mais délectons-nous de ce breuvage sonore varié et ô combien recommandable et invraisemblable dans le même temps.