" Une fois n'est pas coutume c'est un groupe italien qui s'engage sur les laborieuses et sinueuses routes du speed mélodique. "The temple of Theil" est le deuxiéme album du groupe Heimdall qui il est vrai n'avait pas convaincu par son premier opus sorti en 1997, notamment en porte-à-faux d'une production à peine honorable et un chant encore trop immature. Seule la passion pour la musique a certainement encouragé les six musiciens d'Heimdall à passer le cap du premier album.

Et le cap est audacieusement franchi sur tous les plans indispensables à la réussite d'un album du genre. Heimdall s'est offert l'envie de réaliser un concept-album et son histoire n'est pas pour déplaire.La pochette réussie fixe les idées de maniére immédiate:c'est une légende centrée autour d'un preux chevalier. En conséquence ceux qui sont refractaires au genre d'ambiance mediévale et estiment que cela tient du ridicule (à l'instar principal de Rhapsody) auront des idées préconçues sur la musique d'Heimdall dés le départ.

Pourtant le style d'Heimdall sans développer une originalité à toute épreuve, arrive à exercer une musique chaleureuse de par sa production qui donne l'impression de ne pas être pleinement explosive mais en même temps riche de subtilités sonores. Le tout au service d'un chanteur qui se révéle au bout de plusieurs écoutes d'un charisme unique et polyvalent. Polyvalent est effectivement la caractéristique marquante du chanteur Claudio Gallo qui alterne entre vocalises aigues (atteignant leur pleine constance dans les cris) et celles plus graves (sans se laisser aller à un chant purement death ou black car là n'est pas le but).

Cela déconcerte dés les premiéres écoutes et peut donner l'impression d'un certain gâchis sur des compos qui sont aprés tout plus mélodiques que speed. Toutefois il faut dépasser le dégoût ou la curiosité pour passer à la satisfaction. Il s'avére en fait que ce chant aprés habitude se présente comme une qualité indéniable à Heimdall. En conséquence, ce chant unique rend hommage à des compos trés bien ficelées bénéficiant ainsi d'une écoute fluide grâce à leurs enchainements calculés, de maniére à ne pas se rendre compte que l'on vient de voyager à travers la légende contée par Heimdall pendant plus d'une heure.

Ainsi l'album commence par une introduction de 3 minutes pour nous permettre de palper à sa juste valeur la premiére compo "Follow the signs" trés riche de sensations.Les deux chansons qui lui succédent sont aussi réussies (sur tous les plans) et cela nous permet de constater que le début d'album est irréprochable. Un repos est alors judicieusement inséré pour placer l'une des deux ballades de l'album qui est d'une beauté saisissante et éternellement frissonante.Une ballade loin,trés loin de la miévrerie.
Tout ceci pour repartir du plus bel effet sur l'une des meilleures compos de "The temple of Theil" qui n'est autre que le titre de l'album avec son hymne de refrain tout de suite mémorable. L'évasion dans le livre de Theil ne s'achéve pourtant pas par cette merveille.L'apaisant interlude "Symphony of twilight" de prés de 3 minutes nous y replonge immédiatement pour nous emporter dans la derniére partie de l'opus.

Celle-ci commence par "Spirits of skyward" qui comporte en son final une surprise des plus rafraîchissante:il s'agit de la participation envoûtante d'une voix féminine (en la personne de Maria Progida).Cette surprise réjouissante se concrétise sur "Scream of revenge" où le choeur de départ est empreint d'une autre voix féminine délicieuse (en la personne cette fois de Gabriella Paravati). Le scintillement des clochettes de "Then night will fall" annonce la deuxiéme grande douceur de l'album (plus conventionnelle tout de même que la premiére) où l'exercice périlleux du chanteur caméléon est de nouveau pleinement employé avec audace, le tout renforcé avec une continuité parfaite par la voix de Gabriella sur certains passages. Puis se place la piéce finale de 7min44 qui n'enléve en aucune maniére tout le charme opéré tout au long de "The temple of Theil".De trés beaux breaks parsement "The song of Siogar and Iselin" alternant mélodies fines (choeur somptueux déployé par le claviériste) et envolées lyriques. Et le tout parfaitement orchestré à l'interlude final d'1min20,,juste une façon indispensable de nous ramener avec délicatesse à notre quotidien si peu emprunt de magie.

Enfin, je ne pourrai conclure cette chronique sans préciser à ma grande déception que Claudio a quitté le groupe depuis un bon petit bout de temps. Souhaitons tout simplement que la qualité incontestable du groupe sera à la hauteur de la découverte d'une autre perle rare au chant.Heimdall a encore un avenir incertain et mérite pleinement de poursuivre sa route et de survivre dans le monde impitoyable du Metal. "The temple of Theil" sera peut-être leur derniére réussite. En attendant,tout fan de speed mélodique que vous êtes, ne passez pas votre chemin sans avoir daigné avoir la curiosité d'écouter attentivement une telle pépite qui n'est pas si courante dans les bacs des disquaires avertis.