« A mon signal, faites tous un pas en avant ! »
Cet ordre, SEPULTURA le conchie, le révoque de son vocabulaire. Être devant un mur où tout le monde vous regarde, est une situation des plus embarrassantes. Mais faisons le point une minute, si vous le voulez bien. Bien, je pose une question : En quoi SEPULTURA doit-il des comptes ? Depuis quand un groupe aussi connu doit-il s’écraser devant une horde de fans aveugles ?
Petit rappel : Andreas Kisser a été et reste le moteur de cette machine à la mécanique parfaitement huilée. Il est SEPULTURA, il est le rythme, l’énergie, le cerveau, la main experte de la bête. Il est l’artiste aux mille visages. Alors pourquoi s’évertuer à rester aveuglé par le passé, d’un Max alourdi et abêti par sa bonne femme qui n’est même pas fichue de reconnaître le talent d’un orchestre aussi aguerri. SEPULTURA s’est vu pousser des ailes par le biais de ces musiciens. Oui, de ses musiciens, et non d’un punk qui pose son organe grossier et passe comme le leader incontesté. Incontesté de quoi ? Et en vertu de quoi... Je me le demande.

"Roorback" n’est un chef d’œuvre, soit. Il est simplement le terrain de jeu de ces artisans du bruit tribal. Qui n’a aucun lien avec les essais précédents, thèse bancale que les perroquets plastifiés clament corps et âmes. Non. Il représente plutôt un souffle nouveau dans l’interprétation et la composition de l’orchestre. Où SEPULTURA aligne un flot d’accords chargés d’intensité (« Urge »), sans broncher outre mesure. Avec en prime, ce feeling si agressif et cette robe si lourde et si opaque, qui lui confère une classe folle, qui posera les bases du futur « Dante XXI » et de sa progéniture : "A-lex", encore inexistant à l’époque. Mais les prémices apparaissent par des aspects émotionnels (« Godless ») et organiques (« Come back Alive »).
Oui, Gloria est une pouf. Oui, les affreux peuvent s’en retourner dans leur paradis surfait. Oui, certains vont cracher avidement (et sans aucune retenue) sur cet album fragile (mais méritant). Avec leur unique arme, leur savoir astral, téléchargé à la sauvage sur le net et balancé vulgairement sur un Ipod avec du TRIVIUM ou du SLIPKNOT en sus. C’est bien pour eux. Mais reconnaître et apprécier le courage de cette formation, n’est pas une chose aisée pour tous ces bovins.

Non, SEPULTURA ne doit rien à Gloria, ni à Max, ni à leur ancien label d’ailleurs. Encore moins aux pseudo-fans intégristes rongés par le passé. Non, il le doit à la sueur de son front, à son intelligence et à son audace.