Oui, "El Loco" est foireux. Oui, il a ses défenseurs. Non, je n’en fais pas partie. Je ne fais non plus pas parti de ceux qui disent « amen » à "Eliminator" qui lui est pourtant bien supérieur. Sur la chaîne alimentaire, "El Loco", c’est un dodo quand "Eliminator" tire plus sur le requin. Oh, pas un grand blanc, il ne faut pas exagérer non plus (et cela serait pénible d’avoir un procès avec l’ancien groupe de Jack Russell). Non, mais un requin tigre, le genre qui bouffe tout ce qui se trouve à la portée de sa mâchoire. Ce n’est peut-être pas si étonnant que ça qu’on est retrouvé une plaque d’immatriculation du Texas dans le bide de l’un d’eux.

Bref, sur "Eliminator", ZZ TOP (enfin, surtout Gibbons d’après la légende noire de cet album) va tout mettre en œuvre pour plaire au grand public, en continuant pourtant le travail entamé de façon un peu brouillonne sur "El Loco" : boîte à rythme, claviers bien ancrés dans l’époque, refrains à se taper le cul par terre, des clips souvent bien mémorable, une pochette qui l’est tout autant avec sa bagnole qui marquera les années 80 du TOP et surtout, l’abandon de ces titres en espagnol qui étaient une marque de fabrique de la formation texane depuis "Tres Hombres". Non, l’opération séduction est lancée.

Sans raser les barbes, ne soyons pas fous.

Et il convient de le dire, les six premiers morceaux sont absolument imparables. Il y a un paradoxe avec ce disque : c’est le plus commercial, à cette époque, de ZZ TOP et pourtant, c’est également celui où le groupe sonne le plus de façon Hard Rock primaire, les racines Blues étant toujours présentes mais noyées dans des riffs plus rudes, plus Rock. Si par la suite l’album devient moins surprenant, moins passionnant également, même si l’on peut compter sur Dusty Hill pour chanter sur les morceaux les plus énervés, il sera tout de même érigé au rang de chef d’œuvre par de nombreuses personnes, un classique, un must-have.

Il va surtout devenir le mètre étalon pour la maigre production du groupe dans les années 80, où la bande à Gibbons ne donnera pas l’impression de se fouler des masses à se réinventer (ah ? vous avez deviné que je suis en train d’affûter ma plume quant à la suite de la disco ?). Sinon, fait totalement inutile, "Eliminator" contient onze pistes, quand un album du TOP en contient habituellement dix. Cela compense le fait que "Fandango!" n’en contienne que neuf.