Je ne vais pas vous refaire la genèse de l’album, vous connaissez déjà l’histoire. Il n’empêche, "Too Fast For Love", c’est un sacré disque quand même. Rien que son titre, sur cette pochette en forme de clin d’œil au "Sticky Fingers" des STONES, je ne sais pas pour vous mais ça éveillait ma curiosité gamin. Je sentais que ça parlait de cul, même si je ne savais pas trop comment expliquer ce qu’était le cul exactement.

Puis il y a les musiciens avec un look genre « pétasse sauvage », maquillés et outranciers. À la guitare, Mick Mars, avec son air de vampire. Un jeu agressif, mais souvent sous-estimé. À la basse, Nikki Sixx, chef d’orchestre ou drag queen en chef selon les occasions. À la batterie, Tommy Lee, issu d’une famille de musiciens et qui s’éclate derrière ses fûts comme un petit fou. Puis derrière le micro, Vince Neil. Lui, il nous fait déculpabiliser de chanter en yaourt. D’ailleurs, souvent, il ne chante pas, il miaule.

De ce fait, puisque j’aime parler de mon chat, je vais vous raconter ce qui se passe quand je mets cet album en particulier. Déjà, il dresse rapidement ses oreilles, toujours en faisant semblant de dormir, mais sur le refrain de "Merry-Go-Round", il dresse la tête, persuadé qu’un rival empiète sur son territoire et commence à le chercher. Il finit par se casser à la fin du disque, vaincu par un Vince Neil qui prend la forme de mâle dominant. Autant vous dire que j’écoute beaucoup ce disque au casque. Voilà, c’était la minute animalière de Nime-Matin, merci pour votre attention !

Bref, raconté comme ça, ce disque semble foutraque, mal gaulé (ce que semble contredire la jaquette). Quand on gratte un peu, c’est quand même un sacré foutoir d’influences, entre Hard Rock, Punk, trucs plus légers, le tout agencé de façon très classique, mais avec une énergie très communicative. MÖTLEY CRÜE apporte l’entertainment sur les platines, c’est un appel à la fête, voire à la débauche, avec ce qu’il faut de provoc’ pour énerver les parents à l’époque.

Et, à l’instar de VAN HALEN en 1978, le CRÜE balance le disque qu’il fallait au bon moment. Il en porte l’héritage, en moins virtuose, mais il ajoute à son Hard Rock un look, des frasques et pas mal de filles. Ensuite, ce sont des riffs simples et efficaces, des refrains que l’on peut yaourter à volonté, une énergie communicative et une ouverture supplémentaire vers un genre larger than life qui va marquer les années 80 au fer rouge, avec son lot de suivants valeureux et de casseroles certifiées.

Bref, "Too Fast For Love", c’est un disque imparfait qui sort au bon moment, qui aurait pu être considéré comme une purge mais qui possède un charme fou. Il donne la patate et tabasse quand il le faut. Un disque de chevet pour de nombreuses personnes et si j’admets volontiers préférer "Shout At The Devil", "Dr. Feelgood" ou l’éponyme, j’avoue que ce premier essai trouve toujours grâce à mes yeux, des décennies après sa découverte.