Album extraordinaire et historique.
Poussant au maximum le potentiel gothique et cinématographie du Black Metal, il a conquis les foules et rendu populaire un genre qui se complaisait dans l’underground (s’attirant au passage l’opprobre des Trve). Si on la compare aux standards de l’époque, la musique proposée est incroyablement bien écrite, raffinée et pleine d’émotion, tout en gardant la violence et la noirceur nécessaire. Des morceaux comme ”A Gothic Romance (Red Roses For The Devil’s Whore)” ou “Beauty Splept In Sodom” sont des fresques progressives qui nous embarquent pour des montagnes russes émotionnelles. Les textes sont de riches poésies macabres déclamées par les multiples voix de Dani, autres éléments mémorables, qui contribueront tant au succès de l’opus.
Cette œuvre essentielle est pourtant le fruit d’un accident comme il en arrive peu dans l’histoire de la musique. Et quel aurait été le destin du groupe et de la scène Black si la première version de l’album avait vu le jour à la place de celle qu’on connaît tous ? Car "Dusk..." a été écrit, on le sait maintenant, par le line-up de "The Principal Of Evil Made Flesh", et enregistré une première fois dans des atours bien plus bruts. Une version maudite et gardée cachée pendant plus de 20 ans. Comment juger objectivement d’une œuvre écrite par d’autres puis fortement révisée au niveau du son et des arrangements symphoniques, jusqu’à changer d’âme ? On atteint ici le nœud du problème : la version cachée (que le monde s’apprête enfin à découvrir) est la transition perdue entre un Black encore obscur et une mixture plus facile d’accès, certes excellente, mais qui sera la porte ouverture à tous les abus.