Bon cette fois-ci, on ne va pas forcément se dire que cet album sera le dernier de SCORPIONS. Tout est possible désormais tant que Klaus et Rudolph sont vivants. "Return To Forever" n’aura pas marqué les esprits en raison de ses nombreuses faiblesses et de ses choix douteux. La promo veut alors nous vendre du rêve en nous promettant un retour au son et à l’énergie de "Blackout", un discours qui rappelle quand même beaucoup celui qui avait précédé "Sting In The Tail", leur premier faux dernier album, il y a douze ans tout de même. La différence notable ici c’est que les producteurs suédois ne sont plus là, et ça, ça s’entend ! On revient donc à quelque chose de plus brut, plus spontané et ça suffira assez largement pour que ce "Rock Believer" surpasse son prédécesseur.

L’autre élément qui surprend, c’est la très faible place laissée aux ballades : une seule véritable ballade, logiquement placée à la fin. Elle est de bonne facture mais pas non plus extraordinaire. Je n’ai jamais été contre les ballades chez SCORPIONS tant que la qualité suivait (ce qui était le cas sur "Sting In The Tail"), car ça fait partie totalement de l’identité du groupe, et je ne suis pas loin de penser qu’ici ça manque un peu.

Pour le reste, SCORPIONS nous propose un album énergique, qui démarre plutôt bien, et qui tente bien souvent de nous faire oublier l’âge de ses musiciens, mais soyons honnêtes, ça ne fonctionne pas toujours, notamment au niveau du chant. Quoiqu’il en soit le groupe n’a pas menti : c’est bel et bien sur la période 79-84 que lorgne beaucoup cet album, mais il n’y a pas de miracle, on est très loin du même niveau qualitatif. Le fait est que SCORPIONS tend à faire un peu trop de fan service qui n’apporte pas grand chose, "Rock Believer", le titre, est encore une tentative de refaire le tube "No One Like You", comme l’était déjà "We Built This House", mais "No One Like You" est intouchable, ce n’est pas la peine d’essayer ! On dirait W.A.S.P. et ses multiples ersatz de "Wild Child". Comme cela a déjà été largement souligné, "Shining Of Your Soul" et "Seventh Sun" lorgnent du côté de "Is there Anybody There?" et "China White", sans atteindre le niveau de ces derniers, pourtant c’est bien ces morceaux-là que l’on retiendra en priorité de l’album, grâce notamment à un côté plus ambitieux indéniable. Il faut cependant souligner qu’ils ont été co-composés par le producteur, ce qui montre que SCORPIONS a toujours besoin d’aide extérieure pour se surpasser. Car il faut dire que cet album contient quand même son lot de faiblesses : on ne retiendra pas grand-chose des "Hot And Cold" et autres "When I Lay My Bones To Rest", le groupe ne nous épargne pas le remplissage. Le clin d’œil a "Sympathy For The Devil" je ne comprends pas trop non plus l’utilité, en revanche je remercie Pawel Maciwoda pour le coup de fouet qu’est "Peacemaker".

"Rock Believer" est un album honnête (enfin, le coup de mettre une fois de plus un des meilleurs titres sur le disque "bonus" est un truc qui me fume totalement), agréable et honorable. Mais qui n’aura sans doute pas une durée de vie très longue. Cette démarche de vouloir recréer une période dorée a ses limites. "Rock Believer" n’est pas spécialement meilleur que "Sting In The Tail", et reste bien loin de l’audace et de la créativité de "Humanity Hour 1", qui, cela ne fait désormais plus l’ombre d’un doute, restera le dernier grand disque de SCORPIONS (même si je suis peut-être le seul à le penser !). Il me fait même revoir à la hausse le dernier MAIDEN (qui au moins ne tente pas vainement de refaire "The Number Of The Beast" ou "Powerslave"), et si vous voulez des vieux qui ont réussi un comeback retentissant, alors BLUE ÖYSTER CULT reste la référence.