Quand vous avez apprécié un artiste, il n’est jamais agréable de le voir vous échapper. Parce qu’égoïstement, vous espérez qu’il continue à faire des disques pour vous, qui vous plairaient, comme avant, en évoluant un peu, parfois pas du tout, ou en osant. Il n’est pas simple d’accepter que ce qui vous plaisait chez lui est justement une page qu’il souhaite tourner, ou que ce mode d’expression ne l’intéresse plus. Il est possible d’être indulgent, mais l’indulgence a un temps, elle finit par se transformer en rejet. Et en 2020, j’ai rejeté ce dernier BON JOVI.

Ok, ça faisait un moment que ses disques me passaient un peu par-dessus la tête. Trop faciles, pas assez mordants, visiblement destinés à un public qui n’est plus celui qui le soutenait dans les années 80 et dans les 90. J’en apprécie sincèrement certains et pas forcément les plus évidents mais il ne faut pas se leurrer : passer 1995, y-a-t-il vraiment un album de BON JOVI qui peut seulement espérer caresser l’idée d’atteindre les quatre étoiles ? La faute à une première partie de carrière canon qui n’est plus qu’un lointain souvenir.

Et cette cuvée 2020… Elle est mauvaise, pour ne pas dire pathétique. Pourquoi diable Jon s’est-il encombré d’un guitariste en la personne de Phil X alors que vu sa discrétion sur le disque le chanteur aurait pu s’en charger lui-même. Rien n’est explosif, tout passe quasiment à côté de sa cible. "Limitless" est insupportable avec son refrain pourri jusqu’à l’os, "Blood In The Water" aurait gagné à être récupérée par Nick Cave qui en aurait fait quelque chose de dramatique, "Do What You Can" a l’énergie d’un escargot agonisant sur le bord de la route…

Puis Jon a beau jouer les beaux gosses mystérieux sur la pochette (et le reste du groupe mec ? Souviens-toi de la jaquette de "These Days", vous formiez un groupe à ce moment encore), il y a un fait qui est un indéniable et que le botox ne peut pas atténuer : sa voix vieillit. Elle est moins pure, on sent qu’il est parfois à la peine pour chercher certaines notes et il s’adapte. Enfin non, il cherche à tromper son monde en chantant des paroles de djeuns. Enfin, dans les années 80 ça aurait été djeuns. Autres temps, autres mœurs.

Alors oui, BON JOVI a pondu pas mal de disques passables, voire mauvais ces dernières années, mais celui-ci remporte le prix de la médiocrité. Il n’y a plus rien de Hard dans la musique de BON JOVI. Y a-t-il encore du Rock ou n’est-ce plus qu’une Pop d’illusionniste ? Par pitié Jon, si tu veux poursuivre dans cette voie, fait le sous ton seul nom et n’implique pas tes derniers comparses dans ta chute…