Une musique sans dignité. Singulièrement stupide et sans retenue, au-delà de toute forme de goût, BEAST IN BLACK c'est votre hantise, le retour de vos démons. La Synthpop de seconde zone et les discothèques de village. Les claviers qui font pouet pouet et tuut tuut sur de l'AOR dégoulinant de fromage. Il fallait s'y attendre, des musiciens allaient finir par remarquer que Europower, Europop, Eurodance et Eurotrance ont tous le même préfixe. C'est bien triste mais si vous aviez posé la limite plus tôt on en serait pas là. Vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous même.

Sauf que ça marche. La recette est bien ficelée, on prend une structure Pop, on met un bon hook bien fat, le refrain arrive en moins d'une minute et sur le dernier refrain on oublie pas de faire la petite modulation qui va bien. Tout ça dans un gros son avec des claviers bien dégoulinants jeuxvidéo-Synthpop-Eurodance tout ce que tu veux, des énormes backing vocals parce que de toute façon c'est le public qui les fera en live. Et puis surtout, un chanteur qui gère à 100% le chant de "Kill The King", "Thundersteel" et "Masque Of The Red Death" sur sa chaîne YouTube ; putain je le hais c'est pas juste si je chantais à moitié aussi bien j'irais menacer DEMON BITCH de me prendre pour avoir enfin un chanteur qui sait tenir une note mais non, à la place il chante chez BEAST IN BLACK. Le monde est cruel, VALD avait bien raison.

Alors ça ne marche pas complètement bien sûr, déjà parce que peu d'humains normalement constitués peuvent s'envoyer ces refrains pendant quarante-trois minutes sans ressentir une certaine fatigue (j'admire l'endurance des autres), et parce que : qu'est-ce que "Oceandeep" fout ailleurs qu'en dernière piste du disque alors qu'elle a manifestement été écrite pour ça. Volonté de nous laisser respirer je suppose, mais ça casse complètement la charge de débilité du disque, on est pas encore assez lassé et c'est pas pour de l'émotion qu'on a lancé cet album.
Mais ça marche quand même.

Je vous vois déjà agoniser sur les choix de production, tous les overdubs et le layering, le clap bien réverbéré sur "Sweet True Lies", le petit pick slide 100% calibré sur – ah j'ai oublié quelle piste autant pour moi. Bon, en fait vous adorez ça (et je vous hais cordialement) et c'était rhétorique. Si j'en parle c'est parce que moi ça devrait me déranger, et si ça ne me dérange pas c'est parce que le groupe est parti depuis le début avec l'intention de faire de la musique complètement débile dès le premier hook, dès la pochette, dès le titre de l'album Et cela sans sombrer dans l'auto-parodique "on est trop self-aware t'as vu mdr" insupportable.

C'est fondamentalement pour ça que ça peut marcher chez moi. Les deux trucs que je déteste le plus en musique ce sont : les gens qui tentent d'avoir l'air intelligent alors que leur musique repose sur des principes au minimum aussi stupides que n'importe qui d'autre (95% du Prog Metal) ou les gens qui se voilent derrière l'ironie pour faire des choses qu'ils n'oseraient pas faire sinon mais là ça va parce que c'est ironique tu comprends c'est pas sérieux. Je doute que les membres de BEAST IN BLACK soient ignorants de la débilité et du ridicule de leur musique : ils choisissent juste de s'en battre les burnes. Toutes couilles dehors on balance la boule Disco, oontz oontz et on bouge son boule.

Alors voilà, admettre qu'on écoute BEAST IN BLACK c'est sans doute un peu embarrassant, mais qu'est-ce qui est pire, ça, ou trois quarts des hypes Power Metal des quinze dernières années ? SABATON et le fétichisme militaire en plastique ? GLORYHAMMER et les dragons du chaos de l'Apocalypse ? BROTHERS of mes couilles de viking sur ton marteau de Thor en pendentif ? Les covers de "Voyage Voyage" (*) et "Diggy Diggy Hole" ? "Space Ninjas From Hell" j'en reviens pas que cet album existe, merde, à ce stade si vous avez écouté un album de Power dans votre vie vous perdez tout droit de critiquer le ridicule d'autre genres et ça vaut aussi pour le Black.

En fin de compte, quitte à écouter une forme de musique dont la seule existence est un blasphème contre toute forme de bon goût je préfère encore un groupe qui sait s'inspirer des grands maîtres en la matière de ridicule et qui surtout, sait écrire des bons refrains et des bons hooks. Dans un sens cet album c'est un peu "Stones Grow Her Name", mais en bien. Comme quoi c'est important les bons refrains et les bons hooks.

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(*) SIRENIA est un groupe de Power Metal honoraire depuis cette reprise, me faites pas chier.