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BLACK METAL  |  VHS/DVD/BLURAY

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FILM - Lords Of Chaos (2019)
Par PERE FRANSOUA le 26 Avril 2019          Consultée 1042 fois

"Je n’écrirai rien sur ce film, c’est une merde !" balance un critique qui tente de sortir de la projection de "Red Is Dead" avec Odile de Ray l’attachée de presse attachée à sa patte. Cette réplique de "La Cité De La Peur", le film de LES NULS, pourrait s’appliquer au cas présent.

Sauf que "Lords Of Chaos" ("LOC") n’est pas entièrement à jeter à la poubelle.
Malgré une nullité évidente, il y a quelques motifs à jubilation. Pour le fan c’est à la fois un rêve devenu réalité et un viol grossier car paradoxalement, par ce qu’il montre, "LOC" est à la fois extrêmement minutieux dans sa reconstitution historique et à la fois horriblement caricatural, partial et se permet d’inventer pour combler le mystère jusqu’à se vautrer dans l’affabulation.

Du strict point de vue de l’analyse filmique "LOC" propose une réalisation tout à fait correcte avec une mise en scène assez dynamique, avec un humour parfois bienvenu. Ça c’est durant la première heure où le récit avance à toute vitesse alors que la seconde moitié se pétrifie, traîne en longueur avec des scènes dignes d’une télé novelas à la portée psychologique de "Plus Belle La Vie". On citera par exemple les pathétiques échanges de regards complices façon bromance entre Euronymous et Varg devant un incendie d’église, c’est digne d’AB Productions.

Et puis il y a des moments de grâce comme des scènes musicales où Åkerlund peut enfin se lâcher et faire ce qu’il fait de mieux : du clip nerveux aux multiples points de vue et nature d’images. À ce titre la restitution d’un des mythiques concerts donné en Norvège (Sarpsborg ? Jessheim ? Un mix des deux ?) est sans conteste le moment le plus réussi du film.

"LOC" a donc la minutie variable.
Le plus intéressant et le plus exact sera le cadre où les événements se sont produits.
Pour les dingos qui comme moi sont passionnés par cette période, qui ont lu ou vu tout ce qu’il y a à lire ou voir à son sujet, c’est avec un plaisir gourmand que l’on pénètre dans des lieux que l’on ne pouvait entrevoir que de l’extérieur. La maison familiale d’Euronymous, la maison maudite à l’orée de la forêt, la chambre de Dead où il se fera sauter le caisson, le backstage des rares concerts norvégiens, Helvete et son sous-sol, le studio du Grieghallen, le propret appart de Vikernes à Bergen où il donnera l’interview fatale, ils sont globalement reconstitués avec un souci du détail historique bluffant.

Mais dans ce théâtre réaliste finement reconstitué les patins agités par Åkerlund transforment le tout en farce bas de gamme.
Déjà le casting choque par son approximation, les acteurs choisis ressemblants fort mal aux vrais personnes. Ce seront Necrobutcher ou Faust, notoirement connu pour être de petites teignes, qui sont incarnés par deux acteurs aussi grands que mous. Le pire du pire étant Varg Vikernes dont n’a été conservé que le côté ado mal dégrossi. L’acteur choisi est très rondouillet, cheveux et yeux marrons et manque totalement de charisme malgré ses plissements des yeux pour faire sournois ou sa démarche exagérément conquérante.
Bien sûr tout cela ne choquera que les méga fans et les hyper-spécialistes. Pour ceux qui découvrent l’épopée et ses protagonistes, il y aura souvent de l’incompréhension face aux motifs et raisons.
On sera fortement agacé par le choix de simplifier et de minimiser le rôle de certains personnages-clés, réduits à l’état de caricatures à demi esquissées, leur rôle et leur impact sur les événements devenant anecdotiques et incompréhensibles.
Ainsi Necrobutcher, pilier co-fondateur de MAYHEM, n’est que le moustachu qui disparaît après s’être offusqué des photos du cadavre de Dead prises par Euronymous ; Faust n’est que le grand mou muet dont la fascination pour les films d’horreur servira à expliquer le meurtre qu’il commettra tandis qu’il n’est jamais fait allusion à son poste de batteur auprès des mythiques THORNS et EMPEROR (excusez du peu) ; au moins l’acteur choisi pour incarner Metalion est ressemblant (le gros très joufflu) mais sa fonction est réduite à celle d’un mec qui prend des photos alors qu’il fût le pape du tape trading, un activiste crucial et un témoin privilégié à travers son fanzine Slayer Mag.
Pour une raison qui ne pourrait s’expliquer que par un désir de simplifier la fin, Snorre Ruch, alias Blackthorn (THORNS, MAYHEM), qui fut l’accompagnateur malheureux de Vikernes dans son voyage nocturne en bagnole entre Bergen et Oslo, témoin traumatisé du meurtre sanglant d’Euronymous et qui finira en prison pour cette complicité passive, est tout simplement absent du récit. Il est remplacé et confondu avec l’acolyte qui était chargé de l’alibi, simplement crédité au générique sous le nom de "Varg's driver", incarné par un metaleux passablement nerveux et stupide qui accompagne bel et bien Varg mais reste dans la voiture et n’est témoin de rien.

Si le "Varg’s driver" n’a pas de nom, le personnage de Fenriz de DARKTHRONE est lui bel et bien crédité au générique, fait surprenant car on le pensait totalement absent du film, ni mis en scène ni même simplement nommé. En fait on l’entraperçoit simplement comme l’un des metalleux qui traînent dans le sous-sol de Helvete (on le reconnaît par son pendentif.) Drôle de situation donc, car en réalité c’est un des acteurs les plus influents de l’Inner Circle, leader de DARKTHRONE (qui sortit le premier album de Black Norvégien), qui fait ici de la figuration quasi anonyme.

En revanche, Ann-Marit, la fan-photographe qui devient la chérie d’amour d’Øystein prend une place à l’écran et dans l’histoire bien supérieure à tous les personnages cités plus haut alors qu’historiquement personne ne parle d’elle. Il existe bien une vieille interview d’une ex-copine qui serait rentrée dans son pays une semaine avant la mort du guitariste mais sans lien avec le personnage inventé pour le film.
Du coup son rôle ne peut s’expliquer que par la volonté de dépeindre un Øystein qui se délivre d'Euronymous (et coupe ses cheveux !), renouant avec la vie juste avant de mourir.

D’une manière générale la psychologie des personnages est réduite à quelques archétypes simplistes et la direction des acteurs plutôt basique peine à rendre compréhensible les enjeux ou à créer de l’empathie avec les personnages.
Les aspects les plus importants et les dynamiques des personnages sont traités en surface. Le passé, les principales activités, les ressorts profonds ou les blocages des deux principaux protagonistes sont à peine esquissés alors qu’ils sont cruciaux pour comprendre leurs ressorts. Quid de la passion pour Tolkien et les jeux de rôle de Varg ? La boulimie de correspondance d’Euronymous fait l’objet d’à peine quelques secondes anecdotiques.

Comme l’a parfaitement expliqué Volthord, la musique et l’idéologie (les deux éléments les plus importants) constitueront un simple décorum d’une histoire qui fonce droit devant elle en donnant des tonnes de clins d’œil comme autant de cases à remplir mais sans leur laisser la place de devenir signifiantes.
Le scénario se borne quasi exclusivement à enchaîner les faits majeurs (arrivée de Dead, suicide de Dead, ouverture de Helvete, incendies d’églises, etc) et en oublie d’autres assez importants en route. La tournée catastrophique qui passa par le squat punk de Leipzig est par exemple absente. On ne parle pas du rôle de Pygmalion encourageant d’Euronymous auprès des petits nouveaux venus (ENSLAVED, entre autres).

À défaut d’explorer, même légèrement, la spécificité artistique du genre, l’appellation "True Norwegian Black Metal" est répétée comme un mantra. Aucune contextualisation, aucune référence à l’underground (le mot n’est jamais prononcé), on ne parle pas du Death Metal contre lequel le Black Norvégien s’est monté. La difficulté pour Euronymous de concrétiser sa musique face à un Varg hyper prolifique aurait facilement pu être évoquée et ainsi mieux expliquer la rivalité mais le réalisateur a préféré mettre l’accent sur la quantité de nanas qui passent à la broche comme indicateur de réussite.

Je terminerai cette longue Kro-Xpress sur les scènes de violence qui sont dépeintes avec une froideur de Snuff Movie et sans que l’on pige quoi que soit aux motivations profondes.
Les trois faits sanglants (suicide de Dead, meurtre d’un homosexuel à Lillehammer par Faust, meurtre d'Euronymous dans sa cage d’escalier par Vikernes) sont traités avec voyeurisme sans autre forme de mise en scène que celle de la fascination chirurgicale pour les coups de couteau. On voit bien que le réalisateur cherche à faire de nous des témoins (complices ?) de cette violence trop froide que les personnages semblent perpétrer sans émotion, faisant d’eux des psychopathes.
La scène du suicide de Dead, si elle est recrée visuellement de façon factuelle, choque par la crudité de film gore dépourvu d’émotion ou de sens. La dépression est certes mentionnée, la fascination morbide est allègrement étalée mais nulle mention n’est faite de l’isolement du Suédois en Norvège, de l’extrême pauvreté, de la surenchère dans laquelle il est poussé, on rate tout le tragique de son suicide alors qu’il escomptait rentrer chez ses parents et reprendre ses études d’art graphique (on a juste le droit à un bref message de son père sur le répondeur tandis qu’il se tranche les poignets).
L’assassinat d’Euronymous conclut le film de la plus pitoyable des manières. Alors que le récit des événements est sujet à polémique puisque le seul à avoir vécu toute la scène est le coupable, Åkerlund a opté pour une version extrêmement partiale (que personne ne peut corroborer) qui va servir son propos : Vikernes est une gigantesque enflure, un méchant total qui se débarrasse d’un gentil Euronymous non-violent et raisonnable (et en plus il maltraite les groupies qui font la queue pour se prendre la sienne). D’ailleurs les mythiques vingt-trois coups de couteau sont allègrement amplifiés sans aucune raison (j’en ai dénombré environ trente-cinq). La mise en scène de la mise à mort est montrée comme sang pour sang prémédité par un Varg qui prend son temps et son plaisir (alors qu’on sait qu’il y a eu une course-poursuite dans la cage d’escalier).

Le film s’arrête sur une voix off débile du leader de MAYHEM commentant sa propre mort avec un message positif du genre "hey, c’est pas triste, j’suis l’inventeur du Black, et vous, qu’avez-vous fait de votre vie ?", qui arrive comme une mouche sur les multiples plaies et sonne comme un contraste ridicule quelques instants après le meurtre aussi spectaculaire qu’injuste.
À peine verra-t-on les méchants attrapés par la police que c’est déjà le générique. Rien sur les mois de doutes et de paranoïa dans la communauté (beaucoup croyaient que c’était un coup des Suédois, vu le nombre de menaces de mort échangées), les investigations qui piétinent, les procès hautement médiatiques qui détruiront définitivement le mouvement et la vie de beaucoup de gens, la lourdeur des sentences, etc. Rien non plus sur la refondation de MAYHEM décidée à l’enterrement d’Euronymous, rien sur l’explosion mondiale de la mode du Black suite au cirque médiatique, aucune mise en perspective, rien.

Personne n’aurait pu traiter le sujet à moins de s’appeler Oliver Stone, de faire fondre le mythe, la musique et la réalité. Même un traitement avec différents points de vue sur le mode de l’enquête aurait été bien plus pertinent.
Mais le ver était dans le fruit, en décidant de reprendre le titre du livre controversé qui instrumentalisait les faits disparates pour faire du sensationnel et transformer tout le Black en antichambre du nazisme, Åkerlund a opté pour le pire. C’est donc un film à voir, très bon sur certains aspects, totalement à chier sur d’autres, en sachant qu’il est stupidement partial et dangereusement incomplet.

À au fait, ce texte comportait tous les SPOILERS du monde, désolé. Prenez ça pour de la réinformation.

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   VOLTHORD

 
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   PERE FRANSOUA

 
   (4 chroniques)



- Jonas Åkerlund (réalisateur)
- Rory Culkin (Øystein aarseth)
- Emory Cohen (varg vikernes)
- Jack Kilmer (dead)
- Sky Ferreira (meuf bonne)


1. Suicidal Winds - Celtic Frost
2. A Grey Sun, The Dark & The Spirits Of The Depths
3. Deathcrush - Mayhem
4. Funeral Fog - Mayhem
5. Pagan Fears - Mayhem
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40. Locust - Malparidos
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42. The Host Of Seraphim - Dead Can Dance



             



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