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FILM - Bohemian Rhapsody (2018)
Par JEFF KANJI le 7 Novembre 2018          Consultée 6219 fois

Avant même de sortir, "Bohemian Rhapsody" était déjà une légende. Une sorte de "Chinese Democracy" du biopic, un édifice qui paraissait tellement insurmontable qu'il était voué à se planter autant qu'à recueillir le succès populaire. QUEEN reste une référence très rentable, vingt-sept ans après le tragique décès de Freddie Mercury. Et le succès retentissant dans les salles et les critiques beaucoup plus incisives sont totalement à l'image de ce qu'a vécu le groupe tout au long de sa carrière. Moqué, conspué par les critiques anglais (et dont on peut lire plusieurs citations au cours du film), QUEEN a construit sa légende en écrivant une musique ultra personnelle, parfois opportuniste, et en établissant une connexion forte avec son public, que le catalyseur Mercury tenait dans sa main.

Vous le savez sans doute depuis longtemps maintenant, QUEEN est mon artiste préféré de tous les temps. Je voue une admiration et une passion sans bornes pour la créativité, l'image et la carrière de ce quartette unique reposant sur quatre individualités des plus fortes, et non moins brillantes. QUEEN a bouleversé ma vie à plusieurs reprises et m'a mené sur le chemin de vie que je suis depuis mes premiers émois à l'écoute de "Bohemian Rhapsody" dans la voiture de mon oncle où la B.O. de "Wayne's World" tournait en boucle, à cette attirance précoce pour les synthés que l'introduction du single "I Want To Break Free" diffusé régulièrement sur les ondes de Chérie Fm et RTL2, jusqu'à ce jour d'avril 1999 où ma vie a changé pour toujours à l'écoute de "The Show Must Go On".

J'ai vu le film lundi dernier pour la première fois (et en VF). J'étais tellement retourné et rempli de sentiments contradictoires qu'il m'a fallu y retourner pour faire le tri dans le mélange de réussites que je voyais dans le film, n'oubliant aucun protagoniste (à part Barbara Valentin, l'idylle de Freddie à l'époque munichoise), et accordant une importance nécessaire à Mary Austin, Paul Prenter et Jim Hutton, les trois acteurs fondamentaux de la vie de Freddie Mercury et qui ont structuré sa vie intime. On y voit aussi l'interdépendance très forte des quatre membres de QUEEN, jusqu'à cet épisode subitement drôle où Roger Taylor pète les câbles mais où les membres du groupe pensent en dernier recours à l'essentiel pour continuer à travailler : la cafetière ! Le rôle de Kenny Everett bien sûr, qui va lancer "Bohemian Rhapsody", première immersion voyante de Freddie dans l'univers Gay de cette époque. On y découvre aussi de nombreux détails seulement connus des fans, du vrai travail fait sur le fond et l'authenticité, avec en prime des acteurs excellents dans leur rôle, notamment Gwylim Lee qui campe un Brian May plus vrai que nature, jusque dans sa façon de parler quasi aristocratique. Mais il faut rendre les honneurs à Rami Malek – Mr Robot – qui fait plus que confirmer son talent d'acteur, campant un Freddie plus vrai que nature, même si la ressemblance n'est bien sûr pas parfaite, la gestuelle et le tempérament de rockstar étant parfaitement retranscrits. Quand je parle de détail, vous remarquerez, nerds musiciens, qu'à chaque fois qu'un plan est fait sur Rami pendant qu'il mime (ou joue) du piano, il joue les bonnes notes ! Assez bluffant (quand il fait la démo, mains à l'envers du premier thème de "Bohemian Rhapsody" à Mary Austin, ou encore quand il interprète "We Are The Champions" au Live Aid).

Ce film me retourne car il conforte des sentiments que j'ai depuis très longtemps sur l'essence même de QUEEN et sur les conflits internes qui habitaient son leader à la jeunesse chahutée. Cela reste encore tabou, mais je pense, tout comme Kash, la sœur de Freddie (ici interprété par la jeune Priya Blackburn, magnifique jeune femme, qui apporte un piment tout à fait réjouissant aux moments qu'elle partage avec ses parents et son frère), que l'identité sexuelle de Freddie était troublée depuis ses années de pensionnat où il a été, je pense, abusé enfant. Le grand public y découvrira que l'amour de sa vie demeurera Mary Austin pendant vingt ans, même si celle-ci a beaucoup de mal à encaisser la bisexualité de son compagnon quand elle finit par lui tirer les vers du nez courant '76, restant néanmoins auprès de lui, plus ou moins éloignée suivant les époques, ses années new-yorkaises et munichoises marquant des pauses plus ou moins marquées dans leur relation, ce que le film retranscrit bien, malgré quelques raccourcis qui servent la trame narrative. L'exemple-type est cette reconstitution de l'orgiaque fête donnée par Freddie pour ses trente-neuf ans, après laquelle il va subitement tout plaquer et rentrer à Londres, que le film décide de situer au début des années 80, quand Freddie est au summum de la débauche et de l'emprise qu'exerce Paul Prenter, son manager personnel, sur lui. Fan-service également avec la présence de Mike Myers qui incarne un directeur artistique excellent dans son rôle, sorte de conglomérat des décisionnaires qui ont soutenu le groupe à un moment donné, mais auquel l'intransigeance et la vision de QUEEN ont toujours fini par triompher. Il en va de même de la rencontre entre Brian, Roger et Freddie, après que Tim Staffell vienne de les lourder, les quatre se connaissant déjà bien à l'époque, Tim partageant même son appart avec Freddie Bulsara alors qu'ils fréquentent tous deux le Ealing College. Certains évènements sont un poil romancés pour servir la trame narrative et ne mentent pas sur le fond des choses et c'est le plus important.

On peut se féliciter de tous ces détails sur la façon de fonctionner des membres de QUEEN entre eux, stimulant leur créativité, autant à l'écoute les uns des autres que fermes sur leurs exigences artistiques et sur les anecdotes ayant construit la légende du groupe, de la volonté de Freddie de ne pas se faire refaire les dents de peur que cela modifie sa voix (évoqué lors de sa discussion avec Brian et Roger au début du film), de l'idée d'utiliser une perchette de pied de micro après un accident live lors de l'un des premiers concerts de la formation, des sessions expérimentales qui vont finalement finir par attirer l'attention de Norman Sheffield sur le groupe et leur permettre de signer chez Trident (même si les deux noms ne sont pas évoqués, le premier de façon assez évidente, le groupe ne souhaitant pas, on l'imagine, faire de la pub à l'escroc qui empochait toutes leurs royalties jusqu'à ce que John Reid reprenne leurs affaires). On y voit aussi la demande en mariage de Freddie à Mary (même si dans les faits elle ne se concrétisera pas) ou encore les moqueries que subit Roger Taylor par rapport à "I'm In Love With My Car" de la part de ses camarades.

En revanche, il y a des choses qui me chagrinent, et pas juste une ou deux. Le fait d'évoquer si ostensiblement l'influence qu'a pu avoir Paul Prenter sur le groupe et Freddie particulièrement pose des problèmes, notamment quand il est cité à l'origine du renvoi de John Reid, qui aurait été viré par Freddie sans consultation des membres du groupe, ce qui est absolument faux. Les deux parties se sont quittées en termes amicaux fin 1977, et à cette époque, Roger avait déjà commencé à voler en solo, et la période à laquelle l'album de Freddie semble marquer un coup d'arrêt à l'avancée du groupe, Brian bossait sur le STAR FLEET PROJECT pendant que Roger préparait déjà "Strange Frontier". Le groupe avait certes besoin de souffler à cette époque comme le dit très bien Freddie, qui apparaît tel qu'il a souvent été décrit par les gens qui l'ont côtoyé : une personnalité flamboyante, mais profondément bienveillante, qui, malgré ses côtés diva restait prévenant, profondément marqué par une famille zoroastrienne croyante où le "bien penser, bien dire et bien faire" est fondamental. Tout a été extrêmement simplifié, et d'autres moments sont gênants, comme ces sessions de "News Of The World" où Freddie arbore déjà moustache et cheveux courts, alors que ce look apparaît trois ans plus tard. Et je râle devant la première grosse incohérence qui est de montrer une prestation survoltée de "Fat Bottomed Girls" censée se passer à l'époque où QUEEN tourne avec MOTT THE HOOPLE sur la tournée "Sheer Heart Attack", et qui en fait est une reconstitution pour le coup assez fidèle de la tournée "News Of The World". On peut aussi râler sur ce placement de produit de la marque de cymbales Zildjian qui montre ostensiblement un modèle qui n'existait pas en 1985 (sur les prestations du Live Aid), mais là on n'en a pas fini... Il y a également cette volonté exprimée de partager tous les crédits d'écriture (qui en réalité apparaît pour les sessions de "The Miracle") et cette façon dont Freddie annonce qu'il est malade, juste avant le Live Aid (Freddie l'affirmera de façon bien plus brutale au cours d'un dîner à Montreux, après avoir reçu un diagnostic positif fiable, les précédents sans doute effectués en 85-86 n'étant pas encore suffisamment pertinents pour détecter la maladie de façon certaine).

Je ne souhaiterais pas présenter sous cet angle le film, qui est aussi dramatiquement fort, même s'il se termine en 1985, passant (presque) sous silence les difficultés à venir de Freddie. Car quand on connaît les circonstances de sa disparition, on sent planer cette menace au-dessus de Freddie dès que sa vie personnelle devient totalement incontrôlable, comme ce spot où l'on entend la découverte du VIH (en 1983 donc), où ces premiers symptômes inquiétants quand il commence à cracher du sang en éternuant, ou encore quand il croise un pauvre sidaïque condamné dans les couloirs. Le danger et l'inéluctabilité de l'issue des excès de l'icône est ainsi très présente même si elle n'est pas utilisée autrement que comme élément dramatique sous-entendu, fidèle aussi à cette volonté qu'avait Freddie de son vivant que la vie suive son cours et qu'on ne s'apitoie pas sur son sort. De même il est juste de voir sa vie se stabiliser avec Jim Hutton, et sa relation avec son père se détendre, une certaine forme d'équilibre retrouvé après une deuxième partie de film assez sauvage.

"Bohemian Rhapsody" raconte ainsi bien la légende qu'avait pu le faire un film comme "The Doors", si ce n'est mieux. Le temps passe à une vitesse folle, le film est touchant, me prenant souvent par surprise émotionnellement, malgré ma connaissance très étendue de QUEEN, et plus que jamais me rappelle à quel point ce groupe et son frontman ont été importants non seulement pour moi mais pour des millions de gens. En ne choisissant pas d'angle particulier pour raconter l'histoire, le rendu est assez neutre, ce qui évite l'hagiographie que je craignais beaucoup avant de voir "Bohemian Rhapsody". En outre, on retrouve la qualité de mise en scène et la photographie (somptueuse) qui sont des marques de fabrique de Bryan Singer (même si le film s'est terminé sans lui). "Bohemian Rhapsody" va sans aucun doute bouleverser chez beaucoup de gens la vision qu'ils avaient de QUEEN et de son légendaire frontman. Et comme le disait un critique sur YouTube, à l'issue de la projection, vous avez une irrésistible envie d'acheter les albums du groupe !

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