J'écoutais il y a peu de temps un des débats sur les genres métalliques animés par Sam Dunn, anthropologue de notre musique chérie, sur la chaîne YouTube de Banger TV (que je vous conseille fortement d'ailleurs). Le style était le Death Technique et le but recherché par Dunn et son invité, à l'aide des internautes ? Énumérer, en ordre d'importance, les groupes-phare du genre. Ces débats sont extrêmement intéressants, car ils nous permettent de mieux comprendre d'où viennent nos formations préférées, car influencées par les leaders de la scène nés il y a vingt-trente ans.

Chaque fois qu'on entend le terme Death Technique maintenant, on pense aux pointures comme OBSCURA, BEYOND CREATION, ARCHSPIRE, DECREPIT BIRTH, GOROD, FIRST FRAGMENT, SPAWN OF POSSESSION, ORIGIN ou NECROPHAGIST, buffet auquel les cinq jeunes musiciens néerlandais se sont servis à volonté. Ce qu'on oublie souvent d'effectuer pour mieux saisir les subtilités de chaque sous-genre est de reculer d'un pas supplémentaire dans le temps et de revenir aux sources, aux racines qui ont solidifié l'arbre « musicalogique ». Chez les groupes majeurs actuels en Death Technique, une bonne poignée a été inspirée du groupe identifié par Banger TV comme étant le fondateur : ATHEIST.

Le respect des anciens, jumelé à la cruauté technique des leaders de la scène moderne sont parfaitement étalés ici. SPECTRUM OF DELUSION attache les deux époques dans une camisole de force dont il est ardu de se libérer. Les ambiances de folie régnant sur "Esoteric Entity" laissent poindre plus qu'un espoir à l'horizon, mais une continuité dans la complexité. Les pachas intellos avides de vomissures vocales et d'hyperactivité musicale se palucheront se bonheur !

Les structures complexes, les mélodies et soli virevoltants, funny, la Fretless vibrante qui a envie de parler ("Ruler Of Cruel"), tous les ingrédients basiques d'un Death Technique accessible et pas trop brutal sont disséminés sur ce premier album. En tant qu'indépendant, SPECTRUM OF DELUSION a dû composer avec des moyens limités pour brusquer, aussi cette baffe initiale est-elle encore plus impressionnante. Surtout quand on pense que selon plusieurs, tout a été dit et riffé dans le genre… Le défi des nouveaux est alors de pondre les compos les plus originales possibles, un programme pas si évident quand on se mesure aux pontes du maelstrom technico-mélodique. "Esoteric Entity", dans ce contexte, mérite nos éloges. Funèbres ou pas, c'est ce qu'on verra dans un futur assez rapproché.

Les Néerlandais ont pris un minimum de risques avec "Esoteric Identity", dont ce saxo sur "Ruler Of Cruel", un album-tremplin fort agréable. Sa courte durée ne devrait pas décourager les fans mitigés, alors que les inconditionnels se le farciront sans doute quelques fois en boucle tellement le quintette arrive à tisser des compositions solides sans grandes improvisations. Du pur bonheur sans fresque ni trompette. De l'agression contrôlée, fantasque au minimum, respectueuse des vétérans et probantes d'une scène actuelle formidable. Allez, on cite muettement une fois de plus Lavoisier et on va se canter.

Un futur meneur si la tendance se maintient et que la concurrence ne le supplante pas…

Note : 3,5/5, arrondi au max pour l'encouragement. Je fais ce que je veux et je sais ce que je fais !

Podium : (or) "Ruler Of Cruel", (argent) "Beyond Affliction", (bronze) "Unborn Tragedy".