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WOLVES IN THE THRONE ROOM - Thrice Woven (2017)
Par PERE FRANSOUA le 8 Novembre 2017          Consultée 5127 fois

Dans la salle du trône les loups siégeaient en rois, avec leurs glorieux faits d’armes narrés sur quatre tapisseries monumentales qui ornent les murs de pierre. "Diadem Of Twelves Stars", la première épopée surprenante qui donna naissance à la légende, "Two Hunters", qui atteignait déjà la perfection, "Black Cascade", la virulente, et "Celestial Lineage", la profonde.
L’adulation par ces loyaux sujets était totale. Novateurs mais respectueux du dogme, bestiaux mais raffinés, extrêmes mais progressistes, nocturnes mais lumineux, ne pouvait-on imaginer de Seigneurs Loups plus aimables ? L’amour pouvait être d’autant plus inconditionnel qu’ils n’avaient pas ce petit air louche et droitier qui frappait d’autres grands suzerains, au contraire même puisqu’ils portaient bien haut l’étendard écolo-gaucho radical de la Cascadie (*).

Mais l’hiver arriva et nos Loups se retirèrent inexplicablement. Peut-être étaient-ils usés par leur règne, fatigués de guerroyer pour protéger leurs si chères forêts, et souhaitaient-ils retourner à une vie plus modeste, pour s’adonner humblement au culte de la Nature ?
Leur réapparition fut une déception et la nouvelle bataille une déroute cuisante. La tapisserie racontant cette mésaventure porta le nom de "Celestite". On la trouve roulée dans un coin de la salle du trône abandonnée et poussiéreuse.

C’est alors que la nouvelle du retour des rois se répandit à travers les bois, annonçant un exploit à la hauteur de leur légende. La nouvelle tapisserie intitulée "Thrice Woven" fut installée avec toutes les trompettes de la renommée sonnant la charge de la hype afin de massacrer les réticences et reconquérir des bastions de sujets extatiques venus toujours plus nombreux assister au miracle.
Autrement dit les Loups ont sorti le grand jeu pour redevenir les numéros uno et laver leur honneur.

"Thrice Woven" sera donc l’album du comeback en mode fan-service après un disque de musique au synthé cheap ("Celestite"), qui en plus d’être assez quelconque laissait entendre que le Metal n’était plus à la hauteur du besoin d’expression des frères Loups. Seulement voilà, tout comme chez leur idole BURZUM, pondre un album au synthé chiant après avoir fait jouir le monde à coups de grattes sonne comme un suicide artistique.

Pour se faire pardonner, Aaron et Nathan Weaver, cette fois flanqués de Kody Keyworth leur guitariste live devenu membre permanent, ont sonné la charge avec un premier extrait "Born From The Serpent’s Eye" particulièrement virulent et incisif, en plus accompagné d’un clip (réalisé par le documentariste Peter Beste) qui exalte la vigueur retrouvée du combo en même temps qu’il fait vibrer toutes les cordes de leur univers. En gros les gars headbanguent à donf en jouant leur Black en pleine nature et de nuit, seulement éclairés par le feu des torches.
Un premier titre imparable où la férocité n’a d’égale que la puissance atmosphérique, la mélodie délivrée par le trio de guitares (oui le trio, car maintenant en live et dans ce clip, un certain Peregrine Somerville est de la partie) est du pur WITTR et lorsqu’on pense que le blast n’ira pas plus loin le morceau rebondit avec encore plus d’intensité pour asséner les riffs les plus assassins de leur carrière et les rugissements les plus râpeux.
Le son des trois guitares entremêlées est impressionnant et fait oublier celui trop brouillon qui entachait le mystique "Celestial Lineage".

À genoux, les rois sont dans la place !
Oui, d’accord mais pas tout à fait.

D’abord, et ce n’est pas bien méchant, le single est tronqué. Le titre percutant offert aux masses ébahies est en fait beaucoup plus long sur l’album. Pour maximiser l’impact le single a été amputé d’une seconde moitié infiniment plus calme où se déploie l’Ambiant éthéré et la jolie voix d’une Suédoise (Anna Von Hausswolff) dans une sorte de grotte aux fées qui sera vite rejointe par les Loups électrifiés pour une balade lancinante. Si l’on ajoute à cela la coupure nette entre les deux parties on a vraiment l’impression de deux morceaux collés entre eux sans plus de raison.

Et puis, et là c’est beaucoup plus embêtant, il y a ce truc qui cloche avec la batterie et qui rend le blast chelou-pas-comme-d’habitude. Difficile de dire exactement en quoi alors on se rafraîchit les oreilles avec le reste de la discographie. On les avait quitté en 2011 avec un "Celestial Lineage" où les blasts se faisaient rares et la production des percussions brumeuse. Mais avant cela ils avaient atteint le nirvana du blast de Black Atmo sur "Two Hunters" et surtout "Black Cascade" qui n’était pratiquement constitué que de belle rage et de vitesse infinie.
Pour comprendre le truc qui me chiffonne sur "Thrice Woven" on se doit de comprendre pourquoi est-ce que la batterie de Weaver sonne si bien sur "Black Cascade". Le monsieur s’exprime sur un kit très dépouillé avec peu de toms, encore moins de cymbales et surtout avec une seule grosse caisse. Eh ouais ! À l’encontre totale de la tendance dans le genre et à mille lieux des barons du styles (Hellhammer, Frost, etc.) mais à dire vrai beaucoup plus proche du minimalisme de BURZUM (une des grandes influences revendiquées) ou du kit simplissime de Fenriz sur le kvlt "Under A Funeral Moon". Avec ce kit Aaron balance un blast avec une caisse claire supersonique MAIS qui est parfaitement contrebalancée par la charleston et la grosse caisse utilisée à l’ancienne, sans double pédale, et qui marque le tempo comme s’il était le pouls vital de Gaia.
Tous ces éléments réunis confèrent une force tellurique et propulsent littéralement la musique. C’est une des choses que j’aime le plus dans l’art de WITTR, enfin "c’était" car sur ce nouveau disque l’équilibre est rompu, la caisse claire mange tout et le battement hypnotique de la grosse caisse est inaudible. Un tel changement tient du micro-réglage, d’autant que l’équipe qui produit est toujours la même (Randall Dunn aux manettes), j’ai conscience de pinailler mais c’est comme ça.
Plutôt violenté dans mes attentes de fan, il me fallut de nombreuses écoutes pour accepter cette nouvelle direction dans la production de la batterie et arrêter de bouder mon plaisir à l’écoute de ce beau disque.

Car oui, "Thrice Woven" est un beau disque, du genre de celui qui mériterait une Sélection du site et une pluie d’étoiles dans le ciel nocturne. Ça aurait été possible si son génial géniteur n’avait pas déjà donné vie à plusieurs chefs d’œuvre ultimes. Néanmoins l’opus nouveau fait bien plus que le job et enchaîne les bons moments, ces quarante-deux minutes passant à toute allure sans laisser le temps de s’ennuyer (oui, il arrive qu’on puisse s’ennuyer avec WITTR, parfois.) Inutile de vous décrire trop précisément les titres, leur déroulé et leur contenu est disponible sur les pages officielles du groupe, de même que la symbolique de la pochette réalisée avec des techniques de peinture médiévale (tempera à l’œuf sur feuille d’or je dirais) par l’artiste et mystique Denis Forkas Kostromitin. On y apprend également que tel titre parle de tel personnage mythologique et c’est bien gentil ça de nous éclairer parce qu’à la lecture des paroles (toujours très succinctes) on ne comprenait pas trop de quoi il était question.

Un seul titre se permettra le tout Ambiant, celui qu’on redoute tant, mais de façon fort brève et c’en est presque dommage car ce "Mother Owl, Father Ocean" qui fait penser à un mix entre MYRKUR et BJÖRK est vraiment sympa. On retrouve la voix cristalline de Anna Von Hausswolff accompagnée des notes féériques de la harpiste turque Zeynep Oyku Ylmaz.
Le reste du disque se permet juste de nous balancer du Black Atmo de très haut vol, à la fois rageur et planant, avec toutes les parties blastées et tous les airs propres au groupe qui font bien plaisir, on attendait que ça et merci bien.

Si on devait chercher la petite bête on se laisserait aller à penser que tout ça est presque trop beau pour être vrai, que ça sonne trop parfaitement comme du WITTR bien calibré. "Angrboda" (du nom de la maman du terrible loup Fenriz) et "Fires Roar On The Palace Of The Moon" déchirent avec moult trémolos épiques et force blasts avant de nous refaire tous deux le coup de la rupture à mi-morceau avec une seconde partie plus lente et atmosphérique. Le dernier morceau, après le break Indus-Ambiant et une reprise pesante, se permet une conclusion nerveuse en finissant sur le blast du début.

La véritable originalité, la bonne surprise jamais entendue chez eux, sera "The Old Ones Are With Us", qui propose pour la première fois un chant clair masculin, eux qui nous avaient habitués aux jolies voix de fille. C’est Steve Von Till, le chanteur de NEUROSIS, qui délivre une complainte de cowboy au coin du feu de camp, s’accompagnant d’une gratte sèche, qui fera penser à un Johnny Cash perdu dans les plaines de l’Ouest ou plus récemment à ME AND THAT MAN, le projet Dark Country de Nergal (BEHEMOTH). Entre ces moments nos Loups égrènent leurs atmosphères jusqu’à en délivrer toute la force émotionnelle à coups de murs de disto et de belles nappes de claviers planantes.

Oyé, oyé, les petits jeux de trônes sont finis, que les bouffons quittent la salle, c’est le retour des rois-Loups en majesté.
Dans toute la Cascadie les arbres se dressent, les torrents glapissent, le mucus frétille, les pierres roulent, car les hérauts du biorégionalisme sont revenus chanter la beauté mystique du territoire aux cascades et hurler leur haine envers l’humain qui salope tout.
Nos sombres bardes forestiers signent donc un retour percutant avec ce disque qui est à la fois une synthèse de leur carrière et une porte ouverte sur l’avenir. On peut parler de franche réussite. Ainsi le mal est réparé, on fait la paix pour de vrai, moult léchouilles tout partout, les loups dans la salle du trône peuvent de nouveau être votre groupe préféré.
"Thrice Woven", malgré toutes ses qualités ébouriffantes, souffrira seulement de ne pas être tout à fait à la hauteur des précédentes épopées dont il n’égalera ni la fraîcheur, ni la qualité d’écriture, ni la charge émotionnelle (et je ne reviendrai pas sur la sonorisation de cette foutue batterie). De toute façon personne n’imaginait qu’ils puissent surpasser leurs plus hauts faits d’armes.
Allez, ce n’est pas bien grave, nos Américains sont de retour au top de leur game et disposent de tous les atouts pour nous faire de beaux concerts.


(*) Je vous laisse vous documenter, au hasard je dirais sur Wikipedia, sur la Cascadie et le concept de biorégion, dont nos Loups se veulent être les bardes.

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   (2 chroniques)



- Nathan Weaver (guitare, vocaux)
- Aaron Weaver (batterie, claviers)
- Kody Keyworth (guitare, vocaux)


1. Born From The Serpent's Eye
2. The Old Ones Are With Us
3. Angrboda
4. Mother Owl, Father Océan
5. Fires Roar In The Palace Of The Moon



             



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