Je n'arrive pas à croire que le dernier KREATOR date déjà de 2012. La formation allemande prend depuis vingt ans le temps de peaufiner ses idées et je dois dire que le niveau d'excellence affiché depuis "Endorama" est assez épatant et n'a pour ainsi dire pas de rival. C'est simple, on s'attend à du très bon dès qu'on voit poindre un nouvel opus du quartette.

Et une nouvelle fois avec "Gods Of Violence" on n'est pas déçu ! Le style alliant Thrash Metal SLAYER-ien et Heavy Mélodique a trouvé son parfait équilibre sur "Phantom Antichrist". Le groupe, sans doute soucieux de ne pas se répéter, va encore plus loin sur ce nouveau disque, et je peux comprendre certaines critiques à son égard, notamment le fait qu'un aspect Power Metal a tendance à s'inviter trop régulièrement, sur les refrains surtout, certains ne manquant que de chant clair pour devenir des hymnes bombastiques comme on les aime.

Sami Yli-Sirniö est à la fête sur ce disque et ses soli mélodiques participent grandement à cette sensation de variété que l'on ressent tout au long des onze titres de la galette. KREATOR a un discours jamais 100% Thrash, et l'album, très équilibré au demeurant est constitué à 50% de titres Thrash Mélo (les premiers notamment, avec une pièce-titre démentielle, un "World War Now!" qui n'aurait pas dépareillé sur "Hordes Of Chaos", et un "Totalitarian Terror" qui porte son nom à merveille.

Et on trouve aussi des surprises, comme ce "Death Becomes My Light" final, où les couleurs "Endorama" et la voix grave de Mille Petrozza s'invitent à la fête (de retour aussi sur "Lion With Eagle Wings"), ou encore un "Army Of Storms" très Power avec chant clair et lignes mélodiques. Au départ on se dit qu'effectivement KREATOR dilue un peu plus son Thrash autrefois tellement totalitaire ("Endless Pain", "Pleasure To Kill") puis au final on termine l'album avec la sensation d'avoir bien mangé sans s'être gavé.

Et c'est bien la plus grande qualité de "Gods Of Violence", car contrairement aux trois-quarts des albums de KREATOR, on n'en ressort pas épuisé. À la fois subtil (les arrangements disséminés ici et là viennent apporter du relief) et toujours énergique au point de vous pousser à vous dépasser sur un tapis de course (véridique), KREATOR n'a pas perdu ce côté viscéral ("Gods of viooooolence, gods of violeeeeeeence!!!") cathartique qui fait tellement de bien. En résumé, un album digeste, un niveau d'écriture toujours affûté, et des nuances (doucement hein, on parle de KREATOR quand même) qui assurent à "Gods Of Violence" une belle durée de vie sur les platines. Une nouvelle fois la machine allemande a fait mouche.