La première fois que j'ai vu NAPALM DEATH j'ai pris une double décharge de pieds-bouche au lanceur de patates en observant Barney tourner en rond en mode street sans se départir de sa gueule d'anglais sale délavé par la crasse des quartier industriels de son pays de tueurs de prostituées. Une bonne façon de comprendre le sens de l'expression "fuck it" et une porte d'entrée dans le monde de la brutalité gratuite, imbécile et sauvage. Et quand NAILS a envahi le monde du Powerviolence en Roosevelt époque Overlord je n'ai pas tout de suite compris que le dieu de la débilité venait de balancer le messie sur Terre.

Il paraît que le blitzkrieg a pu réussir car Hitler avait commandé une sacrée dose de méthamphétamine. Ses übermenschen étaient donc dopés avec la fine fleur de la drogue, celle que Frédéric Beigbeder met dans ses Chocapic quand il n'est pas occupé à sniffer autre chose sur la peau douteuse d'une groupie estampillée Canal. On peut dire qu'en terme de mérite de la race supérieure, Hitler s'est bien foutu de notre gueule, et les abrutis de néo-nazis devraient ouvrir un service après-vente du racialisme, mais qu'importe, le fait est que NAILS, lui, accomplit un blitzkrieg sans rien dans le sang que de la rage pure et un fort soupçon de puérilité sous-jacente.

Car pour balancer des purges semi-Death semi-Hardcore comme "Wide Open Wound" ou des mosh part qui déclenchent des séries de pompes chez tous les porteurs de casquettes avec "No Surrender", il faut avoir conservé son âme d'enfant. On gagera que l'enfance n'a rien à faire là-dedans, mais on pourrait aussi dire que NAILS est le Sausage Party du Powerviolence en miroir inversé.

Non mais écoutez "Suum Cuique" et dites moi que vous ne voulez pas vous mettre instantanément à pousser de la fonte pour vous tailler des pecs à la latino des bas-fonds de Miami! On croirait presque que NAILS a inventé le groove des mosh parts tant il rivalise de maîtrise et de saveur! C'est à la fois gras et subtil, un produit que Robuchon lui-même aurait appuyé de son doigt boudiné.

Ce gras est amené par la fameuse pédale d'effets utilisée par ENTOMBED et tous les groupes de Death bien crétins des années 80, qui permet aux guitares de sonner comme si la terre d'un cimetière venait chanter dans le micro de l'ampli de Jimmy Hendrix. Cela permet à "Abandon All Life" de transpirer le Death Suédois, alors qu'il est un rejeton bâtard du Hardcore le plus incisif, et du Death le plus rampant ("God's Cold Hands", dont la fin atteint le summum de la débilité). NAILS est un condensé pur jus du meilleur des deux styles, avec une touche de violence supplémentaire, histoire de s'imposer sur la scène, avec les deux pieds, et souvent dans la gueule.

"Abandon All Life" est l'album le plus réussi à ce jour de NAILS car il est empreint de vélocité, de folie et de riffs tous plus assassins et crétins les uns que les autres. Quand le morceau dépasse la minute, c'est pour mieux enfoncer le clou question consanguinité, et quand il ne la dépasse pas, c'est pour mieux faire comprendre que le Punk n'est pas mort, mais qu'il ne ressemble plus vraiment à deux accords mal joués sur un ampli pourri par des mecs aux cheveux de fashion victim. A la place NAILS envoie "Tyrant", jouée par des mecs aux crânes rasés, sur des amplis de champion et avec un blast beat tellement satanique que l'écouter trop de fois promet de faire élire Fillon l'année prochaine. Sur ce, faites vous plaisir dans vos mornes vies et allez écouter un produit d'époque, bande-son parfaite de cette année de merde.