L'impensable a fini par arriver. Après toutes les évolutions, les expérimentations, les retours aux sources, les anglais ont osé laisser remonter leur passé le plus obscur, tout en regardant vers l'avenir. Un rêve de fan devenu réalité.
Nul doute que les échappées Death Metalliques de Greg Mackintosh au sein de VALLENFYRE ainsi que la participation aussi inattendue que jouissive de Nick Holmes au sein des bouchers suédois de BLOODBATH, ont permis aux deux artistes de redécouvrir le plaisir d'être extrême tout en étant adulte.
Néanmoins les années ont passé et ce nouveau disque, loin d'être une repompe stérile d'une époque révolue, sait habilement embrasser toutes les qualités que le groupe a développé et poli au fil des années (de mélodicité et de songwritting, notamment) pour l'associer avec cet extrémisme retrouvé.

Il en résulte un disque de véritable Doom Death, mélodique et enivrant, sentant bon la tristesse et le deuil, beau de bout en bout, sachant être à la fois très sombre et très lumineux (le grandiloquent "Return To The Sun"), agressif et menaçant (l'excellent "Flesh From Bone", titre le plus rapide du groupe, et son riff Black Metal bourdonnant), pesant et désespéré ("Sacrifice The Flame", et surtout "Beneath Broken Earth", premier single radical et archi lent, à la limite du Funeral Doom ).
On retrouve bien sûr cet alliage de muscle (rythmiques énormes) et de grâce, avec ce sens toujours aussi génial de la mélodie mélancolique portée la guitare de Mackintosh (le déchirant "An Eternity Of Lies", l'imparable "Victims Of The Past, l'addictif "No Hope In Sight", et leurs alternances voix claire/voix Death).

Pour notre plus grand bonheur Mr Holmes délivre un growl rapeux et profond, convaincant et audible, dans la ligné de sa prestation sur "Grand Morbid Funeral" (en plus posé et habité) et légèrement différent de son timbre de début de carrière.
Il parait qu'il se retenait depuis longtemps de growler sur scène avec PARADISE LOST de peur que cela ternisse sa voix claire. C'est en fait tout le contraire, les raclements funéraires devant lui dégager la gorge, il a rarement aussi bien chanter en concert. L'autre avantage est que ses grognements le dispensent d'utiliser son chant clair "poussé-légèrement-crié" (à l'exception du dynamique "Punishment Through Time"), qui, s'il est sympa sur disque, est une vraie catastrophe en Direct Live (et doit subir un lifting sur les enregistrement des concerts).

Moins immédiatement tubesque que d'autres albums de la bande d'Halifax, "The Plague Within" devient vite indispensable, creusant un peu plus profond dans votre âme à chaque écoute.
En plus de faire la joie du public, il fait plaisir à ses géniteurs qui l'ont joué avec bonheur quasiment en entier (fait rare!) lors de leur dernière tourné.
Il est bon parfois de vieillir et d'atteindre ce stade où l'on a plus peur de l'image qu'on renvoie, où l'on se fait plaisir sans tabou, et où on sait être un homme tout en s'éclatant comme un ado débordant de verve créative.