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DOOM-DEATH ORCHESTRAL  |  STUDIO

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2016 1 A Winter's Tale
 

- Style : Carach Angren, Septicflesh, Abstract Spirit
- Membre : Borknagar, Highland Glory, Ihsahn, Old Man's Child, Susperia, Spiral Architect
 

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ABYSSIC - A Winter's Tale (2016)
Par WËN le 23 Mai 2016          Consultée 5388 fois

Ordo ab chao. Qu'importent de fabuleuses éternités, le temps, par-delà d'antédiluviennes ères, s'en est fait l'infaillible factionnaire : l'ordre naît du chaos. Des bouillonnantes masses de matières magmatiques en perpétuelle fusion; de la fougue des éléments déchaînés se heurtant avec fracas les uns aux autres; de l'électron orphelin venant exciter ses infinitésimaux comparses; tout, absolument tout a l'ordre, si mortel et silencieux soit-il, pour finalité … avant qu'immuablement ne se re-déclenche une énième révolution systématiquement plus vigoureuse que la précédente et en charge de replacer les pièces de ce titanesque échiquier selon sa propre fantaisie.

Il en va ainsi en musique, où beaucoup d'idées ont déjà été jetées sur la partition au cours des derniers siècles, bousculant les valeurs, redéfinissant les standards. Tout est parfaitement huilé, confortable à l'écoute, quand soudain un nouveau trublion vient pointer le bout de sa gamme pour tenter crânement de bousculer l'ordre établi. Qui s'en plaindrait ? Moi ? Non ! Vous ? Je ne l'espère pas non plus. Car je vous le demande : n'est-il pas de sentiment plus jouissif, alors que toutes les ficelles d'un style ont été élimées à force d'être trop lourdement tirées, que de découvrir une entité nouvelle aux sonorités ou aux structures encore vierges de tout consensus ? Bref, pleine de fraîcheur, quitte à devoir parfois carrer un bon doigt dans le fondement de la bienséance musicale !

Alors que nos compatriotes d'Osmose Productions officialisaient à peine leur nouvelle signature dans un semi et malheureux anonymat circonstanciel, la tempête ABYSSIC venait déjà faire trembler les fondations même de la citadelle Nightfolle - annonçant son lot de nuits sans folies - au moment même d'attribuer disques et chroniques à vos dévoués et serviles scribes. Car malgré un océan d'écart (certains d'entre nous résidant au Canada), nous étions plusieurs à nous tenir à l’affût de ce bon coup, aguichés par l'odeur de soufre qui s'en dégageait aux premiers abords (cette pochette) … et décemment, je ne pouvais me résigner à ne pas vous coucher quelques paragraphes à son propos. Car si la bête, terrée depuis 20 ans au fond d'une sombre grotte norvégeoise, n'a pas manqué d'attiser notre intérêt, ce n'est pas - tout du moins me concernant - pour son line-up de bourlingueurs (BORKNAGAR, IHSAHN, OLD MAN'S CHILD, GROMTH ou SUSPERIA) mais bien pour une certaine originalité dans le(s) style(s) qu'elle se permet d'aborder sur ce premier véritable effort (une première démo 2-titres ayant été enregistrée sous le patronyme de ABYSSIC DREAMS en … 1997). Je me permets de déballer mes pluriels mais à juste raison, puisqu'il faut savoir qu'en quatre titres (pour 80 minutes, d'aucuns penseront que ça sent le traquenard) la musique du quatuor saura sensiblement osciller entre différents sous-genres d'un Doom - forcément - de bon aloi.

Ainsi, sur une base Doom-death avérée, ABYSSIC va d’emblée nous envoyer tourbillonner en une valse fatale avec les éléments, y apposant fièrement sa griffe en la parant d'atours orchestraux loin d'être monnaie courante dans un style par définition très codé et d'habitude plutôt réfractaire à toute innovation trop virulente. Cet enrobage, tissé de claviers, de synthés et d'échantillonneurs variés (la bio mentionnant minimoog et mellotron) au détriment d'un véritable orchestre dans toute sa fière et grave stature, demeure pour le moins très convaincant dans sa réalisation. Voilà déjà une belle preuve d'originalité et une sacrée occasion de se différencier de la concurrence; Non pas que ses confrères ne savent pas user ni même abuser de claviers et de nappes lorsqu'il s'agit de jouer sur la solitude de l'auditeur ou de renforcer le désespoir inhérent à leurs œuvres, mais utilisés de cette façon, avec audace et une certaine grandiloquence (sans jamais tomber dans le pompeux), nos norvégiens parviennent à développer un Doom-death plutôt fusionnel, tantôt épique et mélodique sur les titres les plus courts (pardon, les moins longs, "Funeral Elegy" et "Sombre Dreams" affichant tout de même respectivement 12 et 15 minutes), tantôt plus solennel (mais là encore jamais vicié) lorsqu'il tire davantage vers le Funeral-doom (pour les deux autres pavés d'une moyenne de 25 minutes chacun). Voici pour ces fameux deux formats évoqués plus tôt.

D'ailleurs, des premières écoutes du pachydermique titre éponyme et de ses nombreuses digressions allant et venant autour de deux thèmes récurrents, je reste résolument sur cette irrémédiable sensation d'un SEPTICFLESH qui, à l'aube de sa résurrection, aurait finalement succombé aux sirènes d'une ineffable lenteur tout en sachant préserver ce quelque chose de mystique et d'hypnotique propre à son illustre passé ("Mystic Places Of Dawn", puisque il y a résolument un quelque chose sous-jacent de très old-school dans la démarche d’ABYSSIC). Car, quitte à vous dépeindre un peu le tableau, c'est définitivement de ce type d'orchestration que le quatuor drape ses compos, affirmant son obédience à ses SEPTICFLESH, CARACH ANGREN et autres SAILLE d’aînés, passant outre de trop boursouflées et pâteuses mélodies. Le growl, sourd et grave, saura lui aussi inévitablement nous ramener à ses ascendants grecs. Mais là où le groupe apporte encore quelques pierres supplémentaires à ce sanctuaire sonore qu'il nous bâtit là, c'est sans doute en parvenant à diversifier ses sonorités. Certes, les passages plombés s'alternent ainsi aux pauses plus oniriques - où les guitares claires prennent davantage de place - de façon plutôt classique (parfois même trop prévisible) mais l'apport d'une contrebasse (à ma connaissance seuls leurs funeral-doomeux de voisins de TYRANNY aiment à en parsemer leurs partitions) frottée avec conviction lors des parties les plus orchestrales assure son lot de sursauts dramatiques. Les échantillonneurs évoqués plus haut, savent aussi créer un décalage plutôt inattendu en faisant, par intermittence, sonner le tout de façon résolument plus moderne ("A Winter's Tale", "Sombre Dreams"). On aimera ou pas ; je trouve personnellement l’idée appropriée pour apporter un peu de fraîcheur, à condition d’avoir enterré la sotte idée que ABYSSIC désire jouer avec les même émotions extrêmes qu’un EVOKEN ou qu’un ESOTERIC, pour ne citer que deux ténébreuses monstruosités squattant les plus obscures profondeurs du genre. D’ailleurs avec une démarche si personnelle, il demeure bien dur d’en dégager de quelconques influences. Outre les orchestrations que nous venons d’aborder, on pourra penser à la paire SATURNUS/OFFICIUM TRISTE au détour d’une mélodie de guitare ou d’un piano décadent, éventuellement à DOOM:VS le temps d’un riff plus traînant et pourquoi pas à NOVEMBERS DOOM pour la batterie et l’efficacité de la production, mais dans sa ligne directrice je n’aurai guère plus d’éléments de comparaison à vous soumettre.

Ce "A Winter's Tale", novateur, inventif et limite épique car non dénué de rebondissements, se veut donc être une très bonne surprise de ce premier trimestre 2016 et saura proposer son lot d’arguments convaincants et nécessaires à marquer les esprits. On pourra encore observer quelques légers défauts, comme le schéma des titres (un court, un long et rebelote), des textes pleurant l’être aimé parfois un peu ‘plan-plan’, ou encore un riffing pas toujours des plus fouillés et parfois phagocyté par les orchestrations. Et pourtant, quand les guitares prennent de l’assurance, couplées avec ce qu’il faut de double pédale, là oui, elles savent raboter les gencives (cf. "Sombre Dreams"). Quoi qu’il en soit, en aucun cas ce trio de remarques - même si il empêche à cet opus de s’attirer la note maximale - ne saurait nuire à l’écoute ou au plaisir de la découverte. Et si d’aventure ABYSSIC décidait de s’attabler à un successeur en fouillant davantage tout ça, il est fort à parier qu’il parviendra sans peine à marquer, en les défonçant, les an(n)al(e)s … et ça risque de faire très mal !

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Par MEFISTO




 
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   (2 chroniques)



- Memnoch (chant, basse, contrebasse)
- André Aaslie (piano, orchestrations, chant)
- Elvorn (guitare)
- Asgeir Mickelson (batterie, guitare)


1. Funeral Elegy
2. A Winter's Tale
3. Sombre Dreams
4. The Silent Shrine



             



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