"It grows on you".
C'est l'expression qui me vient le plus instinctivement en tête pour décrire ce "Mariner" (sa contrepartie française n'est pas très idiomatique, vous m'excuserez donc mon snobisme). À l'époque de sa sortie, je pensais que "Mariner" était un album inégal, une parenthèse intéressante à la croisée de deux carrières. Ni plus ni moins qu'un bon album. Cinq ans plus tard, impossible pour moi de ne pas revenir sur ce constat.

Alors certes, il y a ce "Approaching Transition" hors propos et soporifique, qui casse la dynamique de l'album, surtout avant un "Cygnus" déjà très progressif dans le tissage de son ambiance. Quant au reste, il est pour moi devenu un album de chevet évident, une réponse quasi instinctive lorsque j'ai envie d'écouter du Sludge à la fois fort en émotion et en atmosphères. "A Greater Call" et son refrain hymnique, qui me revient en tête d'une manière presque obsessive, est déjà une sorte de vortex qui nous attire dans l’œil du cyclone. Le plus mélodique et psychédélique "Chevron" verrouille définitivement notre attention, et "The Wreck Of SS Needle" portera une série d'apogées d'une force impressionnante. Un cas d'école, ne serait-ce que par cette leçon de vocalises plus habitées que jamais. Si on saute "Approaching Transition", le quart d'heure de "Cygnus", entre atmosphère Post Rock et riffs d'une intensité homérique, finit par un "build-up" certes peut-être un peu longuet mais incroyablement hypnotique. C'est peut-être un peu en deçà des trois premières pistes, mais à ce stade quelle importance, CULT OF CHRISTMAS est déjà si haut.

Quel coup de génie de la part de CULT OF LUNA d'avoir fait revenir au devant de la scène une des chanteuses les plus mésestimées du milieu, et de la faire de nouveau triompher en lui offrant des compositions d'une classe et d'une grandiloquence incroyable.