Marius Danielsen, qui c'est ça ? Le leader de DARKEST SINS. Jamais entendu parlé. Autant dire qu'il s'agit d'un quasi inconnu. Et un inconnu comme ça qui débarque avec un album d'une telle qualité, c'est rare. Après l'excellente surprise TWILIGHT FORCE en 2014, c'est ce Danielsen qui s'offre la première place sur le podium des albums de Power Metal de l'année, ni plus ni moins !

Du très bon de bout en bout. Aucune faiblesse n'est décelable sur ce "Legend Of Valley Doom". Déjà, la superbe pochette donne le ton. Une très belle oeuvre dans des tons très Frazettien, un tour sur le site web de l'artiste, Rob Joseph, confirme tout le bien que l'on peut imaginer à son propos. Ça change agréablement des illustrations génériques du médiocre Felipe Machado. Un bon signe qui ne trompe pas.

"Legend Of Valley Doom" est donc un opéra Metal, directement inspiré du concept initié par Tobias Sammet et son AVANTASIA. Mais à l'inverse d'AVANTASIA, ici tout est fait avec une vraie humilité. Marius Danielsen, guitariste et chanteur de son état, ne tire jamais la couverture à lui. Pour preuve : il n'intervient au chant lead qu'à partir du 5ème morceau ! On est loin de l'habitude très pénible de Sammet qui se taille systématiquement la part du lion. Car Danielsen a certainement compris qu'il n'était en aucun cas le meilleur chanteur du lot, humilité que je vous dis. Le casting est donc fort bien conçu, mélange judicieux de noms connus, et d'autres issus d'une génération plus jeune, et même quelques seconds couteaux que l'on n'a plus entendus depuis le début des années 2000. Mais "Legend Of Valley Doom" ne se limite pas à une ribambelle de chanteurs, car il se montre tout autant généreux en terme de musiciens, contrairement à AVANTASIA. Les guitaristes invités, nombreux, signent tous des soli appliqués et inspirés, aucun je m'en foutisme dans leurs prestations. On notera la présence surprenante de Rob Weir (TYGERS OF PAN TANG), ou encore celles de Chris Caffery et Ross The Boss ; plus proches géographiquement, Timo Tollki passait par là ainsi que Felipe des potes de TWILIGHT FORCE.

Et pour ce qui est des voix, on retiendra en premier lieu les deux anciens que sont d'abord Mark Boals, particulièrement bon notamment sur un "Raise Your Shield" qui lui est entièrement consacré, et le fameux intérimaire Ripper Owens, que l'on entendra certes que sur un titre, mais quel titre ! Owens donne tout ce qu'il a sur cette perle de Power Metal mélodique qu'est "Prophecy Of The Warrior King", dont le refrain vous restera longtemps en tête, je vous le dis. Sans doute le meilleur morceau chanté par Owens depuis qu'il a quitté ICED EARTH, rien que ça.

Et a défaut d'avoir les moyens de se payer Bruce Dickinson, Marius Danielsen nous propose son meilleur clone : Artur Almeida des portugais d'ATTICK DEMONS, dont le mimétisme est ahurissant. Très présent sur les deux premiers tiers de l'album, il offre une prestation particulièrement habité. Même si bien sûr cela contribue à donner des accents MAIDENesque à la musique, évident sur "Mirror Of Thruth".

Totalement dénué d’esbroufes, évitant l'excès de grandiloquence cher à RHAPSODY, fidèle à un style Power et Heavy mais évitant les incartades "radios" et mielleuses d'AVANTASIA, "Legend Of Valley Doom" privilégie tout du long les mélodies qui se retiennent sans difficultés, les refrains fédérateurs, de véritables moments d'émotions et de mélancolies (superbe ballade finale avec "Fallen Heroes"). Le title track, intelligemment placé en milieu d'album, fresque épique de 15 minutes, marque un véritable climax. Car si l'histoire contée est certes un récit de fantasy très classique, tout cela est rondement mené, avec sérieux, alors on y croit !

Et la bonne nouvelle dans tout ça : il ne s'agit que d'un "Part 1", vivement la suite !!