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ENVY [JAP] - Atheist's Cornea (2015)
Par ISAACRUDER le 26 Août 2015          Consultée 3770 fois

Y-a-t-il un regard de l'athée et un regard du croyant ? Le premier serait celui qui absorbe la lumière sans la tourner vers le divin et davantage vers l'humain tandis que l'autre serait le regard du mystique en contemplation. Lorsque la lumière passe par le regard de Jeanne dans le classique "La Passion de Jeanne d'Arc" de Dreyer elle devient un faisceau qui abreuve les alentours, une nourriture de Vie. Lorsqu'elle passe par le regard d'un athée elle devient amour de l'Homme mais amour de la vie aussi. Mais elle vient à manquer souvent dans nos existences et dès lors quel œil va continuer à chercher la lumière et quel œil va maudire son absence ?

L'identité musicale d'ENVY est entièrement façonnée dans ce rapport incandescent entre le clair et l'obscur, avec cette particularité d'une fusion qui amène à la mélancolie agréable, à la tristesse souriante, à la joie en pleurs. La musique d'ENVY est un symbole d'oxymore, surtout depuis le rageur "All The Footprints You've Ever Left And The Fear Expecting Ahead". La tendance à davantage de souffle Post-Rock a amené ENVY à frôler l'aube et le déclin, dans la réussite souvent ("Insomniac Doze") comme dans l'ennui ("Recitation"). A vrai dire je n'attendais plus rien d'ENVY depuis ce précédent album trop endormi dans l'auto-contemplation de sa douceur. Mais "Atheist's Cornea" arrive avec l'épée, et replace ENVY dans ce qu'il sait faire de mieux : nous arracher de l'émotion.

Pourtant lorsque "Blue Moonlight" introduit l'album, elle le fait de façon efficace mais sans grand génie. On est toutefois surpris par le soudain regain de puissance d'un groupe qui avait presque abandonné ses amours Screamo. S'arrêter sur ce premier titre classique serait une erreur, l’œil doit rester ouvert à ce qui arrive, et ENVY amorce ensuite un vrai crescendo dans la qualité et un vrai travail maîtrisé sur cette alliance du triste et du beau. "Shining Finger" vient rappeler la capacité d'ENVY de véhiculer une musique jouissive et positive autant que la délicatesse d'un poison mélancolique. Les mélodies sont excellentes, les riffs investis d'une vraie émotion. L'utilisation d'un clavier subtil, d'abord étrange, se révèle au fil des écoutes enrichissante dans l'album et apporte tour à tour de l'étrangeté ou de la force dans le lyrisme. De plus, le retour d'un ENVY plus viscéral déjà aperçu sur "Blue Moonlight" se fait décidément clair, que ce soit sur "Ignorant Rain And The End Of The World" ou "Two Isolated Souls". Loin de tenter un retour aux origines comme KORN, ENVY avance, et "Atheist's Cornea" fait montre d'une maturité et d'une expérience certaines.

Aussi ce nouvel album est il un vrai retour et ce même si les gimmicks deviennent trop frappants avec le temps. Le phrasé de Tetsuya, la tendance aux textes déclamés surtout. A ce niveau rien ne change, et c'est finalement la part traditionnelle de l'art d'ENVY. Mais le groupe a vraiment avancé, au lieu de s'enfoncer dans la quiétude du Post-Rock. Il se souvient de la fougue de sa jeunesse, il connaît la force de ses mélodies aériennes, la douceur de ses intermèdes, la fulgurance de ses envolées, et il réussit à mélanger tout cela dans un album beau et émouvant (le final "Your Heart And My Hand").

Les japonais savent toujours jouer avec le minimalisme et l'aspect massif de leur musique comme le prouve "Ticking Time and Strings", magnifique et suspendue aux lèvres de l'horizon. Plus que jamais "Atheist's Cornea" est un album qui sonne comme une délivrance, comme de l'espoir ("Footsteps In The Distance"), mais aussi comme le vrai. La cornée de l'athée serait alors celle qui absorbe la lumière et la prend avec force, mais accepte aussi son absence, sa fuite. La musique d'ENVY est une acceptation totale des deux forces qui habitent notre monde, sans qu'il n'y ait transcendance, mais seulement humanité, avec ses faiblesses et ses éclats de grâce. Les deux pieds dans le réel et les yeux vers l'idéal.

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Par ISAACRUDER




 
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- Tetsuya Fukagawa (chant, claviers)
- Nobukata Kawai (guitare)
- Masahiro Tobita (guitare)
- Manabu Nakagawa (basse)
- Dairoku Seki (batterie)


1. Blue Moonlight
2. Ignorant Rain And The End Of The World
3. Shining Finger
4. Ticking Time And String
5. Footsteps In The Distance
6. An Insignificant Poem
7. Two Isolated Souls
8. Your Heart And My Hand



             



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