SATAN-BLIND FURY-PARIAH, ce groupe n'a eut de cesse de se tirer une balle dans le pied. Changer de patronyme à chaque album, ce n'est quand même pas l'idéal pour percer. Cette seconde incarnation du malin est la résultante d'une histoire relativement complexe : BLIND FURY est à l'origine un groupe fondé par Kevin Heybourne (ANGEL WITCH) avec Lou Taylor au chant. Et de fait, la première démo de BLIND FURY servira de base au second album d'ANGEL WITCH. Les gars de SATAN, en récupérant Lou Taylor, récupéreront aussi le nom de son groupe, estimant que SATAN sonnait trop sombre et extrême. Et il est vrai que sur "Out Of Reach", BLIND FURY prend une direction plus mélodique et légère qu'avec "Court In The Act", sans pour autant faire de l'AOR comme d'autres groupes de la NWOBHM à cette époque. Ceci dit, il commence à être loin le temps de la première démo agressive qui influença beaucoup METALLICA...

Lou Taylor n'apporte pas grand chose à SATAN-BLIND FURY. Bien qu'il ait plus de coffre que Brian Ross, son timbre n'en est pas très éloigné, et il n'affiche pas une grande personnalité. Un changement de line-up qui n'apporte donc rien au groupe.
Musicalement, les compos sont toutes réussies dans l'ensemble, mais ne réitèrent pas l'exploit de "Court In The Act". Cela dit les gratteux tiennent la baraque, et c'est eux qui font tout l'intérêt du disque, c'est une évidence. Graeme English n'étant pas non plus en reste. On se délectera donc des nombreux passages en twins guitars. Et puis rien n'est à jeter ici, avec une mention spéciale pour le très entraînant "Dynamo" et son refrain dynamique. Refrains qui pour le reste de l'album tendent à demeurer une faiblesse pour ce groupe, comme pour "Court In The Act".

Outre un ensemble musical de qualité mais clairement inférieur aux travaux précédents de l'entité SATAN, "Out Of Reach" souffre d'un défaut prononcé : une production très datée. Les guitares sont bien trop souvent bourrées de reverb et de chorus, et cela leur fait perdre beaucoup de puissance. Ces effets ne sont pas rédhibitoires en soit, mais quand on en met trop ça en devient indigeste, surtout quand ça ne correspond pas tout à fait à l'esprit musical du combo.

BLIND FURY rate clairement le coche, malgré le soutien d'une partie de la presse de l'époque (et notamment la presse française !). Un changement de patronyme inutile, une direction musicale plus light à une époque où le groupe aurait gagné à faire l'inverse, un nouveau chanteur qui ne transcende pas les compos et une production inadaptée : que d'erreurs qui plombent des morceaux qui restent au demeurant de bonne qualité et méritent que l'on pose deux oreilles dessus. Heureusement, BLIND FURY... Euh SATAN, saura se ressaisir.