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2014 Impact Velocity
 

- Membre : Napalm Death, Hate Eternal, Malevolent Creation, Loudblast
 

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MENACE - Impact Velocity (2014)
Par DARK MORUE le 31 Mars 2014          Consultée 5829 fois

Un projet comme MENACE est forcément attendu au tournant. Et désarçonne obligatoirement. Genre pas le choix, peu importe comment on approche l'album, au début il nous prend de court. Rien que purement stylistiquement, même quand on a aucune idée des forces se cachant derrière. Et quand on connaît le line-up, c'est justement encore pire.
Donc pour ceux qui ont pas suivi, MENACE est le nouveau projet de membres de NAPALM DEATH, à savoir Harris et Embury, qui se sont alliés à un certain Derek Roddy (batteur mythique de type Megablastor 5000 passé chez NILE ou HATE ETERNAL) et renforcés par le bassiste de... DRAGONFORCE. Du coup, avec de telles brutasses techniques, on s'attend à une véritable boule de suie, un concentré de rage d'une intensité folle. Et puis là, les extraits ont filtré, et on a pas compris.
Vous avez déjà vu l'étiquette, mais le terme de Progressif ne veut plus rien dire de nos jours donc ne suffit pas. Pour faire court, "Impact Velocity" sonne un peu comme un mélange entre le "Crack The Skye" de MASTODON et le "Accelerated Evolution" de TOWNSEND, propulsé au fin fond d'une planète désertique d'un blanc éclatant texturée de verrerie luxueuse. Donc exactement l'opposé de ce qu'on pouvait imaginer, et en plus ça se permet d'être à la hauteur de ses références et ambitions. Je sens qu'il y en a qui salivent durement au fond de la salle.

MENACE n'est pas un simple projet solo à côté, un album pour changer. Harris le dit lui-même, c'est quelque chose de bien plus personnel, parlant même du "résultat du travail de toute une vie", qui tape fort dans la psyché de son créateur, s'en approche le plus possible, et charge le tout d'émotions fortes et inattendues. Le style pratiqué est d'ailleurs difficile à catégoriser tant il est particulier. Sorte de Metal très ambiancé, aérien, aux atmosphères éthérées, mais avec une véritable dureté latente témoignant du pedigree de ses acteurs s'exprimant régulièrement, jouant parfois violemment des compositions fines et sensibles. Alors je parle de Progressif car malgré les structures simples apparentes, on a une vraie gestion des montées en puissance, de multiples subtilités et variations infimes qui changent tout, et des compositions connectées malgré la variété des thèmes abordés ne laissant pas transparaître de concept global. Et comme ça, on pourra différencier dans les Q/R ceux qui lisent les chroniques et les autres, comme avec le dernier BTBAM.
Et la plus grosse surprise de toutes, c'est évidemment Mitch Harris lui-même. En plus de se charger de la guitare, il passe également au micro, et livre une prestation à des années lumières des hurlements stridents qu'il balance chez NAPALM DEATH. Son chant clair, toujours aérien et aux facette multiples, est tout simplement touchant. Pas techniquement irréprochable, même parfois limité, mais venant tellement des tripes et exprimant une telle sincérité, avec des variations et une diversité de jeu telles qu'il en devient l'un des plus gros atouts du projet, ajoutant la petite touche en plus, la personnalité affirmée, et rend l'écoute globale agréable et surtout extrêmement naturelle et spontanée.

Ne vous laissez cependant pas avoir par les deux premiers titres, qui sont également les deux premiers ayant filtré. Tous deux radicalement opposés, représentant parfaitement la teinte globale de l'album, mais bien différents et isolés dans leurs trips. Ce qui n'empêche pas ces deux morceaux de tout défoncer, entre ce "I Live With Your Ghost" très typé Metal Alternatif, avec son refrain qui rentre bien dans la tête et son dernier couplet doublé par un chant féminin juste magique, et "Painted Rust" planante, désertique, mystique et tout simplement belle avec un Harris vocalement toujours plus subtil et malicieux (et allez tout de suite voir le clip en Sand Art à tomber à la renverse). Une dualité totale qui va se ressentir durablement et fera toute la richesse de l'opus, qui ne va cependant par la suite jamais retomber dans une dissociation aussi tranchée. Toujours on évolue dans cette ambiance de velours, irradiée d'une lumière pure et tamisée, foulant le sol d'une terre lunaire en robe de bure, en quête spirituelle, d'une clarté immaculée. Certes, on a encore quelques morceaux d'une efficacité incroyable, comme ce "I Won't See The Sun" lourd, tubesque et ésotérique, au riff efficace bien arrangé dopé d'une certaine énergie nostalgique... Mais ce côté terre-à-terre ne nous fait pas redescendre de notre nuage pour autant.

Toute la première moitié de l'opus est finement ornée d'un vernis rayonnant, mêlant les riffs parfois lourds et denses à une légèreté surprenante. Quand ça nous donne des chefs d’œuvre comme l'émouvante "To The Marrow" qui tape droit dans le cœur malgré son intro assez pénible, on écrase une petite larme. Et quand on se retrouve devant une pièce comme "Positron", là on hurle carrément au génie ; pièce maîtresse de l'opus, nous livrant dans un premier temps tout ce qu'on peut chercher dedans, puis transcendant sa dernière minute, baissant d'un coup en intensité pour nous propulser vers les étoiles et laissant un Harris en transe hurler avec le cœur le titre du morceau. Et à partir de cet instant de grâce, l'album bascule. On ressort les riffs. Toujours spatial et pur, mais désormais bien plus houleux. Derek Roddy ne s'est pas fait oublier depuis le début, avec un jeu de batterie à la frappe titanesque musclant considérablement l'intégralité de l'opus (même dans les passages les plus ambiants, son jeu reste très dur, ce qui donne un rendu assez unique et contrasté). Tout se tend sur "Within Contract" qui est l'un des autres hymnes de l'album, et probablement le plus sombre, ou le feeling industriel de "Malicious Gods" aux teintes martiales héritant d'une rythmique assez Post-Punk. On a désormais ressorti le côté Metal, qui atteindra son apogée sur le titre éponyme balançant carrément les blasts et livrant des riffs reconnaissables entre mille. Si vous voulez tenter l'expérience du NAPALM DEATH en chant clair, c'est ici qu'il faut se tourner, tellement la patte de ses géniteurs suinte de chaque note. Un dernier morceau très expérimental basé sur des couplets narrés et un refrain chanté, puis un titre bonus agressif et percutant reprenant les hurlements typiques de Harris qui font ici leur apparition pour la première fois. Rideau.

MENACE est grand. Plus qu'un simple exutoire pour son géniteur, "Impact Velocity" est un des plus grands pieds musicaux que j'ai pu prendre en ce début 2014. Avec son climat toujours contrasté, semblant parfois basculer, parfait point d'équilibre entre des riffs qui savent se faire durs et massifs, et un feeling céleste de tout instant, porté par la voix d'un Harris qui a touché la grâce et nous sort tout du fond du cœur. D'une "Painted Rust" orientalisante de toute beauté à la férocité d'un "Impact Velocity", l'efficacité moderne de "I Live With Your Ghost" en opposition à la grandeur de "Positron", le sombre trip conquérant de "Malicious Gods" en face-à-face avec la nostalgie de "To The Marrow", on a de quoi faire, retourner l'opus dans tous les sens pour en percer les mystères, car malgré son efficacité et son côté immédiat, on met un bon moment à en faire le tour.
Certes, quelques morceaux en-dessous des autres ("Multiple Clarity" ou "Everything And Nothing" n'apportent rien au reste tout en restant de bonne facture) mais n'entachent en rien l'écoute.
Alors foncez. Découvrez ce projet, ce que sont capable de faire plusieurs grosses brutes quand elles montrent qu'elles ont un cœur, et à quoi ressemblerait NAPALM DEATH s'il jouait la facette sentimentale et tendre de ses riffs.

Menapalm : un détonnant cocktail aussi surprenant que réussi, faisant voyager et laissant au final admiratif. Soutien intégral.

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Par JEFF KANJI




 
   DARK MORUE

 
  N/A



- Mitch Harris (chant, guitare)
- Shane Embury (basse)
- Frédéric Leclercq (basse)
- Nicola Manzan (arrangements)
- Derek Roddy (batterie)


1. I Live With Your Ghost
2. Painted Rust
3. Multiple Clarity
4. To The Marrow
5. I Won't See The Sun
6. Drowning In Density
7. Positron
8. Everything And Nothing
9. Within Context
10. Malicious Gods
11. Impact Velocity
12. Seamless Integration
13. Insult To Injury (bonus)



             



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