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BABY METAL  |  STUDIO

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BABYMETAL - Babymetal (2014)
Par DARK MORUE le 3 Mars 2014          Consultée 11510 fois

Eh bah oui. Oui je l'ai fait. Oui j'ai osé. Oui je vais me faire lyncher. Mais oui j'assume. Haters gonna hate, cette semaine sera placée sous le signe du BABYMETAL, c'est entièrement ma faute, mais ça le mérite. Voilà.

Un album de BABYMETAL. Il était attendu, et il est arrivé, enfin. Tout le monde l'a voulu, réclamé, et ce n'est qu'un petit mois avant sa sortie qu'il a été annoncé véritablement, le faisant débarquer comme ça, par surprise. Bon évidemment on va casser tout de suite l'ambiance : ça fait davantage office de compilation, l'opus ne contenant que 3 inédits. Mais même. C'est ce à quoi on devait s'attendre ; dans le domaine de la Japan Idol c'est comme ça que ça se passe et gueuler sur l'absence de nouveautés véritables serait reprocher à la musique pratiquée d'être ce qu'elle est, ce qui est un non-sens total partant d'office dans la mauvaise direction. Et puis même, c'est déjà de la folie qu'un tel projet atteigne le stade du full-length. Parce que non, BABYMETAL n'est pas un groupe de Metal dans le sens habituel, d'ailleurs au fond ce n'est même pas un groupe, mais une construction médiatique de toutes pièces, calibrée, savamment pensée, bien calée dans son bureau avec ses lunettes noires et son gros cigare. Est-ce une raison pour blâmer et boycotter ? Putain mais non. Mettons de côté l'intégrisme qui veut que le metalhead ne jure que par la répet' pleine de sueur et de poils (je ris toujours du discours sur la digitalisation de la musique électronique qui est souvent source de dégoût bien plus que les sonorités, "lol non c'est pas des vrais instruments alors c'est pas de la musique", comme s'il suffisait d'appuyer sur le bouton CRÉER MUSIQUE et que ça sortait tout seul, n'importe quoi) et penchons-nous tout d'abord sur la musique uniquement. Parce que peu importe que tout ce bordel ait suivi la même recette que l'Eurovision, le résultat est là, et est tout simplement irrésistible.

Pas beaucoup de nouveautés ? Pas grave. Rendez-vous déjà compte du délire : 55 min de BABYMETAL sans interruption. Déjà moi qui connaissais par cœur pratiquement tous les titres je m'enfile l'opus quasiment en boucle, alors j'ose même pas imaginer ceux qui découvriraient le groupe là, tout de suite, maintenant.
Parce que "Babymetal" est un véritable album, pensé comme tel, plutôt qu'une compil toute conne. On aurait pu tomber dans l'écueil de titres tous proposés par ordre chronologique, mais la tracklist a été totalement brisée et remaniée pour être cohérente et former un tout. Prenez "Babymetal Death". Morceau dense, martial et monolithique que je n'appréciais pas du tout dans son EP. Ici, il prend tout son sens. Bon sang mais oui ! Comment j'ai pu ne pas y penser plus tôt ? Ce morceau est une introduction brillante, nous catapultant d'office dans l'univers complètement barré et baigné de flammes typique du projet, énumérant et présentant tout le monde sur fond de riffs flamboyants. C'est une intro, il a toujours été pensé en temps que tel, et n'avait rien à foutre en fin de course de "Ijime Dame Zettai", d'où le sentiment mitigé à l'époque. Et BANG, juste après c'est l'énorme tube "Megitsune" qui nous tombe dessus et c'est bon, c'est terminé, la surcharge d'epicness logique et naturelle nous a pris et on a déjà totalement succombé.

Et à partir de là, on va passer sans cesse d'un univers à l'autre. Si elle est toujours basée sur ce génial mélange de True Metal surpuissant et de J-Pop qui colle aux dents, la musique de BABYMETAL part quand même littéralement dans tous les sens. Que ce soit le Rap teuffeur de "Li Ne!" ou le Metal Fusion de la toujours aussi craquante "Onedari Daisakusen", la Brostep imparable sur "Uki Uki Midnight", l'inédit "4 No Uta" qui alterne Moshparts et passages Reggae (oui vous avez bien lu) ou encore les énormes broyeurs Metal Industriel "Catch Me If You Can" et la très violente et colorée de Deathcore "Akumu No Rinbukyoku" (nouveau morceau également, et l'un de mes préférés tant il est poignant et brutal). Bref, on en voit de toutes les couleurs, c'est un foutoir juste pas croyable qui cogne dans toutes les directions, mais toujours juste et n'en faisant pas des tonnes, distinguant très clairement chaque morceau de tous les autres.

Et puis de toute façon, c'est pas non plus JUSTE du bordel. D'accord, "Li Ne!" c'est effectivement n'importe quoi d'un bout à l'autre, mais quand il faut se la jouer un minimum sérieux et envoyer à la face du monde des morceaux éternels avec un potentiel tubesque tellement fort qu'on ne pourra plus jamais les oublier, l'album se pose là. Si certains morceaux sonnent très gamin ("Gimme Choko" est d'ailleurs un beau ratage, heureusement le seul, les couplets étant absolument insoutenables) à l'instar de ce toujours aussi choupi "Doki Doki Morning" tellement sucré qu'on y devient accro, l'alternance des tons est de mise et sauve tout. Ainsi, si passé la bombe nucléaire "Megitsune" on retombe globalement en petite enfance jusqu'au dernier tiers de l'album, le placement de la poignante et profondément Heavy "Akatsuki" sauve de l'overdose. Pour finalement reprendre les rênes à partir de "Uki Uki Midnight" et passer par deux morceaux d'une violence percutante pour terminer en beauté sur une "Headbanger" qui relance la machine à tubes et l'éternelle "Ijime Dame Zettai" clôturant le tout magistralement, brandissant la bannière et nous laissant sur un amour pur et simple du Metal.

Amour du Metal. Voilà, je l'ai balancé. Bien que BABYMETAL ne soit pas un véritable groupe, et que sa genèse soit contre nature, jamais on a l'impression de se trouver devant quelque chose d'opportuniste. Le côté Metal est incroyablement bien négocié et sait où il va, dans le sens où ce n'est pas un vernis rajouté pour plaire aux metalheads mais bien le leitmotiv, l'essence même du tout. Les riffs Heavy/Thrash du dernier morceau, la production nucléaire arrachant la tronche aux non-initiés et les placements réguliers d'arrangements Metal Extrême (vas-y que ça growle sur "Catch Me If You Can", "Li Ne!", "Babymetal Death" et autres, et que ça va jusqu'au gruik dégueulasse sur le break de "Megitsune"), tout ça respire le grand sérieux et la recherche musicale pure avant même celle de thunes à empocher.
Rien ne sert de mettre en parallèle des groupes dont j'ai parlé tels qu'AMARANTHE ou tout simplement les grands noms s'étant vendus au Grand Public que je ne vais pas citer juste histoire de me faire un peu moins lyncher, l'esprit n'est pas le même. On savait que les Japonais ne mettaient aucune limite à la créativité, et on en a ici un exemple criant. Tout est certes calculé mais ça balance des trucs inattendus de partout, avec pour unique leitmotiv l'expérimentation de nouveaux horizons, faisant de l'album un laboratoire de sonorités et mélanges inédits dont beaucoup devraient s'inspirer. Rien que la voix de Su est à l'avenant. C'est une jeune fille asiatique, avec la voix d'une jeune fille asiatique. Alors, elle fait avec, et y met toutes ses tripes, sans tenter de ressembler à autre chose, mais tout simplement de coller à la musique, et elle le fait avec brio tant sa voix est juste et puissante. Rien que le premier couplet de "Headbanger" ou le refrain de "Megitsune" suffisent normalement à forcer le respect devant autant d'énergie et de conviction balancée dans un mélange aussi contre-nature.

Alors voilà. BABYMETAL a désormais officiellement sorti un album studio. On en connaissait déjà la plupart des titres, mais qu'importe. Même sans les inédits, le placement de la tracklist des plus ingénieux permet déjà de redécouvrir sous un jour nouveau tous les titres, la manière de les enchaîner leur donnant à tous une coloration neuve. Ce groupe devait exister. Il fallait que quelqu'un le fasse, et il n'aurait pas pu le faire mieux. Car pour peu qu'on ouvre un peu notre esprit à des perspectives nouvelles, qu'on arrête de se la jouer égoïste et qu'on accepte que les grandes corporations fouillent un peu du côté de notre musique pour tenter d'en sortir quelque chose, on finit par adhérer, ne serait-ce qu'à l'esprit. Car bien que ce soit commercial à outrance, le rendu final est suffisamment barré, expérimental, délirant et jouissif pour toujours rester respectueux. Ne serait-ce que par l'imagerie, la profonde volonté et le côté débridé, on peut se dire que BABYMETAL est finalement bien plus Metal que les groupes Trve qui gardent leur musique pour eux dans leur cave, car nous allons ici de l'avant et fouillons dans une direction que personne n'a prise auparavant.
Crachez dessus si vous voulez, en attendant, libre à vous de ne pas apprécier la musique, autant l'entité elle-même se respecte, et la mettre en parallèle au Mainstream MTV de base ne serait que porter des œillères et détester gratuitement par pur esprit conservateur, en plus de ne rien connaître à ce qu'il se fait de l'autre côté en ce moment même.

Chacun sa vision, de mon côté j'ai choisi mon camp depuis un moment maintenant, et j’attends les répercussions avec impatience.

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1. Babymetal Death
2. Megitsune
3. Gimme Choko!!
4. Li Ne!
5. Benitsuki -akatsuki-
6. Do·ki·do·ki? Morning
7. Onedari Daisakusen
8. 4 No Uta
9. U.ki.u.ki? Midnight
10. Catch Me If You Can
11. Akumu No Rinbukyoku
12. Headbanger!!
13. Ijime, Dame, Zettai



             



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