Apres "The Age Of Nero", album noir et compact, et sa tournée marathon, Mr Wongraven a eu besoin d'un long break pour pouvoir revenir sainement et passionnément à la composition. Durant ces quelques année il a fait fleurir son business de vin, s'est marié et est devenu papa.
"Satyricon", album du come-back, est totalement différent de son prédécesseur. Une nouvelle évolution et une nouvelle prise de risque pour SATYRICON, cette fois vers des territoires nettement plus atmosphériques.
Le son analogique, chaud et naturel mais peu saturé, accompagne de longues pièces aérées, jamais rapides et même souvent plutôt lentes. Bien que moins violente
cette nouvelle mouture vous caresse l'oreille et semble totalement habitée par l'âme du groupe. L'intro et le premier titre semblent renouer avec des thèmes guitaristiques sentant bon le folk et la forêt. "Our World, It Rumbles Tonight" et "Nocturnal Flare" sont excellents. Les guitares s'étirent et laissent vivre les ambiances, la batterie sait rester intéressante tout en jouant la retenue. Une fois de plus la patte SATYRICON est là malgré la nouvelle direction, avec ces grooves efficaces, ses riffs dissonants et ses mélodies évidentes. Un Metal profond, délicatement sombre, paisible comme le couché de soleil à travers les bois antiques que l'on peut voir sur la très belle pochette.
Un ultime pas vers la beauté obscure et tranquille est franchi avec le magnifique "Phoenix" porté par la voix grave de Sivert Høyem, LE chanteur du plus grand groupe de rock norvégien MAGRUGADA. On peut crier au scandale, on nage en plein rock à refrain, mais la chanson, sublime, avec ses ponts émotionnels et son trio de guitares aux tonalités claire-obscure, est la grande réussite de cet album,

A partir de là malheureusement l'album tombe dans la facilité avec trois titres plus classiques et plus rentre-dedans, du très thrashisant "Walker Upon The Wind" (rappelant le "Possessed" de "Volcano) au classique "Ageless Northern Spirit" (du SATYRICON en roue libre, dans la veine de l'album "Now, Diabolical" mais qui peine à cause d'un son trop faible). L'insipide "Nekrohaven" tourne à vide et ne fait que tristement singer le Black n' Roll catchy. Je zappe le titre à chaque fois.

"The Infinity Of Time And Space", sans doute le titre le plus ambitieux de l'album, rattrape superbement la mise en poussant la veine atmosphérique et planante au maximum, et nous embarque pour un voyage sonore cosmique.

Si la production langoureuse et organique accompagne bien les titres atmosphériques et mélodiques elle se montre trop faiblarde lorsque le duo cherche à durcir le ton.
Trois ans après sa sortie le disque est toujours agréable à écouter et c'est toujours un bonheur de se laisser porter par un SATYRICON plus paisible et chaleureux. En revanche les titres plus classiques et violents sont toujours aussi dispensables et font passer ce disque progressif pour une demi-évolution pas totalement assumée.