Cette pochette, c'est SORCERY en 2013. Un train fantôme surgi du passé, qu'on ne s'attendait absolument pas à voir débouler à telle vitesse et bourré à craquer d'âmes en colère prêtes à punir l'auditeur fan de Death Suédois d'avoir oublié la place qu'occupait le groupe vingt à vingt-cinq ans plus tôt parmi les tous premiers acteurs de la principale scène Death Metal d'Europe. Par conséquent, toute tentative de les accuser de surfer sur la vague du revival Swedeath tombe à plat, comme le souligne mon confrère Dark Morue. Parce que s'il y a un groupe légitime pour ça, c'est bien celui-là, d'autant qu'avec sa trajectoire initiale stoppée en pleine ascension, SORCERY a bien mérité son droit à une session de rattrapage.

Alors voilà, c'est sur un train d'enfer que le quintette suédois, désormais quartette et mené par les deux survivants de la formation d'origine, Paul Johansson et Ola Malmström, roule sur son auditoire en cette année 2013. Totalement dans les canons sonores du Death Suédois, avec ce son de gratte caractéristique des productions Skogsberg, encore aux manettes du mixage bien que l'album n'ait pas été capté dans son antre des Sunlight Studios, SORCERY se fait plaisir pour son retour. Et nous fait plaisir par la même occasion ! Parce que je peux vous assurer que des petits tubes ébouriffants et bourrés de groove, ce deuxième opus en regorge… C'est d'ailleurs un grand pas d'effectué par rapport à son premier album, "Bloodchilling Tales", pas si catchy que ça.

En effet, qu'est-ce que "Reborn Through Hate", sinon une bonne rafale de phalanges administrée derrière l'oreille, comme un paternel sévère en assénerait à son gamin turbulent ? Qu'est-ce que "We Who Walk Among The Dead" sinon une déferlante de Death un peu Roll qui se calme au beau milieu de son assaut pour mieux s'abattre de nouveau sur nous quelques dizaines de mesures plus tard et s'achever sur une partie scandée hymnique ? Qu'est-ce que "Created From Darkness And Rage" sinon une avalanche de riffs tantôt lourds et mid-tempo, tantôt bien vifs et "tremolo-pickés" ? Qu'est-ce que "Warbringer" sinon un morceau qui rappelle avec brio combien la composante Thrash était présente dans la première mouture de SORCERY ? Au-dessus de tout cela, la voix désormais plus beuglée que growlée de Malmström, digne de celle d'un Lemmy qui se serait mis au Metal Extrême, fait un effet bœuf, renforçant l'agressivité de l'ensemble.

Cette agressivité et le sens de l'accroche vont de pair sur "Arrival At Six", d'ailleurs, que les morceaux soient rapides ou qu'ils soient exécutés sur des tempi plus lents. En cela, la triplette "Master Of The Chains"/"United Satanic Alliance"/"Arrival At Six" constitue sans aucun doute le point d'orgue du disque, le groupe se montrant catchy quelle que soit la vitesse à laquelle il interprète les différents passages de ces morceaux. Bien évidemment, la recette SORCERY a ses limites et elles se font sentir sur le dernier tiers de l'album, moins excitant que sa première moitié, avec des titres comme "Maculated Life" et "Beyond The Wall", qui ne font que radoter, et de façon moins intéressante, ce qui a déjà été joué et chanté quelques minutes plus tôt. Mais avec un tel album, SORCERY a su s'offrir une deuxième jeunesse alors les petits détails qui ne vont pas, vous comprenez, on s'en fout un peu. On headbang et pis c'est tout.