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de NIME publiés sur Dark Side
FALL OF SUMMER 2016
Par CITIZEN le 2 Septembre 2016
Publié le 28 Septembre 2016 Consulté 6084 fois

Pas une grande roue en vue, un lac chatoyant, une colline d’herbe, du Heavy (fucking) Metal à fond la caisse qui retentit à perte de vue : petite devinette, où est-on ? Certainement pas au Hellfest (l’indice essentiel c’était bien sûr la roue), plutôt du côté de la Seine-et-Marne, au désormais incontournable festival du Fall Of Summer, qui s’est tenu comme d’habitude à la fin de l’été et qui a encore une fois rempli sa mission autoproclamée d’amener dans nos contrées les groupes les plus rares et les plus inespérés qui soient.

Balayons directement les aspects bassement terre-à-terre de l’organisation : la picole sur place était chère (mais c’est partout pareil) et y avait pas de point d’eau sur le camping (ça par contre c’est moche, même si ça ne pose évidemment pas les mêmes problèmes de logistique pour les festivaliers pour un festival à taille humaine sur deux jours et avec le retour à Paris en 40 minutes). Au reste il ne semble pas y avoir plus de monde que l’année d’avant qui avait vu une augmentation significative de la fréquentation, espérons que ça ne remette pas en cause la suite de la tenue de l’évènement. Passons à la musique : tout couvert de mon bronzage acquis comme un manant en rissolant au soleil devant CORONER au Brutal Assault ainsi qu’au Ragnard Rock, je suis une fois de plus devant les 2 scènes du international Torcy Fest, et c’est avec les pieds encore crados que je m’attaque à ce petit report en speed, speed comme RIOT et EXCITER (pour vous donner l’eau à la bouche). Un report encore sans photos cependant, ayant toujours mieux à faire de mes 10 doigts que d’agripper un truc chiant à longueur de journée (ceux de gauche étant occupés à tenir la bière, ceux de droite à faire les hornz et occasionnellement tous ensemble joignent leurs forces pour tenter de repousser les gros géants qui essayent de m’écrabouiller dans le pit).

~LE VENDREDI~

L’organisation a eu la malheureuse idée de programmer certains de mes groupes préférés en plein vendredi après-midi, ce qui me fait louper les très rares ABIGAIL ainsi que les moins rares MANILLA ROAD, ce qui est tout de même dommage. Également ADX, mais j’ai eu ma dose en mai merci bien (pour l’anecdote lors de sa prestation au Fall Of Summer l’orga a coupé le jus au groupe en plein solo de "Caligula", j’ai vu mieux comme coup !). Également HEXECUTOR (groupe sympa d’habitude), VADER, ainsi qu’un surprenant tribute à MASSACRA avec membres d’AGRESSOR et LOUDBLAST. Ce n’est qu’en partant du taf un peu tôt et en choppant le RER directement que j’arrive à 19h20 sur le site, juste à temps pour m’installer et commencer à goûter au fameux saucifl’Hard ainsi qu’au pin’Hard qui coulent avec la même profusion que les blagues sur Jacquie & Michel il y a quelques années et sont les meilleurs amis des festivaliers en camping amoureux de la convivialité, combien de fois devrai-je le rappeler.

Malgré tout j’arrive quand même à louper le début de la première track jouée par RIOT, je me faufile dans le public jusqu’à un bon spot bien au milieu, pas trop près pas trop loin de la X ? STAGE sur laquelle RIOT a commencé son show impérial. Impérial, c’est le seul mot qu’on peut raisonnablement employer pour décrire le set des Américains : c’est assurément un des meilleurs concerts de Heavy Metal que j’ai jamais vu ! Tous les éléments qui permettent un spectacle à la hauteur des standards extrêmement élevés pour réussir à se hisser au niveau des valeurs du Heavy, mélodie, vitesse, excitation, puissance… sont réunis en quantités débordantes par le combo bien accroché à son art malgré de nombreux déboires et fort d’un nouvel album déjà culte qui orne à la fois la tenture géante au fond et deux autres sur les côtés ! Le nouveau chanteur (qui fait très Danzig dans sa façon de se balader torse-poil) se glisse avec une facilité bluffante dans les registres des anciens chanteurs mythiques de RIOT et interprète des morceaux qui sonnent aussi parfaits qu’en studio, simplement rehaussés d’une puissance et d’une énergie absolument époustouflantes. D’autant plus que RIOT joue les 4 premiers morceaux de "Thundersteel", ainsi que "Swords and Tequila" et pas mal du nouveau full-length et un "Shine On" que je connaissais pas mais qui m’a tout de suite emballé tant ce titre concilie en quelques instants brusquerie toute Metal et hymne rassembleur ! Une leçon absolument inespérée qui restera comme l’une des meilleures prestations de toutes les éditions du Fall Of Summer !

Gros changement d’ambiance avec SAMAEL qui s’installe à la faveur de la nuit tombée. Pas fan de ces vétérans cultes et néanmoins suisses, j’ai d’autant plus de mal à rentrer dans le spectacle que j’ai encore des étoiles dans les yeux après RIOT (ce type de changement d’ambiance entre groupes qui pourraient pas être plus différents rend parfois les transitions un peu douloureuses en festoch et particulièrement cette année au Fall Of, victime de son concept à la fois très spécifique et paradoxalement très large) et de ce que le chanteur s’exprime d’un ton jovial en français entre chaque titre, démolissant ainsi au fur et à mesure l’ambiance morbide qui s’est installée pendant les morceaux. Musicalement je suis pas fan non plus dans tous les cas, j’ai eu l’impression d’une sorte de RAMMSTEIN mou et distordu en moins fun ou d’une sorte de groupe qui voudrait faire du glauque sans atteindre la maestria dans le genre d’un TRIPTYKON, selon les périodes desquelles relèvent les morceaux interprétés. Et puis bon quand le mec s’écrie qu’il va jouer le morceau le plus sombre jamais réalisé (sic), hein.

Changement d’ambiance pour REVENGE en traversant la promenade qui zèbre les collines et en retournant devant la Sanctuary stage dont le dur bitume va former le support parfait pour encaisser, jambes fermement plantées dans le sol et le menton levé martialement, la "musique" (les guillemets c’est un avertissement pour ceux qui connaissent pas encore le groupe) des très cultes et très, très, très violents Canadiens (deux ex-CONQUEROR l’ont fondé donc forcément). La scène s’est revêtue de penderies ornées de symboles morbides qui en font une sorte de gibet imposant. Les trois compères vont s’appliquer à développer leur espèce de pot pourri Grind/Black, mieux décrit par le terme de "War Metal" qui faute de réelle précision a au moins le mérite de dissiper toute ambiguïté. Crâne rasé, tenue statique, arc-bouté sur ses instruments, REVENGE lance doucement son capharnaüm par une intro bruitiste qui s’étale avant de faire tout dégénérer et de partir dans une série de solo perçants, des ruades de batterie et autres dérives non annoncées qui s’imbriquent jusqu’à ce qu’on sache plus du tout où on en est, d’autant plus qu’on est aveuglé en permanence par des lights blanches et bleues. Le chanteur essaye d’émuler l’ancien chanteur et bassiste Pete Helmkamp qui était parfait dans son rôle de gosier pourri qui crache de la distorsion pure à longueur de set (vu avec son autre groupe ANGELCORPSE au Brutal Assault, le type est toujours en forme). Forcément, pour aérer les compos et donner de l’intérêt aux parties déstructurées une bonne partie des chansons est formée de plans assez traînants et chiants, et plongé dans les plans intenses et schizophréniques on peut absolument pas suivre la cadence. REVENGE est presque trop efficace dans son style jusqu’au-boutiste et sauvage et il faut vraiment avoir une disposition particulière pour y prendre du plaisir sans arrêt sur plus de quelques chansons. Enfin c’est pour ça qu’on a inventé l’alcool (entre autres choses).
Je zappe PARADISE LOST.

WHIPLASH conclut ce beau vendredi en occupant la scène que REVENGE avait détruite une heure auparavant. Les losers du Thrash US sont contents d’être là, ils sont à l’arrache, le mec a plus son chapeau de cowboy, tout va bien. Riffs animaux, breaks de bourrin, voix défoncée et tchouka-tchouka incessants, WHIPLASH est conforme à ce qu’on les a vu exécuter sur scène auparavant, avec un son moins puissant cela dit qui empêche d’apprécier à fond ce Thrash extrêmement basique et rentre-dedans malgré la gouaille et le plaisir des zicos. Malgré le côté un peu plat sur la longueur WHIPLASH est tout de même un groupe qui a un paquet d’excellents morceaux sous le coude et il y en a plus qu’assez pour animer un joli moshpit nocturne sous les lumières rouges et jaunes de la Sanctuary. Il aurait été sans doute plus pertinent de faire jouer le groupe plus tôt pour lancer la journée et pogoter dans le sable comme pour EXUMER et ACCUSER. Pourtant pour un groupe anecdotique WHIPLASH s’en sort beaucoup mieux que le lineup actuel de RAZOR sur cette même scène l’année précédente, complètement plate et qui ne fait rien de ses excellents morceaux.

~LE SAMEDI~

Comme toujours en fest je loupe les premiers groupes (midi c’est tôt pour aller aux scènes quand le supermarché est à une demi-heure à pied). Pas plus donc de HELL MILITIA que de The MONOLITH DEATHCULT pour Citi. PHAZM prend les planches vers 14h, du Death sympatoche, une communication un peu molle, moi qui étais très intéressé à l’idée de rattraper mon retard sur ce groupe de Death français bien implanté j’en sors plutôt sceptique.

Voilà directement du gros menu pour faire suite à cette mise en bouche fadasse. GRIM REAPER, rien que ça, un groupe de NWOBHM plus ou moins oublié (sauf si on considère qu’avoir toujours quelques fans hardcore au sein d’une scène qui ne fait guère de place au vieux Heavy que dans quelques festivals spécifiques constitue le summum de la gloire) mais fort attendu par un public qui n’hésite pas à mettre les pieds dans le sable en plein cagnard pour recevoir la livraison de vieux Heavy. Le groupe reçoit un accueil très chaleureux de festivaliers qui reprennent chaque refrain en chœur et brandit une forêt de poings en l’air en permanence, et ces refrains sont effectivement si catchy que même sans connaitre une note de leur musique j’ai vite été absorbé par ce Heavy de stade basique mais si dynamique, et par l’attitude de ces musiciens qui ne tiennent pas en place (notamment ce batteur incroyable, jamais vu un mec s’amuser autant à un instrument). J’ai même préféré ce set à celui d’ANGEL WITCH la dernière fois tant le chanteur qui emmène cette incarnation du groupe est communicatif, plein d’humour et de ferveur (il a aussi gardé sa pleine voix apparemment), contrairement aux ANGEL WITCH plus discrets GRIM REAPER semble redécouvrir les plaisirs de la scène et s’en enivrer. Le groupe va d’ailleurs sortir prochainement son premier album depuis 1987 !

Je ne suis pas un fan des bourrins têtes de bites de DEAD CONGREGATION mais je me pointe toujours devant eux quand ils sont dans un fest où je mets les pieds, tant je suis fasciné par le seul fait de voir ces mecs envoyer leur Death Metal ultra opaque avec une présence (en peu de mots) saisissante et surtout de les voir tellement absorbés qu’ils en oublieraient presque le public (à la différence d’un REVENGE qui n’est pas causant mais fait suffisamment le guignol pour la galerie). Je mate le show en entier rien que pour ça même si c’est toujours trop monolithique pour moi, mais les fans ont dû être servi.

Retour à la plage pendant NIFELHEIM, le fabuleux groupe de Black/Speed/Thrash, probablement le combo le plus ostentatoirement old-school du festival (qui tourne essentiellement autour de ça). Les deux frères chanteur/bassiste à la calvitie métallique embarquent complètement le festival dans cette tourmente ultra cliché mais tellement efficace ! Complètement bardé de clous (encore plus que de grains de sables dans le parterre !), le bassiste notamment a des airs de Bobby Leibling dans sa manière de faire le méchant pour la joie du public.

Voilà des revenants, des vrais ! EXCITER n’est pas passé en France depuis 1985, ça semble être le cas de tous les groupes en –ER qui jouent chaque année à la Backwater stage et semblent tous avoir arrangé le coup pour provoquer des pogos dans le sable. EXCITER est d’un tout autre niveau qu’EXUMER et ACCUSER, les trois membres d’origine ont l’air d’être des jeunes hommes à voir leur performance ! Beehler notamment, évidemment les batteurs-chanteurs ont toujours une certaine prestance lorsqu’on les voit marteler à fond la caisse tout en grimaçant leurs paroles, la tête à un angle impossible sous le micro, mais lui remporte la palme de la niaque, un putain de monstre. Les trois Canadiens jouent énormément de "Long Live The Loud", du "Violence & Force" et du "Heavy Metal Maniac", tous les hymnes attendus sont assénés à un public qui se lance dans des moshpits aussi sauvages que l’épaisse couche de sable le permet, le tout en plein cagnard (ou cagn’hard si vous y tenez vraiment). Voilà, cette heureuse association d’idées me fournit la formule qui condense tout ce qu’à fait EXCITER pendant 45 minutes : EXCITER cogne HARD sur les nombreux chevelus en furie totale qui semblaient avoir attendu toute leur vie d’entendre "Heavy Metal Maniac", "Stand Up And Fight", les autres morceaux-titres et "Beyond The Gate Of Doom" (avec ces chœurs sépulcraux !). Les harangues de Beehler sont également impressionnantes, on sent que ce mec se pense en mission pour répandre le Metal partout !

Je regarde la dernière chanson d’UNLEASHED, qui me semble presque mélodique vu du fond de la Sanctuary quoique très répétitif et pas très puissant. Je comptais sur ce festival pour me rattraper niveau culture Death Metal mais bon, juste un petit morceau d’UNLEASHED n’a pas été suffisant. Cela dit et comme en règle générale vu de près ça devait envoyer plus.

Surprise de ce festival et associé à la venue de PERTURBATOR au Brutal Assault qui dessinent une tendance de festivals de Metal remplis à moitié d’électro, GOBLIN joue à la nuit tombée à la plage. Claudio Simmonnetti qui emmène cette version de GOBLIN (le lineup classique se disputant les droits du nom) assure deux claviers et s’adjoint un batteur et un bassiste, tous les trois sont très effacés et préfèrent passer directement à la musique qui se fait assez versatile, oscillant entre des choses très ambiantes et des parties plus Metal et rentre-dedans, parfaitement illustrées à chaque fois par un écran géant diffusant des extraits des films pour lesquels les chansons en question ont été composées. Day of the Dead, Suspiria, Phenomena, ces noms sont pour moi plus familier au niveau de leur scénario que de leurs thèmes, le public en général réagit cependant avec ferveur à l’annonce de chaque film qui va être décortiqué en live par le groupe. Ces chansons sonnent très puissant la plupart du temps et souvent assez trippantes et intenses, j’ai été surpris de ne pas voir juste un show électronique ne connaissant absolument pas le groupe avant de venir. A signaler une danseuse orientale sur scène pendant deux titres.
Zappé SATYRICON et SHINING.

TANK(h)ARD boucle le festival après que les thrasheurs aient dû s’infliger deux heures de Black Metal pour se tenir éveiller. Les thrasheurs d’autant plus courageux qu’on parle de TANKARD, pas du Saint Graal. Débonnaire et vaillant, le groupe n’en est pas moins très limité et malgré sa capacité à sortir des riffs fort evil de temps à autres le groupe semble incapable de faire une chanson intéressante sur la durée, au contraire de WHIPLASH qui se délecte complètement de ses gimmicks et se vautre dans son répertoire très dense avec une joie et une efficacité qui remportent la conviction de tout le monde. Je reste quand même pendant tout TANKARD pour bonne conscience (la dernière fois que je les ai vu je me suis rouvert des côtes cassées en slammant après 5 minutes et j’ai passé le reste du set en pls). La présence au Fall Of Summer semblant être très réclamée par des groupes de tous horizons, n’y avait-il pas un autre groupe que TANKARD à même de satisfaire le créneau du thrash jouissif qui doit calmer tous les derniers excités qui veulent un dernier coup de hard ?

Le fest est déjà terminé, tout le monde retourne à la maison avec de belles choses à raconter. Une édition toujours satisfaisante pour tout le monde qui s’est envoyé son genre de came sonique dans cet environnement pas bégueule. On souhaite à la team du fest de réunir une nouvelle affiche de qualité l’année prochaine, et on leur dit merci bien fort aussi, c’est la moindre des choses !



             



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