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MOONSPELL - SEPTICFLESH @ Lyon
Par WËN le 23 Mars 2015
Publié le 28 Mars 2015 Consulté 8568 fois

Ce soir, ça ne plaisante pas devant l'enceinte du Ninkasi Kao. Après l'échauffement la veille avec ENSIFERUM et leurs potes de INSOMNIUM et OMNIUM GATHERUM dans cette même salle, c'est au tour de MOONSPELL et SEPTICFLESH, deux maîtres du Dark Metal, brutal et orchestral, de prendre possession des planches, pour un office là encore perpétré sous l'égide de Sounds Like Hell Productions. Une fois de plus - les deux formations rameutant leur horde de cultistes - c'est dans une salle comble, via ses portes béantes, que nous nous engouffrons. Grand adepte des deux sombres entités, je ne pouvais décemment pas laisser passer une telle date, ni encore moins ne pas vous en narrer l'ineffable déroulement, merci donc aux succubes de SLH pour le précieux sésame, et cette affiche à la hauteur de nos espoirs les plus inavouables.

Chose qui devient rare, tant certains labels profitent de l'occasion pour parfois refourguer sur une même tournée plusieurs de leurs rejetons dont le style n'a pourtant rien à voir, ici, on pourra difficilement avouer pouvoir trouver plus en adéquation que ces co-têtes d'affiche, tant l'historique de ce duo de combos est analogue. Fondés tous deux durant la première partie des 90s, ces groupes à la discographie dorénavant conséquente (10 albums pour les Lusitaniens, 9 pour leurs cousins helléniques) ont d'abord connus un succès d'estime (en partie du à leur exotisme et leur formule plutôt personnelle marquée du sceau des 90s), puis une période de flottement (un split de 4 ans, en ce qui concerne SEPTICFLESH), pour finalement revenir, débordants de testostérone, via leur dernier trio d'albums respectifs, annonçant un regain d'incantatoire brutalité, d'orchestrations grandiloquentes et de riffs qui tabassent les hissant sans peine sur le devant de la scène européenne. Autre anecdote, qui renforce encore ce lien entre ces entités et le public français, elles ont toutes deux, en début de carrière, fait un tour sur des labels de nos contrées avec ADIPOCERE et HOLY RECORDS. Bref, tous les éléments sont en place pour garantir une bonne soirée !




SEPTICFLESH

Pour ma part, j'avais une petite revanche à prendre avec SEPTICFLESH, le quatuor s'étant contenté du minimum syndical lors de sa dernière prestation à St-Étienne (10/2011). Un set très court, un groupe peu concerné et les refrains à scander remplacés par de sempiternels "mozeurfeukeurs". On pouvait comprendre la frustration du groupe que de devoir jouer avant AS I LAY DYING pour cette date avec AMON AMARTH, mais ce n'était en aucun cas au public d'en subir les conséquences. Bref, on va ici rentrer directement dans le vif du sujet (les premières parties, c'est pour les faibles) puisque les SEPTICFLESH, on les connait, ne sont pas réputés pour faire dans la dentelle (surtout depuis leur reformation en 2007). Alors que la scène est plongée dans l'obscurité, quelques sordides échos nous parviennent de la sombre R'Lyeh, contribuant à faire monter la tension, avant que ne débarque enfin le groupe aux riffs de "War In Heaven". Et c'est parti pour une pleine heure de débauche sonore. Ce logique premier morceau du récent (et mitigé) "Titan" (2014), même s'il hachera menu les nuques des premiers rangs, souffre de ce syndrome typique à l'album, à savoir de bonnes grosses orchestrations grandiloquentes mais à l'impact parfois atténué par des riffs un peu faciles (je n'ai pas dis moisis). De cela, résulte une impression mi-figue/mi-raisin pour cette entame de show que l'on aurait préférée plus imposante.

Cependant, les Grecs n'ont nul besoin de prouver à qui que se soit qu'en terme de riffs qui butent et culbutent, ils maîtrisent leur sujet et lorsque déboule l'emblématique "Communnnniiiiiiion", une folie furieuse s'empare subitement de l'assistance qui ne manquera pas de hurler le refrain aux moindres sollicitations du charismatique Seth Siro Anton (ce growl mes aïeux, et basse lorsqu'il n'exhorte pas son public). Le groupe est en configuration live 'classique', c'est-à-dire sans Sotiris (guitare, chant clair) dont les obligations professionnelles ne lui permettent jamais d'accompagner ses confrères en tournée. Néanmoins l'osmose est bien réelle et la bête qui s'esquisse, via ces rituels incantatoires, horrifique. Krimh, le nouveau batteur est déjà bien en place, mais vu le passé du bonhomme (DECAPITATED, et des dépannages pour BEHEMOTH et VESANIA), il n'y avait peu à craindre de ce côté-là. Le son, lui, est plutôt bon et les orchestrations hérite ainsi de toute l'ampleur qu'elles méritent, on regrettera seulement que les guitares ne ressortent pas toujours avec distinction.

Bref, on enchaîne, toujours sans temps mort, avec l'intéressant "Order Of Dracul" (amputé de son break baroque délicieusement déliquescent) lui aussi extrait de "Titan", puis la formation hellénique nous fait revenir quelques années en arrière pour une grande messe impie avec le majestueux "A Great Mass Of Death" et ce petit brûlot qu'est "Pyramid God" ("The Great Mass", 2011). Braaaaaam, saccage de fosse, round 2. Allez, on se la joue Voyager et on revient sur "Titan" (muahaha … désolé) pour un sublime "Prototype"(et ses chœurs d'enfants, qui lui confère une telle splendeur) et le titre éponyme qui, lui aussi, sait déboîter son cul d'hippogriffe comme il faut ! En fait, les Grecs ne se foutent pas de notre gueule, là où j'appréhendais de savoir quels extraits de ce nouvel album ils allaient nous offrir (genre "Dogma", "Burn", bourrin comme il faut mais un peu bas du front). En fait, non, pas du tout, ce sont les plus osés qui nous sont présentés aujourd'hui, et ce n'est pas fini !

C'est décidé, on ne soufflera pas ce soir, alors nous voilà reparti pour un petit retour en arrière de quelques années avec cette bête de Cène qu'est "The Vampire From Nazareth" (qui présente enfin ces duos de guitares mélodiques typiques du combo), et les deux titres d'ouverture de "Communion" (2008) : "Lovecraft's Death" (tout un programme) et "Anubis" (énooorme) accompagné du chant clair samplé de Sotiris (la plupart des autres interventions habituelles du bonhomme étant reprises par un Seth Siro beuglant comme pas permis). Le groupe refermera définitivement ce lourd grimoire de Dark Metal par un ultime chapitre sur le magistral et impérial "Prometheus", qui prend une de ces dimensions épiques, en live ! Amen ! La messe est dite !! SEPTICFLESH est une machine taillée pour la scène et diablement bien huilée (ils sont grecs, après tout), et pour peu qu'ils y mettent du leur, il est rare d'être déçu. Foutrement dense, on pourra néanmoins trouver ce set un peu court, mais il est fort à parier que quelques chansons supplémentaires eurent peut-être été de trop (celles-ci étant toutes plus ou moins basées sur une même formule). Par contre, et ça reste ma petite déception, la setlist ne fut basée que sur des morceaux post-reformation et même si l'on sait depuis belle lurette que le groupe ne ressort plus de vieilleries (histoire de maintenir une certaine homogénéité dans ses shows), un petit retour sur "Sumerian Daemons" (2003, son album le plus noir), avec les inaltérables "Unbeliever" ou "Virtues Of The Beast", aurait été le bienvenu. Je dis ça, je dis rien !

Setlist SEPTICFLESH :
01. War In Heaven
02. Communion
03. Order Of Dracul
04. Pyramid God
05. A Great Mass of Death
06. Prototype
07. Titan
08. The Vampire From Nazareth
09. Lovecraft's Death
10. Anubis
11. Prometheus


MOONSPELL

Alors que je vous parlais du DVD "Lusitanian Metal" (2008) il y a quelques semaines seulement, l'occasion nous est donc donnée ce soir, de (re)découvrir le groupe sur scène et de jauger l'évolution des 10 dernières années. Une décennie durant laquelle ce dernier n'a pas chômé, en témoignent ces 4 albums dont le tout juste paru "Extinct", qui voit le groupe calmer sa formule pour revenir à ce Metal plus gothique dont il était coutumier. Première bonne nouvelle, le changement de plateau se fait en une demi-heure à peine, ce qui permettra au public de ne pas stresser pour les derniers métros. Un bon point pour l'organisation.

La scène est sobrement décorée, si l'on excepte cet ÉNOOOOOOOOOOORME CRÂNE (façon Wacken) qui enserre les deux grosses caisses de la batterie dans les spirales de ses cornes. En backdrop, l'immense baphomette dessinée par Seth Siro (encore lui, c'est vrai que le chanteur/bassiste de SEPTICFLESH, illustrateur avant tout, s'occupe également, en plus de ceux de son groupe, des récents artworks de MOONSPELL) dans sa meilleure représentation, surplombe fièrement les musiciens qui ne tardent pas à faire leur entrée sur une version instrumentale et orchestrale de "La Baphomette" (titre de clôture du "Extinct", et originalement chantée en français, si si). S'en suit, assez logiquement, le duo d'ouverture du dernier album, dont l'éponyme "Extinct" que le public connaît déjà plutôt bien en raison du clip (plutôt pas mal d'ailleurs) dont il a récemment fait l'objet. Le son est plutôt bon d’où nous sommes (mezzanine), là encore, et ce virage artistique de MOONSPELL, passe décidément très bien l'épreuve du live.

Mais MOONSPELL n'en reste pas là enchaînant avec l'écrasant "Night Eternal" (cassage de mâchoire über-alles !) et son méga classique "Opium" pour un premier retour dans le passé. Fernando Ribeiro (chant, charisme, rimmel), en maître de cérémonie, tient le public d'une poigne de fer, n'hésitant pas à s'exprimer dans la langue de Molière, renforçant encore son capital sympathie. On remarquera également que le claviériste Pedro Pixao, auquel échoit habituellement le rôle de second guitariste lorsque le besoin s'en fait sentir, ne bougera pas de derrière son instrument, ce qui d'un côté va certainement orienter la setlist, plutôt originale, que le groupe nous a concocté en coulisses. Car, si l'on est en droit de s'attendre à ce que MOONSPELL pioche allègrement dans son nouveau né, personnellement je ne m'attendais pas à ce qu'ils l'interprètent dans sa quasi-intégralité (seul "A Dying Breed" manque à l'appel, plutôt étrange étant donné son aspect taillé pour l'exercice). L'autre partie de la setlist est quant à elle dévolue, attention grand écart, aux 2 premiers albums "Wolfheart" (1995, 4 titres) et le classique "Irreligious" (1996, 4 titres). Ce qui, je dois l'avouer, est juste parfait en pour votre serviteur, grand amateur s'il en est de ces premiers efforts qui tapent allègrement dans le Doom Metal. De plus, leur tournée précédente ayant été couronnée de succès (malgré ce SYLAK annulé), autant présenter quelque chose de différent à leur public ("Alpha Noir", l'avant dernier opus, est ainsi aux abonnés absents).

Revenons au set : vont ainsi s’enchaîner six titres de "Extinct", tout juste entrecoupés d'un "... Of Dream And Drama" qui ne dépareillera pas tant que cela et d'un petit "Mephisto" des familles, ou Riberiro réclamera à grand cri les fameuses 'devil horns' (et qu'il obtiendra, bien évidemment), faisant un peu sortir le public de sa torpeur. Torpeur ? Et bien, malheureusement oui, malgré tout le bien que je pense de sa nouvelle livraison, force est de constater qu’enchaînés ainsi à la suite dans un contexte live, avec un son ne permettant pas toujours de mettre en avant toute leur subtilité, les nouveaux morceaux, basés sur des structures similaires auront vite tendance à se ressembler quelque peu. Sans rien retirer à la qualité intrinsèque de ceux-ci, on se retrouve, passifs, dans une espèce de ventre-mou à attendre la suite. Étrangement, c'est la superbe interprétation de "Domina", la ballade de l'album qui va redynamiser un peu le tout, le public accompagnant même Ribeiro au chant sur ce final plutôt poignant, il faut le dire. Retour aux choses sérieuses avec le théâtral "Vampiria", aux breaks ultra heavy, exécuté d'une main de maître. Petite récréation improvisée le temps d'un instrumental bien folk, flûtiaux à l'appui, qui remonte aux tous débuts du groupe (l'occasion de saluer Christian d'Adipocere "Coucou Christian", qui a sorti sur son label, il y a plus de 20 ans "Under The Moonspell", le premier EP des Portugais) pour revenir sur du classique de chez ta mère, avec le très dansant "Alma Mater". Putain, ça c'est bon. Et … et … j'en bégaye, ce rappel, les gars, ce putain de rappel d'anthologie que le groupe nous délivre là. C'est simple, il va nous envoyer coup sur coup "Wolfshade" et l'ultime "Fullmoon Madness", deux de ses titres Doom les plus symboliques, pour nous exploser définitivement les cervicales. De mon point de vue de vieux-jeune, j'ai pris un pied monstrueux sur ces deux derniers morceaux, qui à eux seuls, ont quasi-valu l'intégralité du concert (quand je vous dis que j'ai kiffé). Les longs applaudissements qui suivront prouveront, que d'une manière générale, le public aura vraiment profiter de l'évènement, malgré cette légère perte de rythme à la mi-concert. Ce sont des musiciens vraiment heureux qui quittent la scène et une foule tout aussi satisfaite et excitée qui regagne, conquise, ses pénates.

Setlist MOONSPELL (probable, ordre incertain) :

-- intro : La Baphomette (orchestral)
01. Breathe (Until We Are No More)
02. Extinct
03. Night Eternal
04. Opium
05. Awake!
06. The Last of Us
07. Medusalem
08. ...of Dream and Drama (Midnight Ride)
09. Funeral Bloom
10. Malignia
11. Mephisto
12. The Future Is Dark
13. Domina
14. Vampiria
15. Ataegina (instrumental)
16. Alma Mater
-- Rappel :
17. Wolfshade (A Werewolf Masquerade)
18. Full Moon Madness


Comme nous étions en droit de l'attendre, ces deux valeurs sures ont su faire le boulot, pour une excellente soirée, à remettre au plus tôt. On remerciera SLH Prod qui a un emploi du temps chargé (voyez par vous-même), qui a su faire confiance à notre l'équipe et ainsi, de nous permettre de vous faire revivre ça. 2 Ninkasi Kao complets, coup sur coup, chapeau !


Le 30/03/2015 par LE DUC ROUGE

Je suis ressorti de ce concert avec un sentiment mitigé ...
Le son pour commencer, bon pour SEPTIC FLESH mais atroce pour MOONSPELL dans la fosse, et moyen à la régie. Très déçu donc ...
Ensuite la setlist : rien concernant "Sin Pecado", "Btfly Fx" ou encore "The Antidote" ... dommage c'est la période de MOONSPELL que je connais le plus !
Du coup grand écart entre le premier et le dernier album que je connais mal.

Par contre rien à redire sur l'ambiance et l'énergie déployée sur scène, c'était très exaltant !



             



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