Il y a maintenant quelques années un lecteur de NIME m’avait écrit un long hommage mouillé sur le mode du « je suis un jeune qui a des goûts de vieux ». Faudrait fouiller dans notre BDD pour retrouver cela, mais je vous jure que je n’invente rien. Et je m’en souviens d’autant plus que dans ma réponse flattée j’avais évoqué le « laveur de carreaux » à l’honneur dans ma dernière chronique de « Pas Grand-chose ».

Le message que je tenais à faire passer à ce « jeune » lecteur était le suivant : on est tous le jeune branleur ou le vieux con de quelqu’un. J’avais essayé de remettre en perspective son propos en lui expliquant que moi-même j’étais en ce moment le « jeune branleur » d’un mec qui avait le double de mon âge, qu'on avait beau parler d’égal à égal… il y a (et aura) toujours cette condescendance entre nous qui s’apparente à une sorte de... disons... respect tacite des « cheveux gris ».

Je suis personnellement « contre » toute forme de respect dû. Je pars du principe que l’ancienneté n’est qu’une donnée et je rejoins Brassens sur le fait que l’âge ne change rien à l’affaire. Toutes les expériences du monde, tout le poids du passé n’ont que peu de valeur face à la force de l’analyse et le recul objectif. En ce sens, oui, avoir vu ANTHRAX en 1986, faire une photo avec Alice Cooper à la sortie de la Loco ou posséder un vinyle dédicacé du Physical Graffiti ne sont que des données.

On parle souvent en philosophie des vertus de l’étonnement. Socrate lui-même incitait ses contemporains à s’émerveiller constamment, à essayer tel un enfant de reconsidérer les choses d’un œil neuf. Cet étonnement socratique pourrait aussi s’appliquer à notre musique et à notre façon de la percevoir pour régulièrement d’enjamber le fossé qui sépare jeunes et vieux cons. Les meilleurs d’entre nous, sachez-le, sont ceux qui doutent, qui remettent en cause, ne prennent rien pour acquis et se jettent sur l’actualité sans parti pris, en envisageant les nouveaux genres et tendances d’un œil neuf.

Il faut s’étonner « socratiquement » pour prendre à nouveau du plaisir et laisser le temps faire son œuvre, laisser la lame aiguisée des années donner le relief nécessaire à ce que nous chérissons. C’est un peu de ça dont il s’agit dans « Les grouillots ». Entre les lignes. Mais pas que.

Je laisse le soin à ceux qui veulent de cliquer
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et aux autres celui de zapper silencieusement. As usual.

Bonne lecture… ou pas.


Canard WC


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