ALICE IN CHAINS débarque alors que le Hard US allait être balayée par la vague Grunge, menée par le "Nevermind" de NIRVANA. Également issus de Seattle, les musiciens du groupe vont être affiliés à cette scène, même si leur partition se veut plus Heavy, plus dense, mais toute aussi sombre. Chaque groupe de la ville possédait sa personnalité qui lui était propre, quelques références communes et une propension à s’inspirer des années 70. La plupart entretenaient également de bons rapports avec le groupe HEART qui n’hésitait pas à embarquer les jeunes formations de la ville en tournée avec lui. Les sœurs Wilson entretiennent d’ailleurs toujours de bonnes relations avec la plupart de ces musiciens qui allaient marquer les années 90.

ALICE IN CHAINS, c’était avant tout une alchimie entre Jerry Cantrell et Layne Staley. C’est ainsi que je résumerai la première partie de carrière du groupe, où la corrélation entre la guitare du premier et la voix du second continue à me filer des frissons encore aujourd’hui. "Facelift", le premier album du groupe, est peut-être un peu bâtard, monté un peu vite, dans l’urgence, mais il contient déjà ce que sera ce combo dans les grandes lignes, c’est un peu plus qu’un brouillon à "Dirt", album maudit d’une génération, à la fois sublime et dérangeant. Déjà ici, on retrouve le style de Cantell, lancinant mais capable de belles lourdeurs et ce chant… Mon Dieu, ce chant… Staley était le réceptacle des toutes les émotions. Elles le traversaient, il les amplifiait, à fleur de peau.

Jeunesse sacrifiée, esprit torturée, mélancolie, mal-être… ALICE IN CHAINS est une voix, celle d’une adolescence rebelle et désenchantée, au même titre qu’un NIRVANA ou qu’un SOUNDGARDEN. Il est, également, une alternative intelligente à la musique Rock des années 80, plus légère, plus insouciante, qui n’avait plus lieu d’être avec la chute du Mur de Berlin et la guerre en Irak. "We Die Young" pourrait être un des hymnes de cette génération, au même titre que "Man In The Box" ou "Sea Of Sorrow", soit les trois premiers titres de cet album et autant de pièces maîtresses d’une discographie qui n’en manquera pas. Pour la forme, je citerai également "Love, Hate, Love", qui me touche beaucoup, mais globalement, tout s’écoute sans déplaisir, même si le meilleur restait encore à venir.


Note réelle : un bon 3,5/5.