Ne vous méprenez pas, "The Nothing That Is" est un très bon disque de Deathcore mélodique moderne, voire de Metal tout court.

Puissance dévastatrice, maîtrise instrumentale rare dans le genre, alternance exquise des tempi, respirations aériennes aux influences plus GOJIResques que jamais, la recette des Américains est toujours portée par un Will Putney, qui, s’il ne tourne pas avec le groupe sur scène, sans doute trop occupé à produire brûlot sur brûlot pour la scène East Coast de l’extrême aux US, a développé un savoir-faire indéniable en matière d’efficacité. Il n’y a qu’à jeter une oreille à "Hostage", première piste de ce nouvel opus qui ne fera pas tâche dans la discographie de la formation, pour s’en convaincre.

Et pourtant, pourtant... Pourtant "The Nothing That Is" n’est pas aisé à appréhender. Les premières écoutes s’enchaînent, sans qu’il ne soit véritablement possible de pénétrer dans l’amas de brutalité raffinée qu’il constitue. Les lignes directrices des compositions s’avèrent bien moins accessibles que par le passé. S’agît-il d’une volonté du gang de Jersey City de revenir à quelque-chose de plus sauvage ? Pas réellement à vrai dire, tant le disque est empli de passages mélodiques et recherchés. Mais il est clair qu’hormis le déjà cité "Hostage", peu de titres restent en mémoire à court terme, même si la recette globale reste toujours aussi percutante, Joe Badolato et Josean Orta se partageant comme à l’accoutumée les récompenses de fin d’année.

Alors, encouragé en cela par l'enthousiasme débordant de mon jumeau maléfique, Fenryl (oui, c’est une bromance, et alors ?), j’ai persévéré encore et encore… pour en ressortir un brin plus convaincu. J'en arrive à la conclusion que "The Nothing That Is" est à consommer intégralement d’une traite, et non pas une piste par ci, une piste par là. Les compositions se montrent effectivement peu aguicheuses dans l’ensemble, plutôt complexes. Il mérite ainsi une attention soutenue pour livrer son plein potentiel, créer cette hypnose track après track et ainsi transmettre son énergie entière et foisonnante ("Weaker Wolves", "Spoils Of The Horde", l'enchainement "Lurch"/"Lower Purpose") à l’issue des 43 minutes d’assauts d’une sincère pesanteur.

Malgré tout, il demeure néanmoins à mon humble avis sensiblement inférieur à "The Sea Of Tragic Beasts" et "Oh What The Future Holds", précédents méfaits de FIT FOR AN AUTOPSY et accessoirement tueries absolues, faute de pierres saillantes et tranchantes sur lesquelles se raccrocher et se scarifier volontairement afin d’éviter de couler dans cet océan de noirceur et de démolition.

Note réelle : 3,5/5.

PS : merci de ne pas porter trop d'attention à l'artwork dégueux en mode troudballe. De rien. Bonne journée à tous.