Un retour aux sources, ce "The World Needs A Hero" ? Mais aux sources de quoi, exactement ? Pas au Thrash en tout cas, où alors on n’a pas écouté le même disque. Au Heavy de "Countdown To Extinction" voire de "Youthanasia", à la limite, peut-être, éventuellement… Certes, "Risk" sentait un peu le sapin pour la bande à David, mais il faudrait voir à ne pas s’enflammer outre-mesure non plus, les amis.

Non, ce qui est rassurant, dès les premières notes de ce neuvième opus, c’est le retour du riffing, totalement aux abonnés absents sur son prédécesseur. Même avec un bpm frisant celui d’un escargot sous Tranxène, "Disconnect" nous fait effet de petit câlin réconfortant visant à atténuer le syndrome post-traumatique vécu. Je n’irai pas jusqu’à qualifier le morceau d’abouti, d’autant que, guess what, il faut aussi se remettre du départ de Marty Friedman, mais j’avoue y trouver Al Pitrelli (ex-SAVATAGE) plutôt à son avantage. Sur l’ensemble de la galette, d’ailleurs, il apporte un vent frais, résolument old-school et mélodique, somme toute agréable. Belle découverte pour ma part, mais il conviendra de ne pas trop s’attacher, hein, car le gaillard avait semble-t-il signé un CDD. Merci pour tout, Al, et bonne route !

Il y a pas mal de bonnes intentions et quelques idées sur "The World Needs A Hero", même si pour le coup la prise de risque frise le néant absolu. Il faut dire qu’après avoir encensé (et lui avoir confié deux galettes, je le rappelle) Dann Huff pour son travail d’ouverture à la console, MegaDave le remercie et décide de produire lui-même le disque. Pas un signe de grande expérimentation en soi. Je maintiens d’ailleurs qu’avec une Prod plus Metal, "Cryptic Writings" et "Risk" auraient pu connaître meilleur destin. Bref. Donc zéro aventure à attendre ici, on nage dans le Heavy Mid-tempo la plupart du temps.

Je disais donc qu’il existe de bonnes chansons sur cet album qui sait à l’occasion raviver quelques émotions, preuve que la flamme n’est pas définitivement éteinte. Même si Mustaine ne sera jamais un grand compositeur de ballades (sincèrement, "A Tout Le Monde", c’est très moyen, même si le refrain est en Français, hein), il nous sort ici un "Promises" plus que correct dans le genre. "1000 Times Goodbye" touche aussi, dans une veine plus directe. Le retour au "Hangar" n’était pas indispensable conceptuellement (on n’avait rien demandé), mais fait plutôt bien le boulot, même si LA grande pièce de choix est bien entendu "Dread And The Fugitive Mind", qui mérite d’entrer au panthéon du groupe. La version acoustique enregistrée pour une émission TV canadienne ou capturée sur le live à Boston rend également justice à une composition 100% MEGADETH, au solo racé et mélodique.

Le reste ? Le reste est "meh" : bien trop long pour la quantité d’inspiration dans les cartons de l'époque (avec ses près de 58 minutes, "The World Needs A Hero" a longtemps constitué le plus long LP du combo avant "The Sick… The Dying… And The Dead!", beaucoup trop bavard (tous les passages pseudo-parlés comme les intro de "Recipe for Hate… Warhorse" ou de l’interminable "When" sont franchement inutiles et cassent la continuité d’écoute), et surtout pas assez exigeant avec lui-même. Le choix de la bouse "Moto Psycho" comme premier single illustre à lui seul un manque de recul sur son œuvre assez sidérant. Pour le coup, prendre un vrai producteur aurait pu constituer une bonne idée.

Note réelle : 2,5/5, à la baisse, forcément.